06/11/2024 - #Peugeot
Automobile : des usines d'équipementiers en difficulté en Allemagne et en France
Par AFP
(AFP) - Schaeffler, Michelin, Walor : les plans sociaux se sont multipliés chez les fabricants de pièces automobiles en France et en Allemagne au cours des derniers mois.
Le secteur de l'industrie automobile et des équipementiers est en proie à une crise, déclenchée par une baisse des ventes de voitures, notamment en Europe et en Chine, le marché principal des fabricants européens.
"C'est la pire période qu'on ait connue, et aussi la plus difficile en termes de durée", selon le secrétaire général de l'Association européenne des fournisseurs automobiles (Clepa), Benjamin Krieger.
32.000 suppressions de postes en Europe ont été annoncées au premier semestre 2024, soit plus que pendant la pandémie de Covid, chez ces fournisseurs qui emploient 1,7 million de salariés en Europe.
"C'est dur pour les constructeurs mais ils ont compensé par des augmentations de prix. C'est plus compliqué pour les équipementiers", souligne Marc Mortureux à la Plateforme automobile, qui représente les constructeurs et équipementiers français.
Cette crise touche notamment les équipementiers allemands et français, avec des volumes en forte baisse dans les usines automobiles des deux pays et des problèmes de compétitivité.
Roulement
L'équipementier automobile allemand Schaeffler, spécialiste des roulements pour l'industrie automobile, a annoncé mardi la suppression de 4.700 emplois en Europe, un mois après sa fusion avec l'équipementier Vitesco, fabricant de transmissions.
Schaeffler n'est pas le seul à réduire la voilure en Allemagne : Bosch a annoncé ces derniers mois plusieurs volets de suppressions d'emplois dans le monde, affectant quelque 7.000 postes au total, les sites allemands devant être les plus concernés. L'équipementier ZF a annoncé vouloir supprimer jusqu'à un quart de ses effectifs dans le pays, soit 14.000 postes, invoquant le défi de la compétitivité.
Pneus
Michelin a annoncé mardi matin la fermeture avant 2026 de ses usines de Cholet et Vannes, dans l'ouest de la France, où travaillent 1.254 salariés.
"C'est l'effondrement de l'activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin", a déclaré le PDG de Michelin Florent Menegaux dans un entretien à l'AFP.
La fermeture est devenue "inéluctable" en raison de la concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds, les secteurs des deux usines, mais aussi de la "dégradation de la compétitivité de l'Europe", a indiqué la direction du groupe français.
Le fabricant de pneus allemand Continental a aussi annoncé début 2024 la suppression de 7.150 postes dans le monde, dans le cadre d'un plan d'économies visant à accroître sa compétitivité pour la transition délicate vers la mobilité électrique.
Bielles, boîtes de vitesse
Si elle s'est étendue aux grands groupes au cours des derniers mois, cette crise des équipementiers avait déjà mis à genoux de nombreuses petites usines.
Dans l'est de la France, Dumarey Powerglide, qui fabrique notamment des boîtes de vitesse, a vu son plus gros client, ZF, stopper ses commandes. Près de la moitié des 591 salariés vont devoir quitter l'entreprise, qui employait encore 2.500 salariés il y a quelques années.
A quelques kilomètres de là, l'équipementier Walor a été racheté fin 2023 par le fonds allemand Mutares. Ses deux usines dans les Ardennes (212 salariés) fabriquent des bielles, des grosses pièces en acier essentielles pour les moteurs thermiques, mais inutiles pour les électriques. Elles ont été placées en procédure de sauvegarde pour l'une et en redressement judiciaire pour l'autre.
Près de Paris, MA France (280 salariés) a été placée en liquidation judiciaire au printemps 2024. MA France emboutissait des pièces essentielles de carrosserie pour les petits utilitaires Peugeot ou Citroën, notamment. En France, le nombre d'entreprises de la filière automobile a baissé de 7 % entre 2009 et 2020, selon une note publiée de la Direction générale des entreprises (DGE).
D'un autre côté, ce virage électrique nécessite aussi des embauches, chez des équipementiers qui se sont repositionnés sur l'électrique ou dans les usines de batteries, mais le décollage de ces industries est plus lent que prévu.