16/10/2024 - #Renault , #Peugeot , #Stellantis
Automobile : étendre le leasing social aux voitures électriques d'occasion ?
Par AFP
(AFP) - Plusieurs grands patrons de l'automobile ont proposé lundi d'étendre le dispositif de leasing social aux voitures électriques d'occasion, pour convertir davantage d'automobilistes à la motorisation électrique.
L'offre de leasing social, une location avec option d'achat qui abaissait le loyer d'une voiture électrique neuve à environ 100 euros par mois pour certains foyers, avec jusqu'à 6.000 euros de subventions supplémentaires par voiture, a connu un grand succès début 2024.
Cinquante mille véhicules ont été commandés par ce biais pour des contrats de trois ans renouvelables, dont 70% chez Stellantis, notamment des Peugeot 208.
Le ministre délégué aux Transports François Durovray avait confirmé vendredi à l'AFP que le leasing social allait bien être renouvelé en 2025, même si ses contours sont encore discutés.
Le patron de Stellantis Carlos Tavares a plaidé lundi au Mondial de l'auto de Paris pour que le dispositif du leasing social soit étendu aux voitures électriques d'occasion, alors même que son enveloppe pour 2025 a été rabotée par le gouvernement.
Ce dispositif pourrait comporter deux niveaux, de 150 euros par mois environ pour un véhicule neuf et 100 euros mensuels pour un véhicule d'occasion, a avancé M. Tavares lors d'une conférence de presse en marge de la 90e édition du salon.
Luca de Meo, directeur général de Renault, ne s'oppose pas à cette idée. "Le leasing social sur l'occasion a plus de sens que sur le neuf", a-t-il indiqué à la presse.
"Quand vous faites du leasing social à 100 euros, ça ne correspond pas à la réalité économique : les valeurs de rachat (au terme des trois ans de location) sont décorrélées des valeurs de marché", a expliqué à l'AFP Jérôme Daumont, président du groupement des concessionnaires Renault.
"Dans trois ans, on va se retrouver avec un retour massif de véhicules d'occasion, tous avec 30.000 km au compteur. Ça va générer du surstock", a prévenu M. Daumont.
Une voiture louée pendant un premier contrat pourrait ainsi être relouée par le concessionnaire, avec une nouvelle dose de subventions à la clé.
Par ailleurs, les constructeurs "ont parfois ciblé des modèles précis qui ne correspondent pas à un +mix+ de ventes normal", a-t-il souligné, comme une flopée de modèles d'entrée de gamme avec une petite batterie et une peinture blanche.
Flottes d'entreprises
Pour M. Tavares, le dispositif doit aussi bénéficier aux entreprises et aux véhicules utilitaires, un secteur où Stellantis est le N°1 européen mais dont les versions électriques restent chères.
Le patron de Stellantis a évoqué ces propositions dimanche à l'Élysée lors d'un dîner avec Emmanuel Macron et d'autres dirigeants de la filière.
"L'idée du leasing social était de créer de la mobilité électrique des classes contraintes financièrement. En pratique, ce sont les classes moyennes qui y sont allées", avait relevé fin septembre Marc Bruschet, représentant des concessionnaires chez Mobilians.
Développer l'électrique pour les foyers les moins fortunés reste compliqué, avait-il averti. Car "ils n'ont souvent qu'un véhicule, il faut qu'il soit polyvalent, pour partir en vacances par exemple, et il faut qu'il puisse se recharger".
Le président de Volkswagen France, Xavier Chardon, a signalé lundi, lors d'une rencontre avec la presse, que son groupe militait aussi pour étendre le dispositif aux véhicules d'occasion.
"Le véhicule d'occasion est un dispositif intéressant pour répondre à une attente de démocratisation de l'électrique et à la problématique de l'argent", a-t-il expliqué.
M. de Meo a pour sa part tenue à rappeler que, d'après lui, le leasing social n'est "pas la priorité n°1" pour développer l'électrique, mettant plutôt en avant le verdissement des flottes d'entreprises.
"En France, les flottes d'entreprises représentent 50% du marché. Pour l'instant, la part de l'électrique dans le marché des flottes est plus faible que sur les particuliers. Ça, ce n'est pas possible", s'est-il indigné.