16/06/2021 - #Opel , #Peugeot , #Fiat , #Stellantis
Saga Automobiles : Un concessionnaire Peugeot à l’heure des choix…
Par Xavier Champagne
Chef de rubrique
Principalement distributeur de pièces, à travers ses 14 magasins Autodistribution, Thierry Talbot est aussi un petit concessionnaire Peugeot qui va devoir faire des choix après la résiliation de ses contrats de distributeur VN et de distributeur PR (DPR2A). Grossir ou disparaître, là est la question…
Thierry Talbot est depuis 30 ans à la tête de l’entreprise familiale qui elle-même vient de fêter, le 1er juin dernier, ses 90 ans. La saga familiale se poursuit avec ses enfants, Jean-Mathieu et Pierre-Olivier, les arrière-petits-fils du fondateur, et ne semble pas prête de s’arrêter.
Dans un secteur de la distribution automobile où il faut grossir ou disparaître, l’entreprise Saga Automobiles fait figure d’exception, avec un seul contrat Peugeot et trois sites, à Thouars, Parthenay et Loudun.
Encerclée par trois des plus grands distributeurs Peugeot de France (Emil Frey France, Gémy et Dubreuil), comment l’entreprise n’a-t-elle pas encore été absorbée ? "Parce que nous ne sommes pas vendeurs", répond Thierry Talbot, tout simplement.
Et parce que le constructeur n’avait pas de raison de se passer de ce distributeur extrêmement performant qui a même réussi à battre son record de vente l’année dernière, avec 802 VN vendus (en hausse de 17%).
Ce volume représente une part de marché très élevée de 26,4% mais ce n’est pas tout ; non content d’être performant sur son territoire, le distributeur vend aussi en dehors de sa zone pour obtenir un taux de vente sur marché (*) de 38,2%, soit le record national !
On imagine que sur son territoire rural, Saga Automobiles ne s’adresse qu’à une clientèle de particuliers qui achètent une Peugeot de père en fils, presque par tradition. Pas du tout ! 60% de ses ventes se font auprès de professionnels, notamment des artisans.
La recette du succès repose sur "l’obsession de la performance, un faible turn-over, du pragmatisme", souligne Thierry Talbot, "sur l’agilité et le souci de la satisfaction client", poursuit son fils Jean-Mathieu. "Notre taille humaine nous permet d’avoir les clients insatisfaits directement en ligne, c’est plus simple. Et c’est nécessaire car la satisfaction pèse de plus en plus dans la rémunération, y compris les avis et la note Google", souligne-t-il. L’entreprise affiche en moyenne 4,7 étoiles sur ses trois sites, quand la moyenne des concessions est à 4,3 (**).
Le 19 mai dernier, le contrat Peugeot de Saga Automobiles a été résilié, comme tous les contrats des distributeurs des marques de Stellantis. L’entreprise va probablement devoir faire un choix cette fois entre grossir et disparaître. "Le constructeur se veut rassurant mais nous en saurons plus en juillet, indique Thierry Talbot. Nous sommes prêts à nous développer, à notre échelle, sans perdre notre ADN, ni notre rentabilité. La marque Opel n’est pas représentée sur nos villes, Fiat n’a que des agents faute d’un potentiel suffisant pour créer une concession, alors il y a peut-être des choses à envisager, dit-il. Nous avons prévu de déménager notre site de Loudun au second semestre 2022. Ce sera peut-être l’occasion d'un développement", dit-il.
Ce n’est pas la première résiliation que subit Saga Automobiles. L’année dernière, l’entreprise familiale s’est déjà fait résilier son contrat de distributeur PR (DPR2A "facturant-livrant"), comme la quarantaine d’autres concessionnaires qui bénéficiaient de ce contrat d’exception (par rapport au système de distribution PR à travers les plateformes Distrigo). Dans deux ans, durée du préavis, l’entreprise devra choisir entre signer un nouveau contrat de "Distrigo Relay", et devoir ainsi créer un mini-entrepôt de pièces, ou abandonner la distribution de pièces.
Ce serait un comble pour l’entreprise familiale qui, parallèlement à son activité de concessionnaire Peugeot, est distributeur de pièces multimarques au sein du réseau Autodistribution depuis 1954. C’est même son activité principale, avec 14 magasins "Autodistribution Talbot", répartis sur 5 départements du Grand Ouest, qui ont réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 58 millions d’euros, positionnant l’entreprise dans le top 5 du réseau Autodistribution. "Notre crédo, être à moins de 30 km de chacun de nos clients, avec des magasins suffisamment grands pour stocker, ce qui va à l’encontre de la stratégie générale qui est de créer des entrepôts centralisés", explique Thierry Talbot.
En comparaison, ses points de vente Peugeot ont atteint 31 millions de CA (en hausse de 6%), dont 4 millions d’euros de vente de pièces aux MRA. "Notre avons toujours veillé à l’étanchéité entre les deux entreprises, avec notamment des vendeurs itinérants distincts. En revanche, notre logistique de transport est commune, ce qui génère des économies pour les deux entreprises", explique Thierry Talbot.
Son fils Pierre-Olivier dirige l’activité Autodistribution tandis que Jean-Mathieu dirige Saga Automobiles, en binôme avec Pierre-Marie Bretaudeau, dans l’entreprise lui aussi depuis 30 ans.
(*) Ventes totales du distributeur comparées à son marché local. C’est un ratio différent de sa part de marché qui compare ses ventes locales à son marché local.
(**) Selon un relevé réalisé au premier trimestre 2021 par la société Présence.