16/06/2021
Circulation à Paris : Anne Hidalgo passe la vitesse supérieure
Par AFP
(AFP) - En parallèle de la piétonnisation du centre de Paris, le stationnement payant pour les motos et scooters thermiques dès 2022 et une hausse du tarif visiteur automobile : l'équipe de la maire Anne Hidalgo a annoncé mardi des mesures fortes mardi pour réduire la place des véhicules polluants dans la capitale.
Les motos et les scooters à essence devront payer 50% des tarifs des voitures qui elles verront dès le 1er août 2021 une hausse du tarif visiteur de 4 à 6 euros ou de 2,4 à 4 euros l'heure suivant les arrondissements, a détaillé David Belliard, l'adjoint EELV chargé de la transformation de l'espace public.
Le stationnement sera également payant aux bois de Vincennes et Boulogne à partir de l'automne. Et pour les contrevenants, le forfait post-stationnement (FPS) qui remplace depuis 2018 les contraventions augmentera nettement : de 50 à 75 euros dans le centre et de 35 à 50 euros dans les arrondissements extérieurs. A ces mesures, s'ajoutent la suppression d'au moins 60.000 places de stationnement en surface au cours du mandat qui s'achève en 2026.
Alors que la Ville annonçait la gratuité du stationnement résidentiel mercredi en raison d'un épisode de pollution atmosphérique, le candidat écologiste à la mairie en 2020 a développé sa vision d'une ville ‘adaptée aux fortes chaleurs’ : aux places de stationnement supprimées pourront succéder trottoirs élargis, espaces végétalisés, terrasses, pistes cyclables...
Des places "sanctuarisées"
"Nous avons un besoin impératif de récupérer de l'espace public pour y faire des espaces verts, (...) plus de place pour les piétons, les vélos, (...) parce que nous subissons de plein fouet la crise climatique, les pollutions de l'air qui tuent", a expliqué M. Belliard, défendant également le "besoin de changer nos manières de nous déplacer" dans une ville "extrêmement dense, bétonnée comme Paris".
Dans le même temps, M. Belliard a promis de "travailler avec les gestionnaires et bailleurs sociaux pour développer le parking en sous-sol", 1.000 places de stationnement supplémentaires pour les personnes à mobilité réduite, autant pour les professionnels et autant pour les véhicules en autopartage... autant de places "sanctuarisées" qui lui font dire que "l'idée n'est pas de supprimer toutes les voitures".
Ainsi, la grille tarifaire restera la même pour les bénéficiaires de la carte de résident, et les avantages tarifaires des professionnels seront étendus à ceux de la grande couronne, a-t-il fait valoir.
"L'idée, c'est effectivement de réduire la place de la voiture et ça c'est un engagement de campagne très clair : nous faisons ce pour quoi nous avons été élus", a-t-il résumé avant la présentation de son plan début juillet au Conseil de Paris.
Contactée par l'AFP, l'opposition de droite voit rouge. "On n'est pas dans une recherche de la réduction de la place de la voiture, on n'est dans la recherche de la suppression de la voiture", a ainsi réagi Aurélien Véron (LR).
"Une forme de péage"
L'élu de Paris Centre a l'impression qu'Anne Hidalgo veut "remplir les caisses de la Ville en allant chercher l'argent dans la poche des conducteurs d'automobiles" et de faire de la circulation en voiture "un produit de luxe".
"Ils refusaient le péage mais de fait, c'est une forme de péage avec un côté usine à gaz de plus", dit encore M. Véron, pour qui un message négatif est envoyé : "on veut couper Paris de la banlieue".
Et d'anticiper des "révoltes numériques", à l'image du #saccageParis qui protestait contre la propreté et certains aménagements urbains, de la part des présumés perdants de la réforme : "les artisans qui refusent des chantiers, des familles qui ne peuvent plus accueillir des amis parce que l'accès est trop cher, les théâtres qui vont perdre des clients qui venaient le soir...".
Pour Anne Hidalgo, possible candidate du PS à l'élection présidentielle, ce dossier est, comme la zone à trafic limité (ZTL) annoncée pour 2022 dans le centre de la capitale, une occasion de plus de montrer son volontarisme politique pour faire de la capitale une ville "moins polluée, plus écologique, plus apaisée et plus sûre".
Lors de son premier mandat, l'ancienne adjointe de Bertrand Delanoë était sortie vainqueur d'un long bras de fer pour piétonniser les voies sur berges, avant d'être confortablement réélue en 2020... en pleine crise sanitaire, qu'elle a mis à profit pour réaliser 60 km de pistes cyclables, les fameuses coronapistes.