02/09/2024 - #Renault , #Opel , #Peugeot , #Stellantis
Quatre mois de blocage pour les salariés de l'équipementier automobile MA France
Par AFP
(AFP) - "Pas d'accord, pas d'outils, pas de pièces": les salariés de MA France, équipementier du groupe Stellantis, bloquent leur usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) depuis 135 jours, à la suite de l'annonce de sa liquidation.
Avec ses 280 salariés, MA France était la dernière usine automobile de Seine-Saint-Denis, autrefois l'un des plus denses bassins d'activité du secteur, avec notamment l'usine PSA voisine.
MA France emboutissait des pièces essentielles de carrosserie pour les petits utilitaires Peugeot (Expert) ou Citroën (Jumpy) et aussi pour Renault.
Une trentaine de salariés vient encore chaque jour. Deux commissaires-priseurs se sont présentés lundi devant l'immense usine, pour récupérer le matériel de Stellantis et de Renault, bloquées au milieu des machines à l’arrêt : des pièces déjà découpées, des moules, des containers.
Les salariés ne les ont pas laissés entrer, mais se préparent à l'arrivée de CRS. "Pas d'accord, pas d'outils, pas de pièces", martèle une pancarte à l'entrée du site. Alors que les vacances scolaires prennent fin, leurs enfants se jettent dans une piscine improvisée, et font vrombir une minimoto.
"Les machines, elles sont là (...) On a un stock très très important, un stock pour le KO (les utilitaires de Stellantis), pour Opel, pour Peugeot, Citroën, pour Renault aussi", a lancé Adel Zorgui, représentant de la CGT chez MA France. "S'ils veulent le stock, il faut se mettre autour d'une table de négociation".
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a visité le site vendredi, accusant Stellantis de refuser de "négocier un accord à la hauteur".
"La fermeture du site, c'est la mort sociale pour les 300 ouvriers qui sont concernés", a lancé Sophie Binet. "C'est 300 familles derrière qui n'ont plus de perspectives d'avenir, avec des grosses interrogations sur le revenu (...) Cette situation ne peut pas durer".
"Ca va être le premier dossier sur lequel j'interpellerai le Premier ministre si un jour Macron daigne enfin nommer un Premier ministre en respectant le choix des urnes et le vote des Françaises et des Français", a poursuivi la leader syndicale.
Nous aider à nous en sortir
Depuis l'annonce de la fermeture du site en avril, 86 salariés ont déjà signé pour une prime extralégale de 15.000 euros.
Les salariés restants, notamment des syndiqués CGT, demandent une prime de70.000 euros et une aide au reclassement. Certains d'entre eux avaient déjà été licenciés lors de la fermeture de l'usine PSA voisine, en 2014. Cet été, un salarié a tenté de s'immoler par le feu.
Contacté, le propriétaire de l'usine, le groupe italien CLN, n'a pas répondu. Et Stellantis, premier client de l'usine, ne négocie plus.
Le groupe a souligné qu'un médiateur avait rendu ses conclusions et qu'une transaction a été validée par le tribunal de commerce de Bobigny le 2 août.
"Le liquidateur déploie actuellement cette transaction validée par les salariés qui le souhaitent", a indiqué à l'AFP un porte-parole du groupe aux quinze marques.
"Il revient au liquidateur d'opérer la liquidation décidée par le Tribunal de commerce de Bobigny. Il nous a informé de la présence d'une dizaine de salariés sur le site. A lui de prendre les dispositions pour faire appliquer les décisions de justice", a poursuivi Stellantis.
La mobilisation des ouvriers fin avril avait mis à l'arrêt trois usines de Stellantis pendant plusieurs semaines.
"Quand il s'agissait de travailler, de faire les pièces, d'être là, présent toutes les nuits, tous les jours, on l'a fait", a expliqué Boubakar Gasmi, 41 ans, chef d'expédition en équipe de nuit.
"Donc maintenant, ce serait bien qu'ils mettent réellement ce qu'il faut pour nous, pour nous aider à nous en sortir définitivement (...). Ce serait bien que certains d'entre nous soient reclassés parce qu'ils auront du mal à retrouver du boulot. Mais ça passe aussi par une aide concrète, financière (...) on a des crédits maison, on a des crédits auto, on a des enfants, on fait comment ?", a poursuivi M. Gasmi.