21/10/2022 - #Stellantis
Le DRH de Stellantis optimiste malgré les perspectives sombres pour l'emploi dans l'automobile
Par AFP
(AFP) - Confrontée à une "révolution" technologique à marche forcée, l'industrie automobile voit ses emplois fondre (-50.000 en cinq ans en France), mais le directeur des ressources humaines du groupe Stellantis, Xavier Chéreau, reste optimiste et mise sur la formation.
Question : Dans le contexte de la transition vers l'électrique, il y a beaucoup d'inquiétudes concernant l'emploi dans l'industrie automobile. Comment voyez-vous les choses ?
Réponse : "On est dans une phase de transition majeure, une révolution de l'automobile, et donc chaque situation de transition de cette nature est aussi une opportunité. Ca remet la compétence des femmes et des hommes au coeur du dispositif. Donc c'est un enjeu de reconversion professionnelle. Le maitre mot que je donne maintenant depuis quelques années, c'est la sécurisation des parcours.
Fort de ça, on travaille sur les nouvelles technologies. Qu'est-ce que c'est que de passer d'un constructeur automobile classique à une Tech Company ?
Ca nécessite de repenser un grand nombre de métiers.
On a pour ambition de former à la fin de cette année 75.000 personnes dont 15.000 en France sur un grand nombre de métiers. L'objectif, c'est de rendre l'entreprise apprenante tout au long de sa vie professionnelle. C'est pour ça que je dis que c'est plutôt une situation positive."
Q : Est-ce que la transition ne va pas trop vite, avec la fin de la production des véhicules thermiques et hybrides dès 2035 ?
R : "Le maitre mot c'est l'anticipation. Carlos Tavares a annoncé la production de douze véhicules électriques sur nos douze sites en France, et bien ça permet d'avoir un avenir et une pérennité de nos activités.
J'entends parfois des inquiétudes et des angoisses, il faut aussi voir les opportunités et on est en capacité de pouvoir répondre à ces enjeux de formation et proposer au plus grand nombre des emplois pour demain.
La restructuration des activités industrielles n'est pas quelque chose de nouveau pour nous. La moyenne d'âge des salariés dans les usines est de 47 ans. Même ces générations ont vécu des transformations.
Chaque site a fait sa transformation et déjà, à plusieurs reprises, les collaborateurs ont été amenés à évoluer. C'est quelque chose que nous allons continuer à accompagner. Il y a des métiers éligibles à des départs volontaires et d'autres qui ne le sont pas.
On travaille avec des experts sur chaque métier : 15 filières, 100 métiers.
On a 250 experts, dont la mission est de nous donner la vision en termes de besoins de compétences à 5 ou 10 ans."
Q : Luc Chatel, le président de la plateforme de l'automobile, dit qu'il faut en moyenne 20 personnes pour construire une voiture thermique alors que seulement sept sont nécessaires pour une électrique. Est-ce que vous pouvez nous donner vos estimations ?
R : "C'est réducteur de voir les choses comme ça. On passe d'un monde à un autre. Après, on a aussi un changement de produit, et quand je dis qu'on a un million de véhicules à terme à produire en France, ça concerne un grand nombre de métiers.
Ca ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des activités à restructurer. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, l'objectif est d'anticiper. On aura des activités de production qui vont être reconverties vers des activités associées à la batterie ou à des composants électriques.
Certaines personnes vont aller vers d'autres métiers. Aujourd'hui on recrute, mais la principale réponse sera une réponse de reconversion. Cette année on a 1.500 recrutements à l'horizon de la fin d'année (contre 1.000 départs et 800 congés senior)."