20/11/2020 - #Renault
L’accord "transformation des compétences" de Renault validé par les organisations syndicales
Par Florence Lagarde
Directrice de la rédaction et Directrice de la publication
FO a été la première à annoncer sa décision de signer cet accord lundi parce qu’il "évite les licenciements". Hier la CFE-CGC et la CFDT ont annoncé qu’elles signeraient l’accord. "C’est une étape importante qui a été franchie, le sujet maintenant est de veiller que son application se passe bien", nous a dit Guillaume Ribeyre, délégué syndical central CFE-CGC.
Après FO lundi, la CFE-CGC a donné son aval à l’accord de "Transformation des compétences dans les fonctions globales". La signature de ces deux organisations syndicales était déjà suffisante pour valider le texte puisque la majorité se juge sur une représentativité recalculée (contrairement à ce que nous avions écrit par erreur dans un texte précédent).
Dans cette définition, le poids de chacune des organisations syndicales représentatives (elles sont quatre chez Renault sur le périmètre des 11 établissements Renault SAS qui est celui de l’accord) se mesure en faisant abstraction des résultats obtenus par celles qui n’ont pas dépassé la barre des 10%. C’est ainsi que la CFE-CGC et FO qui totalisent 44,23% des suffrages exprimés (34,05% pour la CFE-CGC et 10,18% pour FO) se retrouvent avec un poids de 50,4% (38,8% pour la CFE-CGC et 11,6% pour FO) quand on mesure les poids respectifs entre ces quatre OS.
Il n’empêche, elles ont été rejointes par la CFDT (26,5% de représentativité recalculée) qui a annoncé qu’elle le signait tout en étant contre … Son DSC Franck Daoût a déclaré à l'AFP qu’il était "toujours opposée à ces suppressions de postes qui n'ont ni queue ni tête". "On reste très sceptique. On prend des risques en faisant partir des gens comme ça. C'est un peu brutal et ça va avoir un impact sur la charge de travail" de ceux qui restent, s'est-il inquiété.
Cet accord dont nous avons détaillé les principaux points dans un précédent article (Renault soumet à l’approbation des organisations syndicales l’accord "transformation des compétences") a été négocié entre le 13 octobre et le 10 novembre.
La CFE-CGC assume la signature de cet accord parce qu’il est assorti d'"un plan d’évolution des compétences" et "évite aux salariés des licenciements via un PSE que la situation de Renault aurait pu justifier : l’ajustement des effectifs négocié est uniquement basé sur des départs volontaires".
Les départs se feront soit dans le cadre d’une dispense d’activité ou d’une rupture conventionnelle collective (RCC) dont le nombre est plafonné à 1.900 personnes.
Quel sera l’accueil des salariés, seront-ils intéressés par ce plan ? "Nous avons construit quelque chose de qualité dans les options. Comment les salariés vont réagir pendant cette période de confinement ? c’est impossible de le savoir", nous a répondu Guillaume Ribeyre, délégué syndical central CFE-CGC.
"Le compromis obtenu place l’accord parmi les plus avantageux de sa catégorie pour tous les salariés que la CFE-CGC défend, quel que soit leur statut", souligne le communiqué de la CFE-CGC. "Nous avons étudiés plusieurs accords de RCC et nous sommes dans le niveau haut, pas seulement pour les départs", nous a précisé Guillaume Ribeyre.
L’un des points d’amélioration qu’apporte cet accord pour les équipes de Renault concerne la mobilité interne. "Nous étions un peu en retard sur le sujet. Les postes n’étaient pas toujours affichés, les managers pouvaient refuser les mobilités et le fonctionnement était différent d’un site à l’autre. Là, toute personne qui a 2 ans d’ancienneté peut faire une démarche dans son métier ou en dehors. Si le manager du poste auquel elle postule veut la recruter son manager actuel ne pourra pas refuser et nous avons défini les principes des postes affichés jusqu’à un certain grade", précise le représentant de la CFE-CGC.
Outre la mobilité interne, le plan comporte un engagement de 250 recrutements en 2021 sur les métiers d’avenir. Ce n’est pas autant que les 400 recrutements souhaités par l’organisation syndicale, mais l’accord comporte une clause de revoyure au quatrième trimestre 2021 pour regarder ce qui pourra se faire en 2022. Il n’y a pas d’engagement sur un taux d’embauche pour les apprentis à l'issue de leur formation mais le maintien à d’un taux de 5% d’apprentis sur les années 2020/2021 et 2021/2022.
Si le volontariat permet de respecter le choix des salariés, à l’inverse n’est-ce pas dangereux de voir potentiellement les meilleurs partir ? "15.000 personnes sont dans le périmètre de l’accord et nous avons protégé certaines compétences très importantes avec un peu plus de 4.000 personnes qui sont exclues de la RCC", souligne Guillaume Ribeyre. "La négociation est terminée mais ce n’est qu’une étape. Le sujet important maintenant sera l’application de l’accord", conclut le DCS.
Sans surprise la CGT a annoncé qu'elle "ne signera pas" un accord "de délocalisation de l'ingénierie", a indiqué à l'AFP son délégué syndical central (DCS), Jean-François Pibouleau. L'accord est cependant approuvé à une large majorité de 77% en tenant compte de la signature des trois autres organisations syndicales.