Fiat en sous-régime en Europe

Au mois d'octobre, la marque italienne du groupe Stellantis a vu ses ventes reculer de 46% sur un an dans l'Union européenne et tomber à 2% de parts de marché, selon les chiffres de l’ACEA.
Depuis le début de l'année 2024, sur un marché européen au ralenti, Fiat est en recul de 16,8%, avec 257.000 voitures écoulées.

La marque turinoise a même été doublée dans sa mère-patrie : il s'est vendu plus de Toyota et de Volkswagen que de Fiat au mois d'octobre en Italie.
"C'est assez dramatique mais pas surprenant : Fiat paie le fait de ne pas avoir de produits frais", explique à l'AFP Felipe Muñoz, analyste pour le cabinet Jato Dynamics.
Fiat s'est longtemps concentré sur le succès de la petite 500, mais son passage en 100% électrique lui a fait perdre des clients, et une version hybride se fait attendre. A ses côtés, la très économique Fiat Panda n'a pas connu d'évolution majeure depuis 14 ans, souligne l'analyste.
  
Positionnement flou
  
Parmi les autres modèles de la marque, la Fiat 600 a d'abord été lancée en version électrique, alors que ce marché patine, et elle est plus petite et plus chère que la 500X qu'elle remplace. La Fiat Tipo, quant à elle, est un ancien modèle fabriqué en Turquie.

Alors que Stellantis vend trois autres marques généralistes en Europe (Peugeot, Citroën, Opel), le positionnement de Fiat reste flou, décrit Felipe Muñoz.
La direction de Fiat n'a pas souhaité s'exprimer mais un porte-parole de Stellantis a assuré que "le plan produit de Fiat" était "renforcé depuis la création de Stellantis".
Fiat reste par ailleurs la marque la plus vendue du groupe Stellantis dans le monde, avec de fortes positions en Amérique latine et en Turquie, notamment, a précisé ce porte-parole.

L'arrivée d'un nouveau modèle au look futuriste et fabriqué en Serbie, la "Grande Panda", pourrait donner un nouveau souffle à la marque si elle arrive à convaincre, en version hybride comme électrique.
La baisse des ventes a des conséquences graves sur la production : à l'usine turinoise de Mirafiori, la fabrication de la Fiat 500 a dû être mise en pause pendant plusieurs semaines à cause du manque de commandes. D'autres usines Stellantis près de Naples (sud) ou Termoli (est) ont aussi été fermées pendant quelques jours pour réguler la production.

Inquiétude
  
Stellantis "affronte un moment particulièrement complexe dans sa transition (vers l'électrique) à cause de la baisse des commandes sur le marché des véhicules électriques en Europe, qui met en difficulté tous les constructeurs, notamment européens", avait alors expliqué le groupe dans  un communiqué de presse.
Si Stellantis vit globalement une année 2024 compliquée, la baisse de la production est particulièrement notable en Italie. Après trois années de hausse, elle a chuté de 31,7% à 387.600 véhicules sur les neuf premiers mois de 2024, selon la fédération de la métallurgie FIM-CISL.
Ces chiffres inquiètent fortement les salariés italiens, qui ont manifesté le 18 octobre dans les rues de Rome pour fustiger le "désengagement" du constructeur de la péninsule.

Et le torchon brûle entre le gouvernement de Giorgia Meloni et Stellantis, Rome reprochant au constructeur franco-italo-américain de délocaliser sa production dans des pays à bas coûts, au détriment des usines italiennes.
Le patron de Stellantis, Carlos Tavares, s'était pourtant engagé en juillet 2023 à porter la production à un million d'unités d'ici 2030, un objectif qui semble désormais hors de portée.