10/04/2025 - #Alpine , #Chrysler , #Dodge , #Hyundai , #Peugeot , #Stellantis
Chérie, j’ai rétréci la GTI (ou pas)
Par Jean-Philippe Thery

Aujourd’hui, je vous parle de GTI sur le retour. A moins qu’elles ne soient de retour…
Elle est annoncée pour mai.
Et pour le retour d’une telle icône, on aurait sans doute pu en faire un peu plus. Quelque chose comme un communiqué de presse, une vidéo ou même des trucs qui font pop-up sur les réseaux sociaux. En guise de teasing, on se contentera néanmoins d’une liste de caractéristiques détaillées annonçant une empreinte au sol de de 155 par 68 millimètres ainsi qu’une reproduction fidèle du moteur, des ouvrants qui ouvrent et le choix entre la conduite à droite ou à gauche, le tout en 139 pièces. Bref, la Peugeot 205 GTI est de retour, en plastoc, à monter et au 1/24e. Et c’est la maison Heller qu’il faut remercier. Quelque chose me dit d’ailleurs que cette voiture-là est particulièrement importante pour la marque de Trun.
Parce que même si le célèbre fabriquant de maquettes français a été repris par son distributeur allemand en 2019, c’est bien dans la commune normande de 1.183 âmes et sur le site industriel historique de la marque que sera produite la petite dernière, aux côtés d’autres engins en polystyrène. Des presses d’injections s’y échappent en effet quotidiennement les grappes de pièces permettant d’assembler non seulement des automobiles, mais aussi des avions, bateaux ou blindés. Autant d’engins à l’échelle qu’on retrouve dans des boites en carton sur les étagères de tous les distributeurs de miniatures dignes de ce nom depuis 1958. Mais à l’époque où fut lancée la Caravelle au 1/100e (l’avion, pas la voiture), première d’une longue série de véhicules à monter, la concurrence ne venait pas encore du Japon ou de Chine. Et l’on souhaite donc à Heller que la plus emblématique des GTI françaises apporte une contribution substantielle aux résultats d’une entreprise qui n’a pas toujours eu la partie facile, entre dépôt de bilan et restructurations.
En ce qui me concerne, voilà une nouveauté qui arrive à point nommé pour compléter mon expérience du modèle, dont je dois avouer piteusement qu’elle est des plus limitées. Je n’ai en effet jamais conduit la bestiole et le seul trajet auquel j’ai eu droit à son bord fut sur la banquette arrière de l’une des premières 1.6L (probablement une 105 ch) appartenant à la mère d’une copine de classe. J’aurais volontiers renouvelé l’expérience, mais celle-ci (la copine, pas la mère) ne montra pas exactement à mon encontre l’intérêt que j’espérais susciter chez elle. J’en ai donc été quitte pour en rêver à chaque fois que je la croisais dans la rue (la voiture, pas la copine), avec une fréquence proportionnelle au succès commercial du modèle. Sans compter que je lisais tout ce que les essayeurs de Sport-Auto écrivaient à son sujet, dans les numéros du célèbre magazine cédés par mon pote Laurent qui y était abonné, deux à trois mois après leur parution.
C’était l’époque de la pub "bombardier", dans laquelle la petite Peugeot officiait comme voiture de fonction d’un ersatz de James Bond, poursuivie dans les montagnes enneigées par un Transall ayant troqué sa vocation de transport de troupes pour celle de largueur d’explosifs. J’ai lu quelques années plus tard à ce propos, qu’à une époque où les images de synthèse n’étaient pas encore à la mode, la scène filmée en réel avait valu une jolie frayeur au pilote de la voiture dont l’aéronef avait touché l’antenne radio. Sur grand écran, c’est l’auto gris métal de Christophe Lambert qu’on voyait dans l’une des rares scènes de surface de "Subway", échapper à une Mercedes Classe S pourtant beaucoup plus puissante. Il y eut aussi l’exemplaire noir immatriculé dans le Rhône de Richard Anconina dans "Zone Rouge", qui finit dans un lac.
Mais sans doute l’une des mes dernières rencontres en date avec une 205 GTI illustre-t-elle mieux encore le caractère iconique du modèle. Ça s’est passé à Detroit. Le spectacle de la petite Sochalienne blanche arrêtée le long de la Route 75 dans la banlieue Nord de "Motor City" aurait eu de quoi me surprendre, si je n’avais été en présence de l’ami Bertrand (celui qui publie le vendredi), qui a aussitôt identifié "Gisele". Autrement dit la 1.9L que Ralph Gilles -Chief Design Officer de Stellantis- a fait venir de Corse, ainsi baptisée en hommage à sa tante disparue à laquelle il doit d’être entré chez Chrysler, laquelle avait envoyé l’un de ses nombreux croquis aux responsables de la marque alors qu’il était encore adolescent. Une voiture à la restauration de laquelle il a mis la main à la pâte, partageant même sur Instagram l’étrange satisfaction qui fut la sienne de sabler les jantes en alliage, tâche ne mobilisant pourtant pas un grand effort intellectuel et qu’il compara à la réalisation d’un patchwork.
Ce qui m’a stupéfait ce jour-là n’est pas tant le fait que la French "pocket rocket" (fusée de poche) ait décidé de faire un caprice mécanique, expliquant sa présence immobile sur le "shoulder" (la bande d’arrêt d’urgence à la sauce US) dans l’attente des secours, mais qu’un citoyen d’outre-Atlantique l’ait trouvée suffisamment désirable pour se lancer dans son importation. Certes la culture automobile de Ralph Gilles dépasse probablement de loin celle de la plupart de ses compatriotes, y compris les plus portés sur la chose mécanique, mais on parle tout de même d’un gars qui cruise les vendredi soir d’été sur Woodward Avenue au volant de "Hellucination", une Charger 1970 méchamment "restaumodée" dont le V8 Hellcat de 7.0L (détuné) développe pas moins de 800 chevaux…
Mais revenons en territoire gaulois, où on ne s’étonnera pas que la 205 GTI ait eu droit aux honneurs de la réduction à l’échelle, pour le plus grand plaisir des colleurs de plastique auxquels je fais mine d’appartenir en collectionnant des boites, et qui rongent leur frein à disque en attendant de mettre la main sur leur exemplaire. Ceux-là s’étonneront d’ailleurs plutôt que le modèle n’ait pas été rétréci et mis en pièces avant, ne se contentant pas des nombreuses répliques prêtes à l’exposition déjà disponibles. Et on ne sera pas non plus surpris que les responsables de Peugeot s’efforcent de maintenir vivace l’extraordinaire capital d’image associée à la petite lionne en survêt’, même si aucune de celles qui lui ont succédé de la 206 à la 208 n’ait encore véritablement repris le flambeau. Ce qui ne les empêche pas de persister, puisque l’une des premières déclarations d’Alain Favey qui vient de reprendre les rênes de la marque a été consacrée au lancement prochain d’une e-208 GTI.
Autant le dire tout de suite, la future version sportive de la 208 à électrons ne sera pas une 205 GTI, même si on met de côté l’"éléphant dans la pièce" que constitue sa motorisation électrique. Et c’est très bien comme ça, n’en déplaise aux nostalgiques qui ne me pardonneront sans doute pas ce paragraphe. Parce que si les semblables de "Gisele" sont définitivement trop cools pour les sorties et rassos dominicaux, je ne suis pas certain que la plupart des automobilistes d’aujourd’hui se sentiraient rassurés à se déplacer au quotidien à bord d’un engin dont les portières présentent l’épaisseur d’un papier à cigarette, et ne disposant pas des équipements et dispositifs auxquels nous nous sommes habitués depuis la fin du siècle dernier. C’est le sens de la réponse que fait habituellement le propriétaire d’une Mustang de première génération que j’ai rencontré dans le Michigan à ceux qui lui répètent volontiers qu’"on en fait plus des comme ça", "Eh bien tant mieux" leur réplique-t-il en effet systématiquement.
Ces considérations mises à part, il n’en reste pas moins que la future nouvelle GTI part avec un handicap de poids, même si ses batteries sont idéalement logées au plus près du sol, sandwichées dans le plancher. D’autant plus qu’étant par nature plus efficaces que leurs équivalents thermiques, les propulseurs électriques ont tendance à procurer des sensations plus ou moins identiques, limitant les possibilités de personnalisation. Il est d’ailleurs symptomatique que parmi les rares sportives à batteries disponibles, des modèles comme la Hyundai Ioniq5 N ou la future Dodge Charger aient choisi de singer leurs homologues à combustion interne, que ce soit par le recours à une boite de vitesse factice pour la première, ou par des borborygmes de synthèse pour la deuxième.
Des gimmicks pas vraiment utilisables sur une auto se référant à une illustre devancière dont l’attrait principal ne résidait pas dans un moteur lui procurant des performances juste conformes à celles des sportives contemporaines de la catégorie, mais dans un comportement particulièrement agile. Peut-être un peu trop diront sans doute ceux qui ont fait les frais d’un train arrière à l’humeur parfois badine, même s’il fallait pousser la base roulante dans ses retranchements pour en provoquer un décrochement qui ne faisait pas dans le subtil. On imagine donc que, dans la recherche de ce qui pourrait en constituer une évocation moderne CO2-free- et plus sûre, c’est vers l’Alpine A290 que se tourneront les ingénieurs maison en guise de benchmark. Et si l’on peut faire confiance au savoir-faire du lion en la matière, il n’en reste pas moins que les gétéistes de l’ère électrique devront s’habituer à des sensations nouvelles, qui n’auront sans doute qu’un lointain rapport de boîte avec celles d’une certaine icône.
Sur ces bonnes paroles, je vous laisse. J’ai une pré-commande à passer, pour être dans les premiers à recevoir -enfin- ma GTI à moi, même si je vous laisse deviner laquelle…

Le prototype de la 205 GTI en plastoc (Crédit : Heller)

La 205 de Ralph Gilles, au pays de l’Oncle Sam (Crédit : Compte Instagram de Ralph Gilles)

Ralph Gilles : L’homme qui dessine des Jeep et roule en 205… (Crédit : Stellantis)

Alain Favey : L’homme qui arrive en e-208 GTI… (Crédit : Stellantis)