22/05/2023 - #Bmw , #Jaguar , #Jaguar Land Rover , #Land Rover , #Nissan , #Opel , #Peugeot , #Fiat , #Tata , #Stellantis , #Toyota
Brexit : inquiétudes au Royaume-Uni sur de potentielles fermetures d'usines Stellantis
Par AFP
De possibles fermetures d'usines du constructeur automobile Stellantis au Royaume-Uni, faute d'un aménagement de l'accord commercial post-Brexit avec l'UE, suscitaient des inquiétudes dans le pays mercredi, de l'opposition travailliste aux représentants du secteur.
La maison mère de Fiat, Peugeot, Citroën et Opel/Vauxhall, qui dispose de deux principaux sites de fabrication au Royaume-Uni, à Ellesmere Port (nord de l'Angleterre) et Luton (au nord de Londres), a notamment prévenu les députés britanniques, dans une contribution publiée fin avril, d'un risque de "désavantage concurrentiel majeur" sur les véhicules électriques.
"Si le coût de la fabrication de véhicules électriques au Royaume-Uni devient non compétitif et non durable", notamment par rapport aux voitures venues du Japon et de Corée du Sud ou fabriquées dans l'UE, les activités au Royaume-Uni "vont fermer", poursuit Stellantis.
Le groupe s'inquiète notamment d'un durcissement prévu des "règles d'origine" dans le traité commercial post-Brexit avec l'UE, qui imposera à partir de 2024 qu'au moins 45% de la valeur des pièces du véhicules provienne de l'UE ou du Royaume-Uni pour être exempté de droits de douane.
Stellantis a toutefois rappelé mercredi, dans une déclaration transmise à l'AFP, que le groupe "a investi dans le site d'Ellesmere Port, qui démarrera cette année la fabrication de petits fourgons électriques".
"Nous avons besoin d'un meilleur accord post-Brexit", a martelé mercredi le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, en écho aux demandes de Stellantis, qui voudrait voir l'exécutif britannique se mettre d'accord avec l'UE pour repousser à 2027 l'entrée en vigueur des nouvelles règles.
Un porte-parole du gouvernement britannique a indiqué mercredi que la ministre du Commerce Kemi Badenoch avait déjà soulevé le problème avec Bruxelles. "Nous espérons parvenir à une résolution à ce sujet avec l'UE", a-t-il dit, notant aussi que la question affecte les industriels des deux côtés de la Manche.
"Le gouvernement a été prévenu depuis plus d'une décennie qu'il devait investir dans des usines de batteries pour assurer une transition en douceur vers la production de véhicules électriques au Royaume-Uni, mais il n'a pas agi", a dénoncé de son côté le syndicat Unite.
"Aucune stratégie"
La question de la fabrication des batteries est d'autant plus cruciale qu'elles représentent une part substantielle du prix des véhicules électriques.
"Le manque de capacité de fabrication de batteries au Royaume-Uni, combiné aux modifications des règles d'origine", était un problème connu, a assuré mercredi Jonathan Reynolds, responsable du parti travailliste pour les entreprises, devant les députés britanniques, "et pourtant le gouvernement n'a aucune stratégie pour apporter les investissements et les infrastructures nécessaires".
"A l'heure où chaque pays accélère sa transition vers des transports neutres en émissions et où les concurrents mondiaux (du Royaume-Uni) proposent des milliards pour attirer les investissements dans leurs industries, une solution pragmatique doit être trouvée rapidement", abonde Mike Hawes, directeur général de l'Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT).
Le gouvernement britannique a annoncé récemment étudier de possibles mesures pour aider le Royaume-Uni à rester "compétitif" face aux subventions vertes massives adoptées en particulier par les États-Unis.
Mais "cet avertissement de Stellantis est un rappel brutal que l'industrie automobile britannique est confrontée à un avenir très incertain", selon le groupe de réflexion Energy and Climate Intelligence Unit (ECIU), qui craint "la perte de milliers d'emplois et la dévastation de l'économie locale".
Ces inquiétudes interviennent quelques mois après le dépôt de bilan, en janvier, de la société britannique Britishvolt, qui se destinait à la construction d'une vaste usine de batteries pour voitures électriques, mettant un coup aux ambitions britanniques dans le secteur.
D'autres décisions de constructeurs pour établir des usines de batteries dans le pays sont attendues prochainement, notamment de Tata Motors, maison mère du constructeur automobile britannique Jaguar Land Rover (JLR), BMW, Toyota ou encore Nissan, a rapporté le Financial Times.
Stellantis a précisé aux députés britanniques qu'il pensait à l'origine pouvoir respecter la limite de 45% de pièces produites localement. Mais, a expliqué le groupe, "les prix des matières premières qui ne sont pas originaires (de l'UE ou du Royaume-Uni) augmentent considérablement, de sorte que nous sommes désormais incapables de respecter ces règles d'origine".