16/09/2024 - #Audi , #Bmw , #Porsche
Bolides à plaques polonaises : les affaires se multiplient
Par AFP
(AFP) - Pour des mariages, et pour des délits aussi : de puissantes voitures louées à prix cassés en Pologne sont régulièrement impliquées dans des affaires en France.
C'était le cas de la surpuissante Mercedes A45 AMG lors de la mort de Nahel à Nanterre en 2023, et de l'Audi RS3 dimanche dans le cas de Lilian Dejean à Grenoble...
Selon un loueur parisien, ses concurrents polonais profitent de malus à l'achat encore inexistants (il atteint jusqu'à 60.000 euros en France pour les voitures les plus polluantes).
BMW M2, Porsche, Mercedes Classe E ou G. Pour quelques centaines d'euros par jour, il est ainsi possible de louer des petites bombes, sportives d'exception, grosses berlines ou SUV, et parfois de les payer en liquide.
Le Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) avait déjà alerté dès 2021 sur ce phénomène "en vogue", comme l'a expliqué sa cheffe Annabelle Vandendriessche à l'AFP.
"On avait de plus en plus de services territoriaux qui remontaient l'usage de ces véhicules de location polonais. On a été amenés à creuser le phénomène : il y a un véritable essor de sous-location avec des sociétés situées en Pologne et des sous-locataires, sociétés ou particuliers français, qui mettaient les véhicules à disposition d'individus qui s'en servaient ensuite pour commettre divers actes répréhensibles", détaille-t-elle.
Pour Eric Henry, délégué national du syndicat Alliance Police Nationale, l'explication est toute simple : à la location, "un même véhicule coûte cinq fois moins cher en Pologne" qu'en France.
Trafics et rodéos
Il y a quelques années, les loueurs comme de nombreux particuliers se tournaient plutôt vers l'Allemagne, le Luxembourg ou la principauté d'Andorre.
Désormais, c'est l'Europe de l'Est, et notamment la Pologne, sixième marché automobile du Continent, qui a les faveurs des délinquants.
"Il y a une législation qui est extrêmement permissive", affirme le syndicaliste auprès de l'AFP.
Ces véhicules rejoignent ensuite la France, avec leurs plaques étrangères, et il devient très compliqué de remonter au véritable propriétaire en cas d'infraction.
"Il y a plusieurs types d'usage de ces véhicules : le moins néfaste, c'est de la location de véhicules de luxe pour un événement, comme un mariage par exemple. C'est une utilisation 'frime'", assure Annabelle Vandendriessche, du Sirasco.
"Il y d'autres utilisations beaucoup plus problématiques par des délinquants routiers, notamment sur des rodéos ou de très grands excès de vitesse, mais aussi sur des faits bien plus graves tels que des trafics de stupéfiants, vols à main armée, vols en bande organisée...", poursuit-elle.
"Ils profitent d'une impunité par rapport à l'absence de coordination entre l'Etat français et l'Etat polonais, par exemple, sur ces questions-là et passent au travers des infractions au code de la route", affirme encore Eric Henry, qui parle d'un "phénomène très important" et "difficile à endiguer en l'absence de coopération internationale".
Une "impunité" qui a été dénoncée par le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure : "Quand l'Etat va-t-il mettre un terme à ce fléau des locations de voitures de sport qui permettent aux délinquants de blanchir l'argent sale, de rouler et de tuer en toute impunité ?"