10/06/2022 - #Bmw , #Ford
Virage électrique : les constructeurs auto demandent une clause de revoyure
Par AFP
(AFP) - L'industrie automobile prendra le virage électrique mais il faudra vérifier avant 2030 si la demande et le réseau de bornes suivent, a réagi jeudi l'Association des constructeurs d'automobiles (ACEA) après le vote par le Parlement européen prévoyant 100% de voitures zéro émissions en 2035.
Malgré l'arrivée rapide de nouveaux modèles électriques, l'incertitude est telle selon l'ACEA que "toute norme allant au-delà de cette décennie est prématurée".
"Une clause de revoyure doit être prévue à mi-chemin pour définir des objectifs post-2030", a plaidé Oliver Zipse, président de l'ACEA et PDG de BMW, dans un communiqué.
"Il faudra voir à ce moment-là si le déploiement des bornes de recharge, ainsi que la disponibilité de matières premières pour les batteries, sont au niveau de la progression des ventes de voitures électriques", insiste-t-il notamment.
Le Parlement européen a approuvé mercredi, malgré une farouche opposition de la droite, la proposition de Bruxelles de réduire à zéro les émissions des automobiles neuves à partir de 2035, n'autorisant de facto que la vente de véhicules électriques et à hydrogène.
Des amendements proposant de poursuivre la vente de voitures hybrides, ou promouvant l'usage de "carburants synthétiques" ont été rejetés par le Parlement européen.
Tandis que Volvo ou Ford, entre autres, soutiennent ce virage électrique, les représentants des constructeurs allemands et français l'ont sévèrement condamné.
"On va tenir nos engagements, mais c'est un grand saut dans le vide et un sabordage industriel", a condamné le président de la Plateforme française de l'automobile, Luc Chatel.
Les constructeurs souhaitaient une "neutralité technologique", tandis "qu'on ne sait pas si on aura les clients" avec l'électrique, a déclaré M. Chatel à l'AFP.
"Les constructeurs chinois, les Américains vont continuer à faire du thermique. On choisit la technologie sur laquelle la Chine a dix ans d'avance et on leur laisse un boulevard sur le thermique pendant douze ans", a souligné M. Chatel.
"On dit depuis le début qu'il faut une clause de revoyure. Est-ce que le marché prend ? Est-ce que les bornes sont là ? Est ce que le tissu industriel amortit le choc?"
"Le Parlement européen a pris une décision contre les citoyens, contre le marché, contre l'innovation et contre les technologies modernes", a protesté de son côté Hildegard Müller, présidente de la fédération des constructeurs allemands VDA.
La VDA recommande une révision en 2028, "au cours de laquelle l'objectif final après 2030 sera décidé".
"La voie pour des solutions technologiquement diversifiées devrait toujours être ouverte. En outre, pour atteindre les objectifs climatiques, les e-fuels sont également nécessaires", a souligné Mme Muller dans un communiqué.