10/06/2022 - #Iveco , #Scania
Bus électriques : pas de panique après les incendies parisiens
Par AFP
(AFP) - Les bus électriques sont-ils sûrs ? Les très spectaculaires incendies de deux bus de la RATP dans les rues de Paris, en avril, ont fait froid dans le dos, mais les fabricants présents cette semaine au salon des transports publics (EuMo Expo) se veulent rassurants.
Tous remarquent d'emblée que les incendies sont très rares. "La règlementation en vigueur impose plusieurs sécurités en cas de problèmes avec les batteries électriques", explique Santiago Ferreira, spécialiste des autobus chez le constructeur italien Iveco.
"En cas de problème, si la batterie est transpercée par un quelconque objet par exemple, elle doit se mettre en court-circuit sans provoquer d'arc électrique", précise-t-il. Il assure également que les batteries nécessaires au fonctionnement de leurs bus sont isolées entre elles, et du reste du véhicule.
Selon lui, ce sont bien les batteries des bus qui ont brûlé les 4 et 29 avril. Mais le départ de feu aurait aussi pu être causé par les composants électroniques qui entourent la batterie, comme l'a sous-entendu le PDG du groupe Bolloré, le fabricant des bus qui ont brûlé.
Les deux bus fournis par Bluebus (une filiale de Bolloré) s'étaient rapidement transformés en torchères en plein Paris, ce qui avait conduit la RATP à immobiliser les 149 exemplaires de la série en attendant un éventuel correctif. Les enquêtes menées par le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), la RATP, Ile-de-France Mobilités et Bluebus sont toujours en cours.
Pour les représentants d'autres constructeurs comme Scania, Iveco ou Safra, la technologie des batteries pourrait également être en cause.
Bluebus utilise en effet une technologie maison de batterie lithium métal polymère (LMP). "Elle adore la chaleur", dit d'elle son directeur commercial, Christophe Hugé.
Ses concurrents ont eux misé sur des batteries lithium-ion plus conventionnelles, qui ont besoin d'être refroidies pour fonctionner.
Les diesels "crament aussi"
Christophe Hugé balaye ces arguments : "Nous utilisons cette batterie LMP depuis plus de dix ans sur les Autolib' (les voitures électriques en libre accès qui étaient disponibles à Paris, ndlr), il n'y a jamais eu de problème. Les bus de 12 mètres, qui ont brûlé, étaient en circulation depuis 2015 et il n'y avait jamais eu de problème." Pour lui, ces incendies sont des "événements rarissimes".
Pour le directeur commercial de Bluebus, les batteries lithium-ion ne sont d'ailleurs pas sans risques. "Elles doivent être refroidies constamment. En cas d'augmentation de la température ou d'un défaut de refroidissement il y a aussi un risque d'emballement thermique et d'incendie", expose-t-il.
"Si on me demande s'il n'y a aucun risque avec les batteries, honnêtement non, car c'est de la technologie", tranche Dirk Snauwaert, chargé de la communication chez le constructeur belge Van Hool. Toutefois, il rappelle que les constructeurs des batteries sont soumis à des contrôles stricts tout au long de la fabrication.
La technologie des batteries évolue et s'améliore sans cesse, insiste Cristina Palmero, porte-parole de l'entreprise espagnole Irizar e-mobility, qui a par exemple fourni les bus électriques d'Amiens et Bayonne. C'est une solution durable, qui pollue très peu et ne fait pas de bruit, insiste-t-elle.
Autre modèle très présent au salon des transports publics, le bus au gaz naturel ou à l'hydrogène. "Le gaz, pour être inflammable ou explosif, doit être très concentré. Ce qui peut poser problème, ce sont les fuites dans le réservoir", lequel est logé dans un espace exigu, explique Santiago Ferreira chez Iveco.
Pour éviter cela, plusieurs dispositifs sont obligatoires : la présence de vannes pour éviter la surpression, un système de refroidissement et la présence de torchères. Au contact de l'air, le gaz s'enflamme, mais les torchères isolées brûlent le gaz et l'empêchent de s'échapper.
Safra, entreprise française qui fabrique des bus à hydrogène essayés dans plusieurs villes de l'Hexagone, assure que ses réservoirs sont homologués pour garantir qu'ils n'exploseront pas.
Louison Guinfolleau, chargé des ventes du constructeur suédois Scania (groupe Volskwagen), préfère relativiser : "On entend très peu parler de moteurs électriques ou au gaz qui explosent. Les moteurs diesel crament aussi et on n'en parle pas !"