Ventes de véhicules moroses aux Etats-Unis au troisième trimestre

"L'environnement du trimestre a été en dents de scie et atone pour les constructeurs automobiles américains avec une demande des consommateurs et des taux d'intérêt décevants", a commenté Dan Ives, analyste chez Wedbush.

"Nous avons constaté des zones de force sur le front des véhicules électriques mais, dans l'ensemble, le trimestre a été mou (...), marqué par un Stellantis meurtri et des chiffres très contrastés chez Ford", a-t-il relevé.

Ford est le seul des trois grands constructeurs historiques américains à afficher une hausse sur le trimestre, mais marginale (+0,7%, à 504.039 véhicules).

Les ventes ont chuté de 20% sur un an chez Stellantis (305.294 véhicules) et de 2,2% chez General Motors (659.601 véhicules) qui a cependant fait mieux que les anticipations des analystes.

"Nous continuons de prendre les mesures nécessaires pour attirer des ventes et pour préparer notre réseau de concessionnaires et nos clients à l'arrivée des modèles 2025", a commenté Matt Thompson, responsable aux Etats-Unis des ventes de Stellantis (Jeep, Ram, Chrysler, Dodge, Fiat, Alfa Romeo).

Les trois grands de Detroit (Michigan) ont pu néanmoins se féliciter des ventes de véhicules électriques et hybrides.

"Les clients continuent d'avoir une préférence pour les motorisations hybrides pendant les mois d'été", a noté Ford, qui a écoulé 23.509 véhicules électriques (+12,2% sur un an) et 48.101 véhicules hybrides (+38%).

D'après sa publication mardi, General Motors a vendu 32.000 véhicules électriques sur le trimestre (+46%).

Devenant ainsi le second vendeur de véhicules électriques aux Etats-Unis sur le trimestre et depuis le début de l'année (70.750, contre 67.689 pour Ford), derrière le spécialiste Tesla.

"Bonne direction"

Ce dernier, qui publie uniquement ses performances mondiales, a annoncé mercredi des livraisons conformes aux prévisions avec 462.890 véhicules remis à leurs propriétaires au troisième trimestre.

"Ce chiffre peut être qualifié de bon et allant dans la bonne direction mais, clairement, les marchés espéraient un chiffre supérieur de 3.000 à 5.000" véhicules, notent les analystes de Wedbush, pour expliquer la baisse de l'action jusqu'à plus de 5% à la Bourse de New York.

"Dans l'ensemble, c'est une nette amélioration par rapport au premier semestre et nous pensons que l'objectif de 1,8 million pour l'année reste crucial et une grosse bête noire", poursuivent-ils.

"Presque tous les véhicules seront purement électriques à long terme. Les véhicules à combustion seront une niche, comme les chevaux", a posté Elon Musk, patron de Tesla, mercredi sur X, commentant un message évoquant le fait que les ventes de véhicules électriques étaient désormais majoritaires en Norvège.

Selon Kelley Blue Book, le prix moyen d'un véhicule neuf aux Etats-Unis est resté inférieur sur un an pour le onzième mois consécutif en août, à 47.870 dollars (-1,7% sur un an et -0,6% sur un mois).

"Des stocks plus élevés continuent d'ajouter de la pression sur le marché", avec des promotions ayant représenté en août en moyenne 7,2% du prix final, a relevé le spécialiste, filiale de Cox Automotive.

Les consommateurs "ont toujours des problèmes de prix abordables. La baisse des taux d'intérêt (par la banque centrale américaine, NDLR) va aider", a anticipé Charlie Chesbrough, économiste de Cox Automotive.

Ce qui peut expliquer, selon lui, le succès des véhicules compacts, que ce soit les SUV, les voitures et même les pick-up "qui gardent leurs fonctionnalités tout en ayant un prix abordable".

Il a également noté que les ventes baissaient traditionnellement en amont d'une élection présidentielle, avec un rattrapage une fois l'incertitude levée.

Mais certaines positions de Donald Trump, notamment sur l'auto-régulation et la lutte contre le changement climatique, ajoutent aux préoccupations.

Les constructeurs étrangers ont connu des fortunes diverses sur le trimestre.

Les ventes du groupe japonais Honda ont progressé de 8% à 366.214 véhicules, marquées par un recul de 6,7% pour les automobiles et un bond de 15,7% pour les pick-up.

Celles de son compatriote Toyota ont en revanche reculé de 8% à 543.872 véhicules, dont plus de la moitié étaient électrifiés avec un bond de 38,6% à 255.863.