26/09/2022 - #Ford , #Chevrolet , #Tata
Salon auto de Détroit : l'électrique d'accord, mais pas forcément tout de suite
Par AFP
(AFP) - Les voitures électriques "vont finir par être la seule option", reconnaît Tim Stokes, un visiteur du salon de l'automobile de Détroit qui compte quand même "attendre le plus longtemps possible" avant d'abandonner les véhicules à essence.
Comme cet employé dans le secteur des télécoms, de nombreux consommateurs venus visiter le salon hésitent encore.
Admirant une nouvelle Ford Mustang à essence, il raconte que des amis employés dans l'automobile lui ont conseillé d'attendre 3 ou 4 ans, le temps que l'industrie "se débrouille des problèmes".
Y a-t-il suffisamment de bornes de recharge ? Les prix plus élevés sont-ils justifiés ? La production des batteries ne nuit-elle pas à l'environnement ?
Autant de questions que se posent les consommateurs.
Justin Tata pense que "les moteurs à combustion interne vivent leurs derniers jours".
Mais le jeune homme n'envisage pas d'acheter une voiture de ce type avant au moins cinq ans, voire dix, car il s'interroge sur le recyclage des batteries.
La prédominance des voitures électriques au salon de Detroit, qui se termine dimanche, montre néanmoins qu'elles ne sont plus un produit de niche.
Poussés à répondre aux inquiétudes sur le réchauffement climatique, et encouragés par les politiques des gouvernements, les constructeurs ont présenté des versions électriques de leurs modèles les plus populaires.
Le juste prix
Chevrolet a ainsi mis en valeur un pick-up (le Silverado) et deux SUV (le Blazer et l'Equinoxe) électriques, disponibles à la commande, pour des livraisons prévues en 2023.
Ford a de son côté dévoilé une version électrique de son pick-up à succès, le F-150, et lancé un nouveau SUV, le Mustang Mach-E.
D'après une enquête réalisée cette année, quelques 14% des Américains disent qu'ils achèteraient "sans aucun doute" un véhicule électrique s'ils avaient besoin d'une nouvelle voiture, alors qu'ils n'étaient que 4% qu'en 2020.
Mais les experts du secteur soulignent qu'une réelle transformation de la flotte américaine va prendre des années, notamment à cause des prix : une voiture électrique coûte en moyenne près de 67.000 dollars, selon le cabinet Cox Automotive.
Les constructeurs subissent en plus les difficultés sur la chaîne d'approvisionnement et s'inquiètent de la disponibilité future de certains matériaux, comme le lithium ou le cobalt.
Don Lamos, qui travaille pour un fabricant, avait commandé une Lightning, mais est revenu sur sa décision quand Ford a monté le prix au-dessus de la barre des 80.000 dollars, à ne pas franchir pour bénéficier d'un crédit d'impôt de 7.500 dollars.
Avec sa femme Janice, ils considèrent désormais l'Equinox de Chevrolet, commercialisée à partir de 30.000 dollars.
"S'ils maintiennent ce prix, alors c'est génial", a-t-il dit. "Mais je ne sais pas s'ils arriveront à leurs objectifs de production pour l'année prochaine, on va voir".
"Pas si propres"
Le couple est certain de vouloir passer à l'électrique, pour économiser de l'argent et par conviction environnementale. Mais ils ne sont pas sûrs de vouloir dépenser autant maintenant alors que les batteries vont probablement devenir plus performantes.
D'autres sont aussi freinés par le manque de stations de recharge.
De nombreux véhicules électriques promettent de parcourir près de 500 km sur une seule charge, mais la distance diminue en fonction du chargement.
"Quand on a besoin d'essence on en trouve au coin de la rue. Je ne crois pas qu'il y ait suffisamment de stations pour une voiture comme celle-ci", note Carlos Rubante, un visiteur, à propos de la Lightning. Sa femme, Rebecca, fait en outre remarquer que le couple passe beaucoup "par les petites routes" pour aller skier.
Le président américain Joe Biden a dégagé 7,5 milliards de dollars pour la construction de bornes. Lors de sa visite au salon, il a assuré qu'elles seraient bientôt "aussi faciles à trouver que les stations-service" tout au long des autoroutes traversant les Etats-Unis.
Enfin, de grandes inconnues autour de la production de ces voitures subsistent aux yeux des consommateurs.
Au-delà du recyclage des batteries, les conséquences de l'extraction tous azimuts des matériaux, comme le travail des enfants dans les mines de cobalt en République démocratique du Congo, inquiètent Cristian Dambo Damboiu, qui travaille pour un sous-traitant automobile.
"Si on prend tout ça en considération, elles ne sont peut-être pas aussi propres qu'elles en ont l'air", souligne-t-il.