29/09/2022 - #Stellantis
Pouvoir d'achat : la prime ne calme pas les esprits chez Stellantis
Par AFP
(AFP) - La prime n'a pas calmé la colère chez Stellantis : plusieurs usines du constructeur automobile ont débrayé mercredi, au lendemain de l'annonce par la direction d'une "prime de partage de la valeur" de 1.000 euros pour aider ses salariés en France à faire face à l'inflation.
A Valenciennes (Nord), où on fabrique des boîtes de vitesse, entre 90 et 95% des salariés de l'équipe de nuit ont posé leurs outils la nuit dernière, toujours selon les syndicats. Mercredi matin, ils étaient entre 200 et 400 à débrayer de nouveau, d'après diverses sources.
A Sochaux, ils étaient 500 rassemblés vers 11H00 sous l'impulsion de la CGT, la CFDT, FO et la CFTC. La direction de l'usine évoquait elle le chiffre de 250 à 300 salariés mobilisés pour l'équipe du matin mais 200 pour celle de l'après-midi. "La ligne ne s'est pas arrêtée de tourner", a tenu à préciser la direction locale.
D'après la CGT, ils étaient 200 à débrayer à Metz (Moselle), où sont fabriquées des boîtes de vitesse, et 250 dans la grande usine de moteurs du Pas-de-Calais, à Douvrin.
Contactée, la direction s'est refusée à commenter ou confirmer ces chiffres, mais a indiqué que la production était assurée, malgré quelques ralentissements ici ou là.
"Pas de renvoi d'ascenseur"
Mardi, l'annonce par Stellantis du versement d'une prime de 1.000 euros pour tous les salariés gagnant jusqu'à deux fois le Smic, soit près de deux tiers des effectifs, est loin d'avoir satisfait les partenaires sociaux.
Depuis le début de l'été, ils réclament un geste de la part du groupe qui a enregistré d'excellents résultats financiers avec un bénéfice net à 8 milliards d'euros au premier semestre.
Tous les salariés auront également la possibilité de monétiser jusqu'à trois jours de RTT, soit 400 euros en moyenne pour un ouvrier et 600 euros pour un cadre.
"La direction a trop tardé à amener cette discussion, ce qui fait qu'il y a de la déception car l'attente était forte", a expliqué Christine Virassamy, déléguée syndicale centrale CFDT.
"Depuis deux ans, les salariés se sont montrés exemplaires, résilients, flexibles (...) et là, on a le sentiment qu'il n'y a pas de renvoi d'ascenseur pour tous les efforts consentis", a ajouté Mme Virassamy, évoquant un "cocktail explosif".
"On a apporté une réponse qui permet de maintenir, voire d'accroître le pouvoir d'achat", a répondu à l'AFP un porte-parole du constructeur automobile. En outre, "on n'a pas fermé la porte sur les salaires, car on a avancé les négociations salariales", a-t-il assuré.
Initialement prévues en février 2023, les négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires ont été avancées à décembre, mais CFDT et CGT demandent à les ouvrir le plus vite possible.
"Poursuivre les débrayages"
"L'ensemble des mesures mises en oeuvre par Stellantis au cours de l'année 2022 aboutit à 6,8% d'amélioration du pouvoir d'achat pour les salariés gagnant jusqu'à deux Smics", a réagi auprès de l'AFP le DRH de Stellantis France, Bruno Bertin.
"1.000 euros, c'est une somme pour les salariés qui l'ont, mais pour autant, le vrai combat demain, ce seront les NAO", a insisté le délégué syndical central CFTC, Frédéric Lemaytch.
D'après lui, les racines de la colère sont à trouver du côté des ouvriers travaillant en équipe de nuit et bénéficiant de primes qui font passer leur salaire juste au-dessus de deux fois le Smic. Or la "prime de partage de la valeur" est divisée par deux et passe à 500 euros pour tous les salariés gagnant plus que cette somme.
Si la direction ne se dit pas inquiète et assure qu'il s'agit d'un mouvement "d'une heure, non reconductible et pas sur tous nos sites", la CGT appelle à intensifier la mobilisation.
"On appelle à poursuivre les débrayages, à ce qu'ils s'amplifient et prennent le chemin de la grève le plus rapidement possible", a insisté Jean-Pierre Mercier, figure syndicale du groupe qui se présente comme le porte-parole de la CGT Stellantis.