13/02/2025
Michelin boucle un exercice 2024 marquée par les restructurations
Par AFP

(AFP) - Le fabricant de pneus Michelin a vu son bénéfice net reculer de 4,7% à 1,9 milliard d'euros en 2024, année marquée par une restructuration importante du groupe pour améliorer sa compétitivité prévoyant la fermeture de plusieurs sites dans le monde, dont deux en France.
Son chiffre d'affaires annuel s'est inscrit en baisse, de 4,1%, par rapport à 2023, pour s'établir à 27,2 milliards d'euros, en raison notamment d'un marché du pneu pour véhicules neufs en déclin dans tous les secteurs, a annoncé le groupe mercredi.
"Financièrement, Michelin aura réalisé des résultats solides en 2024 dans des conditions de marché beaucoup plus contrastées que ce qu'on avait pu imaginer fin 2023", a estimé le président du groupe Florent Menegaux, lors de la présentation des résultats à la presse.
"Nous avons dû prendre des décisions fortes et difficiles de restructuration" en 2024, a-t-il rappelé, avec des annonces de fermeture d'usines en France (Vannes, Cholet), aux États-Unis, en Allemagne, des réorganisations en Chine et en Pologne et l'annonce de la vente de deux usines sur cinq au Sri Lanka.
Les annonces de fermeture en France concernent 1.254 salariés et les négociations du plan de départ devraient aboutir fin mars, selon M. Menegaux.
Déficitaire en France
"En Europe, nous avons fait un gros travail de réajustement de notre empreinte industrielle, je pense que le gros a été fait", a-t-il assuré. Il est également revenu sur l'interview qu'il a donnée au Financial Times mardi, dans laquelle il a annoncé sa volonté d'accélérer ses investissements États-Unis pour contrer les hausses de droits de douane promises par Donald Trump.
"Il ne s'agit pas pour Michelin de désinvestir en Europe pour investir aux Etats-Unis. Il s'agit de dire que nous pourrions être amenés à revoir le calendrier et les priorités" des investissements, a précisé le président de Michelin.
Pour expliquer les fermetures d'usine en France, il a rappelé que l'activité du groupe était déficitaire dans l'Hexagone. "La France, c'est 3% du résultat du groupe mais 14% des impôts payés", a-t-il souligné.
Malgré cette année compliquée, Michelin prévoit de poursuivre son programme de rachat d'actions et va verser à ses actionnaires 1,38 euro de dividende par action détenue.
L'année dernière, le groupe de Clermont-Ferrand a souffert du déclin du marché de la première monte (pneus pour véhicules neufs) qui a concerné aussi bien le marché de l'automobile et du deux-roues que celui des camions, des véhicules agricoles ou miniers.
Montée en gamme
Pour les voitures et deux-roues, les ventes ont reculé de 2% dans le monde et la baisse a été encore plus prononcée en Europe (-7%). La demande de pneus de remplacement a compensé cette baisse, puisqu'elle a progressé de 4% sur un an dans le monde.
Pour les poids lourds, la première monte a connu une chute encore plus brutale, de 20% en Europe et 11% en Amérique du Nord et Centrale. Là aussi, le marché du remplacement est venu compenser en partie, avec une progression mondiale de 3% hors Chine.
Les autres secteurs ont également connu des replis marqués, pour diverses raisons.
Pour les véhicules agricoles, "la baisse du revenu moyen des agriculteurs" est venue pénaliser le marché, en recul de plus de 20% "tant dans les Amériques qu'en Europe". Dans la construction, la demande est en retrait d'environ 15% sur la première monte, "pénalisée par le ralentissement de la construction individuelle tant en Europe qu'en Amérique du Nord".
Michelin est cependant parvenu à maintenir sa marge opérationnelle des secteurs, l'indicateur de rentabilité qu'il privilégie, à 12,4% (12,6% en 2023). Son résultat opérationnel des secteurs s'est établi à 3,4 milliards d'euros (-5,4%). Une performance permise par la montée en gamme des ventes du groupe puisque "plus de 65% de nos ventes de pneus sont en 18 pouces et plus, avec un contenu technologique plus important", a précisé Florent Menegaux.
Pour 2025, le groupe s'attend à une légère croissance du marché des pneumatiques mais anticipe un premier semestre "en déclin".