22/10/2020 - #Renault
Le GNFA contraint de se restructurer pour restaurer sa compétitivité
Par Xavier Champagne
Chef de rubrique
Le GNFA s'attend à une perte de 18 millions d’euros cette année, conséquence directe de la crise sanitaire. Un projet de réorganisation, assorti d’un plan de sauvegarde de l’emploi, va être négocié avec les partenaires sociaux dans les mois à venir.
La direction du GNFA a présenté la semaine dernière à ses salariés un projet de réorganisation, assorti d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Virginie de Pierrepont, présidente de l’association, espère que les négociations avec les partenaires sociaux aboutiront au plus tard en janvier prochain, car "chaque mois d’incertitude qui passe renforce les inquiétudes de nos salariés qui doivent pourtant assurer la continuité de leur mission".
La situation de l’organisme de formation de la branche des services de l’automobile est alarmante : "Nous devrions réaliser une perte de 18 millions d’euros cette année, ce qui va réduire à néant nos fonds propres. Si l’on ne fait rien, c’est la liquidation judiciaire assurée", explique la présidente.
L’organisme, bénéficiaire en 2018 et 2019, a subi de plein fouet la crise sanitaire : "Nous avons dû cesser les formations pendant le confinement, puis les entreprises ont eu trop de travail pour envoyer leurs salariés en formation. Au final, notre chiffre d’affaires devrait être divisé par deux cette année, à 28,5 millions d’euros (contre 56 millions en 2019)", estime-t-elle.
Jusqu’à maintenant, le GNFA a pu continuer à payer ses 416 salariés (dont 206 formateurs et consultants), grâce au chômage partiel "qui ne pourra être maintenu que jusqu’au 24 décembre", et conserver de la trésorerie grâce à une avance de l’organisme financeur, l’OPCO Mobilités, et à des franchises de loyers accordées par ses SCI. "Nous sommes toujours dans l’attente d’un accord pour obtenir un PGE", ajoute la présidente.
Le Covid a été l’accélérateur d’une réforme qui avait commencé à se faire en douceur au sein du GNFA, à travers le non-renouvellement de départs en retraite et une orientation des formations vers moins de présentiel pour les rendre plus compétitives (avec la réduction des frais de transport notamment).
"De 60 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, nous nous attendons à tendre vers une fourchette de 41 à 43 millions à l’avenir, directement en lien avec la réforme de la formation professionnelle de septembre 2018 qui réduit progressivement notre champ d’activité de plusieurs millions d’euros et ouvre le marché de la formation continue à davantage de concurrence, dont celle des CFA et d’entreprises comme Renault qui a créé une BU dédiée à la formation".
Les mesures d’urgence envisagées par la direction du GNFA prévoient la fermeture de 4 agences commerciales et de 3 centres de formation, à Clermont-Ferrand (63), Le Mesnil Esnard (76), Saint-Benoît (86), Besançon (26) et Brive la Gaillarde (19), sur un total de 16 agences et 16 centres. "L’objectif est de nous recentrer sur nos centres de formation principaux, gérés par nos SCI, et de ne plus déplacer des formateurs et du matériel dans les CFA où nous louons des espaces. Nous souhaitons aussi faire évoluer notre approche commerciale en réduisant le poids des agences locales tout en développant notre service marketing central et nos outils digitaux (informations et inscriptions en ligne). Notre clientèle de grands groupes de distribution sera aussi traitée en central, comme le sont déjà les grands comptes que sont les constructeurs et les équipementiers", explique Virginie de Pierrepont.
Le GNFA va aussi revoir l’efficacité de chacune de ses directions et supprimer les formations les moins rentables. L’organisme cite trois formations spécifiques : la maintenance du véhicule industriel "coûteuse en équipements et souvent intégrée par les constructeurs", la gestion d’entreprise et la bureautique, "deux domaines très concurrencés et sur lesquels nous sommes moins connus", explique la présidente.
"La notoriété du GNFA n’est plus à faire. Nous devons maintenant nous concentrer sur nos activités à valeur ajoutée, les formations métiers, le commerce, tout en développant la digitalisation de la formation. 10% de nos formations peuvent se faire à distance, et d’autres formations peuvent mixer distanciel (modules théoriques sur aspect juridique ou financier, par exemple) et présentiel (techniques véhicules et jeux de rôle vendeurs, notamment). Notre objectif est de renouer avec la croissance grâce à une compétitivité restaurée à horizon 2022", conclut la présidente.