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23/02/2023 - #Tesla , #Audi , #Maserati

La Folgore de vivre

Par Jean-Philippe Thery

La Folgore de vivre
Maserati GranTurismo Folgore Blu Nobile... Redites-le moi encore une fois pour voir… (Crédit : Maserati)

Aujourd’hui, je vous parle d’une Maserati qui fait battre mon cœur. Même en version pace-maker…

Décidément, ça devient une obsession.
Il y a quelque temps, je me (vous ?) prenais la tête à propos de l’avenir de Maserati, dans ma chronique du 26 janvier dernier, intitulée Why MC ?

J’y faisais part de mes réflexions inspirées par la lecture d’un essai routier de la MC20, extraordinaire GT n’ayant pourtant de mon point de vue pas beaucoup de wagons à tirer dans son rôle de locomotive de gamme, entre deux berlines et un SUV des années 2010. A part bien sûr le Grecale, qui vient d’introduire la marque dans le monde disputé des SUV compacts, et à qui on souhaite plus de succès qu’un Levante aux performances commerciales en demi-teinte.

Eh bien malgré la promesse alors effectuée en fin de page de ne pas répéter le triturage de neurones à propos de la marque, je remets aujourd’hui le couvert avec un trident en guise de fourchette, et de nouveau sur la foi d’un article de la presse spécialisée. On ignorera le fait que j’ai lu l’essai de la GranTurismo Folgore non pas sur mon portable dans le tram du matin comme c’était le cas pour la MC20, mais à la lueur de ma lampe de chevet et sur papier glacé avant de m’endormir. Même si les experts en psychologie automobile ne manqueront pas de relever l’influence que l’effeuillage d’un vrai magazine à la tombée de la nuit aura pu exercer sur ma perception de l’auto…

Mais commençons par le commencement, et comme il se doit par une présentation nominale. "Folgore", c’est l’appellation retenue pour désigner les futurs modèles full électriques de Maserati, à commencer par la GranTurismo à batteries. Et comme je ne parle pas le Dante dans le texte, j’ai consulté Google Traduttore, qui m’a répondu "coup de tonnerre, éclair, foudre" ou mieux encore, "coup de foudre".

Et là, je tire mon chapeau aux membres du comité appellation de la marque, qui non seulement nous ont évité le recyclage apocryphe d’un nom existant comme un sempiternel e-truc, e-bidule ou e-machin, mais qui nous ont de surcroit trouvé comment nous faire dresser tous les poils du corps, avec un mot aux vertus électrostatiques.

Il faut dire que les ragazzi de Modena disposent d’un avantage compétitif substantiel que la planète entière leur envie, par la grâce de la seule langue au monde dans laquelle l’expression "quatre portes" est assez envoûtante pour être utilisé comme nom de modèle, là où elle serait totalement ridicule dans n’importe quel autre idiome. Il ne viendrait en effet pas à l’idée des marketeurs d’Audi de baptiser leur limousine haut de gamme "Vierturen" et ce n’est sans doute pas par hasard s’ils s’en tiennent pragmatiquement à des combinaisons de lettres et numéros. Sans compter que les gars d’Ingolstadt utilisent "Quattro" depuis des années, alors qu’on ne verra jamais de Maserati Vier ou Allradantrieb.

Bref imaginez Sophia ou Gina susurrant "Maserati Granturismo Folgore" à votre oreille et je vous mets au défi de ne pas ressentir de palpitations (je laisse à mes lectrice le choix des prénoms masculins -ou pas- qui leur conviendront). D’ailleurs, et bien que détestant les répétitions, je crains de faire exception à la règle et de vous servir ce nom-là sans modération dans les lignes qui vont suivre. Quoiqu’il en soit, si en ma seule compagnie j’ai dû demander à Google de le prononcer pour moi, il n’en reste pas moins qu’un nom pareil, ça crée des attentes. Et on se dit qu’au moment de retirer le voile léger couvrant la carrosserie, mieux vaut que celles-ci ne soient pas déçues…

Et là…Mamma mia ! Dites-moi comment on fait pour dessiner une voiture pareille. Parce qu’en ce qui me concerne, la Maserati GranTurismo Folgore, ça été l’amore a prima vista. A tel point que selon moi, l’heureux propriétaire du modèle qui ne se retournerait plus au moins deux ou trois fois sur sa compagne motorisée après l’avoir stationnée aurait perdu toute énergie vitale. Je me garderai d’ailleurs bien de vous conseiller d’aller jeter un œil aux photos de bas de page, de crainte de ne plus vous revoir de toute cette chronique. C’est bien simple, le dessin de la Maserati Granturismo Folgore (désolé) constitue probablement dans l’univers automobile d’aujourd’hui ce qu’on peut trouver émotionnellement de plus proche de… bon, vous savez.

 

Mais la tâche de rédacteur qui est la mienne m’impose de retrouver mes esprits. Parce que pour belle à damner qu’elle soit, la Maserati Granturismo Folgore (c’est addictif) pose tout de même un certain nombre de questions, surtout que traditionnellement, c’est le moteur qui constitue véritablement le cœur des productions de la Viale Ciro Menotti di Modena. Et là, ce n’est pas d’un, mais de tre cuori dont dispose la première Maserati totalement elettrica, même si les vocalises et borborygmes en sont évidemment absents. Mais pas de silence non plus,  puisque la marque affirme avoir suffisamment travaillé l’acoustique de l’auto pour que les soupirs qu’elle arrache à son conducteur ne soient pas d’ennui.

En revanche, les watts sont bien là et même en excès puisque par l’une de ces bizarreries auxquelles il faudra bien s’habituer à l’heure du retour en grâce de l’électro,1+1+1 ne font pas trois, et les près de 400 chevaux dont chacun des moteurs est capable ne délivrent qu’un total de "seulement" 761 chevaux, limités qu’ils sont par la capacité de la batterie.

Mais reconnaissons tout de même qu’associés au couple de 1350 Nm distribué aux quatre roues, il sont suffisants pour négocier avec le concessionnaire de la marque un forfait chez le chiropracteur, histoire de remettre en place des cervicales malmenées en appui comme par le 0 à 100 en 2,7 secondes. Pour mémoire, c’est exactement le temps réclamé par la plus performante des Tesla, véritable Plaid des constructeurs de sportives traditionnelles, puisque celle-ci n’a de cesse de vouloir tirer la couverture médiatique à elle.

Au final, la Folgore délivre beaucoup plus que la version Trofeo de la GranTurismo, qui doit se contenter de 550 Ch et 660 maigres Nm avec le V6 Nettuno pourtant surnourri par deux turbocompresseurs. Pire encore, la "Modena" d’entrée de gamme ne délivre "que" 490 ch et réclame pas moins de 3,9 secondes pour atteindre 100 km/h.

Vous avez bien lu, la Maserati GranTurismo est disponible en plusieurs saveurs, y compris celles distillant encore des effluves de pétrole. Ce qui nous indique que les ingénieurs modénais n’ont pas eu besoin de rouler en skateboard pour passer au jus d’électron, même si ceux-ci ont dû plancher dur pour loger les 92,5 kWh de batterie aux emplacements habituellement occupés par les organes mécaniques de la motorisation thermique.

Le marketing de la marque présente d’ailleurs habilement sa plateforme polyvalente comme un atout puisque permettant de positionner les modules de la batterie "au bon endroit" plutôt que sous le plancher. Si ça permet de préserver la position de conduite propre aux sportives, dont les propriétaires n’apprécient guère d’être assis sur un gisement de lithium les éloignant du sol, c’est évidemment faux concernant le centre de gravité qui préfère en principe ne pas prendre trop de hauteur.

Mais à en croire ceux qui ont eu la chance de l’essayer -y compris sur circuit où Maserati n’a pas craint de les emmener- il n’y a guère d’inquiétude à avoir sur le comportement dynamique de la Maser… voiture en question. Il faut dire que de nos jours, l’électronique réalise des miracles, surtout quand elle peut jouer avec la répartition du couple individuellement sur chaque roue, y compris en l’inversant. Les Anglais -qui conservent l’apanage des appellations techniques- appellent ça le "torque vectoring", et ceux qui en profitent de la magie.

Mais malgré tous les avantages numériques de la Folgore, quelque chose me dit que les clients de la GranTurismo préfèreront sans doute encore la motorisation thermique pour la majorité d’entre eux. Curieux destin que celui de cette version électrisée et électrisante d’une auto qui se voit concurrencée par celle qu’elle contribuera à faire disparaitre, peut-être précisément parce que cette dernière constitue l’ultime opportunité de profiter de la combustion interne avant passage au tout électrique.

Et puis subsiste la question que j’avais posée dans ma chronique précédente quant au renouvellement des modèles de plus grande diffusion qu’une auto comme la Granturismo est également censée soutenir par l’image. Mais en dehors du fait que celle-ci vise probablement des volumes plus conséquents que ceux de la MC20, la Folgore se veut l’annonciatrice de quelque chose de nouveau chez Maserati.

Pas qu’au sein de la marque d’ailleurs, puisqu’en grillant ses concurrentes sur le poteau -y compris une certaine voisine modénaise- celle-ci prétend être la première à prouver que la tradition de la belle GT ne mourra pas avec l’électrique, qu’il s’agisse de la contempler dans son garage ou de l’empoigner par le volant. Même si on doit tout de même à l’honnêteté de rappeler que la primeur de l’électricité dans le segment des GT sportives haut de gamme revient à Mercedes avec l’AMG SLS Electric Drive lancée il y a 10 ans, dont il se dit qu’à peine neuf exemplaires auraient été produits.

Un chiffre qu’on souhaite évidemment voir dépasser … la Maserati GranTurismo Folgore.

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Réactions

490 chevaux pour la version Modena, Jean-Philippe ;-)
Belle à tomber, facile avec 4 roues motrices, utile avec 4 vraies places, très bien fabriquée, à la page au niveau techno, Maserati tient une revanche attendue, et méritée.
Cerise sur le panettone, cette incroyable version Folgore, aux sensations ... inedites, garanties sans Malus !
Forza !

@Philippe Beauge. La coquillette à 100 chevaux! On va corriger. Merci de me l'avoir signalée, et bonne journée... en Maserati ou pas !

Quel est le poids de cette jamais contente?

2,1 s pour la Model S Plaid!

L'auto pèse 2260 kilos, soit 13 kgs de moins qu'une Bentley Continental GT Speed ... thermique !

À vide ou avec le plein?bientôt permis PL?))))

Et plus du double de mon A 110,le poids toujours le poids (Chapman))))))

Elle est diablement belle !

Sinon, à quand le 0 à 100 en 1 seconde ? Puis le 0 à 200 en 2 secondes. On n'ira pas au-delà.

Déjà arrivée avant de partir,à quand les combinaisons anti g dans les caisses ? Surtout pas d’omelette au petit déjeuner ?

Et surtout un grand merci à JPT de préciser qu'une version thermique existe.
Elle est donc aussi belle et surtout beaucoup moins lourde avec une belle sonorité, mais il lui manque une chose... le "Folgore" dans son patronyme puisque qu'elle ne s'appela que "Granturismo" et c'est déjà pas si mal. Personnellement je préfère.

Mouais !
Trop facile de faire des caisses à 250 000...
;0)

0 à 100 en 2,1 s ça fait 14G..
quelqu'un l'a vu un jour ou c'est encore de la daube invérifiable??
;0)

Et la Zoeforet combien de G?
Allez jouer à Dubai
Slava Ukraini

@Lucos 15h11
Je n'ai pas réagi à votre équation mais le 0 à 100 en 2 secondes ne représente pas 14 g (le conducteur s'évanouirait) mais correspond à 14 m/s² (13,89 exactement) et comme 1 g = 9,81 m/s² les 14 m/s² représentent 1,42 g
Ca vous plaque déjà bien sur le dossier (j'ai "fait" quelques départs arrêtés musclés (à donf) avec une Tesla S, c'est impressionnant et parfaitement inutile, ridicule, etc.)

Cher JPT, si je lis exclusivement vos articles dans autoactu, ce n'est pas seulement parce que ce sont les seuls en accès gratuit, mais parce qu'une telle alliance entre la passion automobile et l'art de manier le langage me remplit de joie à chaque lecture !

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