30/10/2024 - #Tesla , #Bmw , #Byd , #Geely , #Saic
L'UE adopte jusqu'à 35% de surtaxes sur les voitures électriques importées de Chine
Par AFP
(AFP) - La Commission européenne a adopté mardi le règlement instituant des droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques importées de Chine, qui sont accusées de créer une concurrence déloyale.
Malgré l'hostilité de l'Allemagne, Bruxelles a décidé d'ajouter aux 10% de taxe déjà en place une surtaxe allant jusqu'à 35% sur les véhicules à batterie de fabrication chinoise, selon le texte du règlement mis en ligne par la Commission.
La décision doit être publiée mercredi au Journal officiel de l'UE et entrer en vigueur dès jeudi.
L'objectif affiché est de rétablir des conditions de concurrence équitables avec des constructeurs accusés de profiter de subventions publiques massives.
Il s'agit de défendre la filière automobile européenne et ses quelque 14 millions d'emplois contre des pratiques jugées déloyales identifiées au cours d'une longue enquête de la Commission.
Pékin avait dénoncé des "pratiques protectionnistes injustes et déraisonnables" après le feu vert donné début octobre par les Etats membres de l'UE au projet de surtaxes de la Commission.
Jusqu'au dernier moment, le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis a poursuivi le dialogue avec le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, pour tenter de trouver une solution négociée. En vain.
Malgré tout, les deux parties sont convenues de continuer les consultations: à tout moment, les surtaxes pourraient être supprimées si un accord était trouvé sur d'autres moyens pour compenser le préjudice identifié par l'enquête européenne.
La Chine menace de frapper les intérêts européens. Elle a déjà répliqué en lançant des enquêtes antidumping visant le porc, les produits laitiers et les eaux-de-vie à base de vin importés d'Europe, dont le cognac.
De quoi faire fléchir certains membres de l'UE.
L'Allemagne et quatre autres pays (Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Malte) avaient voté contre le projet de taxes de la Commission, tout en échouant largement à rassembler la majorité nécessaire pour le rejeter.
Crise chez Volkswagen
La Commission "ne doit pas déclencher de guerre commerciale", avait mis en garde le ministre allemand des Finances, Christian Linder.
Les fleurons automobiles du pays, fortement implantés sur le premier marché mondial, redoutent d'en faire les frais.
L'imposition des droits de douane européens contre les voitures électriques chinoises intervient en pleine crise du groupe Volkswagen qui prévoit des dizaines de milliers de suppressions d'emplois et la fermeture de trois usines en Allemagne.
Le premier constructeur européen avait dénoncé début octobre "une mauvaise approche" de l'UE.
Son compatriote BMW avait même évoqué "un signal fatal" pour l'industrie automobile européenne.
Les droits de douane avaient cependant reçu le soutien de dix Etats membres dont la France, l'Italie et la Pologne. Douze autres s'étaient abstenus, dont l'Espagne et la Suède.
Mais, en France aussi, la démarche de l'UE inquiète les milieux économiques. L'interprofession du Cognac (BNIC) s'est plainte d'être "abandonnée" par les autorités, estimant que sa filière était "sacrifiée" dans un conflit commercial qui pourtant ne la concerne pas.
Cette passe d'armes sino-européenne s'inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les Occidentaux, Washington en tête, et la Chine, accusée de pratiques anticoncurrentielles dans plusieurs autres secteurs comme les éoliennes ou les panneaux solaires.
Les mesures européennes, qui se veulent fondées sur des faits et respectueuses des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), diffèrent cependant de la démarche punitive et plus politique des Américains.
Aux Etats-Unis, le président Joe Biden a annoncé le 14 mai une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100%, contre 25% précédemment.
En Europe, le montant des amendes variera selon les constructeurs en fonction du niveau estimé des subventions reçues.
Dans le détail, les taxes supplémentaires s'élèveront à 7,8% pour les voitures Tesla fabriquées à Shanghai, 17% pour BYD, 18,8% pour Geely et 35,3% pour SAIC, selon un document final transmis aux pays membres le 27 septembre.
Les autres groupes ayant coopéré à l'enquête européenne se verront imposer 20,7% de taxes supplémentaires, contre 35,3% pour ceux n'ayant pas coopéré.