En Arabie saoudite, le véhicule électrique plutôt comme deuxième voiture

"Ce sera ma deuxième voiture", dit-il, en inspectant sa BYD de fabrication chinoise qui lui a coûté un peu plus de 200.000 rials (48.800 euros).

Le marché des véhicules électriques (VE) reste modeste en Arabie saoudite mais il a triplé en 2023 avec l'importation de quelque 800 véhicules, selon la presse spécialisée.

Dans le premier pays exportateur de pétrole du monde, le litre d'essence est à 2,33 rials le litre (0,57 euro).

"Ce qui m'a poussé à acheter un véhicule électrique, ce sont les considérations financières", explique Hamad al-Rafdane, qui dépense jusqu'à 2.000 rials (490 euros) par mois en carburant pour son véhicule tout-terrain.

D'autant plus que "les frais d'entretien ne sont pas aussi élevés que pour un véhicule classique. Il n'y a pas de vidange et pas de remplacement de plaquettes de frein", poursuit cet employé dans les ressources humaines âgé de 39 ans.

Trois autres clients rencontrés chez un concessionnaire du nord de Ryad sont du même avis.

Pour M. Rafdane, la "protection de l'environnement" est un argument de plus.

Mais le prix d'un VE reste élevé.

Une Lucid, de la marque californienne dans laquelle l'Arabie saoudite a investi un milliard de dollars (922 millions d'euros) et qui a ouvert une usine en 2023 à Jeddah (ouest), coûte 341.000 rials (84.800 euros).

Tesla n'a pas de concessionnaire local, mais l'arrivée du chinois BYD, moins cher, pourrait changer la donne.

Un handicap, les longues distances
Avec huit millions d'habitants, la capitale Ryad connaît d'inextricables embouteillages, ce qui augmente les émissions de CO2.

Utiles en milieu urbain, les VE ne sont pas adaptés aux déplacements sur de longues distances dans ce vaste pays.

Ryad est par exemple à 950 kilomètres de Jeddah dans l'ouest, alors que l'autonomie des meilleures batteries ne dépasse pas les 400 kilomètres et que le réseau de recharge est quasi-inexistant.

Pour remédier à cette situation, la société Eviq (Electric Vehicle Infrastructure Company) a été créée avec pour objectif d'installer 5.000 stations.

Certaines ont déjà commencé à fonctionner mais selon des utilisateurs bon nombre d'entre elles sont souvent en panne.

Autre obstacle en Arabie saoudite, l'espace restreint des habitacles des VE qui n'est pas adapté aux besoins des familles nombreuses, selon l'expert Hossam Iraqi.

Le quotidien économique al-Iqtisadiya a rapporté en avril que 779 VE avaient été importés en 2023, contre 210 l'année précédente.

Selon l'agence internationale de l'énergie, les VE ont représenté 18% des voitures vendues en 2023 dans le monde, contre 14% en 2020 et 2% seulement en 2018.

Quelque 14 millions de VE ont été enregistrés dans le monde en 2023, dont 95% en Chine, aux Etats-Unis et en Europe, ce qui porte à 40 millions le nombre de VE en circulation, selon la même source.

Ambitions saoudiennes
L'Arabie saoudite, qui cherche à diversifier son économie trop dépendante du pétrole, veut stimuler le secteur du VE.

Le fonds souverain d'investissement public (PIF) contrôle 60% de Lucid qui a toutefois subi des pertes de 685 millions au premier trimestre de 2024.

Le royaume a passé un accord avec le sud-coréen Hyundai pour une usine en Arabie saoudite de production de véhicules électriques et de voitures fonctionnant au gaz.

Le pays a également créé sa propre marque de VE appelée CEER qui veut lancer son premier modèle en 2025.

En février, le ministre saoudien de l'Industrie Bandar al-Kharif a indiqué à l'AFP que son pays voulait produire 300.000 VE sans préciser d'agenda.

Selon lui, Ryad, qui veut atteindre la neutralité carbone en 2050 est aussi en discussion avec de nombreux producteurs de batteries.