30/11/2020
Bridgestone: manifestation de salariés pour peser sur les négociations
Par AFP
(AFP) - Plus d'une centaine de salariés se sont rassemblés vendredi matin devant l'usine de pneumatiques Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais), vouée à la fermeture, pour protester contre la tournure des négociations avec une direction qui "essaie de gagner du temps", le gouvernement nommant de son côté un "observateur".
"La direction essaie de gagner du temps, on ne va pas se laisser faire, elle fait traîner. On met en garde la direction, ça va se durcir. On est prêt à se battre pour qu'il y ait un repreneur et pour le PSE, que les salariés partent dignement", a déclaré Bruno Wable, secrétaire adjoint CGT devant l'usine du Pas-de-Calais.
"Il faut que la direction change d'attitude", a pour sa part affirmé le président du conseil régional Xavier Bertrand (ex-LR). "Ils ne font toujours pas ce qu'il faut, les négociations elles ont commencé hier (...) c'est pas une surprise, ça ne se passe pas bien".
L'avenir des 863 salariés "est sombre, il faut absolument qu'on l'éclaire avec des garanties, des congés de reclassement, des primes supralégales. Il faut que tout le poids de l'Etat soit mis pour faire payer Bridgestone", a prôné le député LFI de la Somme, François Ruffin, également sur place.
Une réunion de négociation du PSE s'était tenue jeudi sur les retraites et préretraites sans déboucher sur un accord, selon les syndicats. "La direction a arrêté les négociations", a affirmé Stéphane Ducrocq, avocat de l'Intersyndicale.
"Nos dirigeants, c'est de la pure provocation. On veut un accord thème par thème" et "eux veulent tout mélanger", a fait écho Denis Drouet, délégué syndical CFDT. "On sait que l'usine va fermer (...) on veut montrer la force de l'intersyndicale pour peser dans les négociations", a-t-il ajouté.
Pour "répondre aux tensions qui se sont manifestées" dès la réunion du 12 novembre, lors de laquelle la direction a confirmé sa volonté de fermer le site en 2021, un "observateur" des négociations a été nommé, sur décision conjointe du ministère du Travail et de l'Industrie, a indiqué vendredi une source gouvernementale à l'AFP.
Il s'agit d'"une personne d'expérience, qui connaît le terrain, les sites industriels et les entreprises en difficulté", a déclaré cette source, sans préciser son identité.
Les salariés "sont révoltés" mais "ils n'iront pas à la faute" pour préserver les espoirs de reprise du site, a pour sa part estimé sur BFMTV la ministre chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher.
"Notre objectif est de remettre de l'activité sur le site, nous avions proposé à Bridgestone de le faire avec eux, ils ont refusé, nous le ferons sans eux", a-t-elle assuré.
Une première réunion du comité de suivi réunissant Etat et collectivités sur les projets de reprise doit se tenir la semaine prochaine, a précisé Xavier Bertrand à l'AFP.
"Il ne s'agit pas non plus de se jeter dans les bras du premier qui passe", a-t-il mis en garde, "le premier critère c'est la solidité du projet, sa viabilité, le nombre d'emplois et le statut des emplois."
Parmi les projets sur la table, cinq émanent de producteurs de pneus étrangers, a-t-il ajouté, évoquant l'hypothèse d'"au moins deux repreneurs".
Réagissant dans l'après-midi, Bridgestone a assuré que "le travail sur la recherche de solutions industrielles pour le site et le territoire se poursuit, avec l'aide du cabinet spécialisé BPI et en collaboration étroite avec les services de l'Etat".