02/01/2025 - #Byd
Brésil : enquête pour "trafic" d'êtres humains sur le chantier d'une usine BYD
Par AFP
(AFP) - Les autorités brésiliennes ont indiqué vendredi qu'une enquête était en cours pour "trafic international visant à l'exploitation" d'ouvriers chinois sur le chantier de construction d'une usine du géant de la voiture électrique BYD.
En début de semaine, le ministère public de l'Etat brésilien de Bahia (nord-est) avait annoncé qu'une série d'inspections menées depuis novembre avaient permis de "secourir" 163 ouvriers chinois travaillant dans des "conditions semblables à de l'esclavage" pour l'entreprise de bâtiment Jinjiang, sous-traitante pour le chinois BYD.
Le chantier en question est situé à Camaçari, à environ 50 km de Salvador, capitale de Bahia. BYD y construit actuellement sa plus grande usine de voitures électriques en dehors de l'Asie, visant une capacité de production de 150.000 véhicules par an.
Dans un communiqué conjoint envoyé à l'AFP vendredi, plusieurs organes publics brésiliens ont annoncé que le parquet fédéral avait "sollicité le partage des preuves recueillies pour que des mesures soient prises au niveau pénal".
"Un vaste ensemble de preuves recueillies durant des semaines d'inspection montre (...) que les 163 travailleurs ont été victimes de trafic international visant à leur exploitation pour du travail dans des conditions semblables à de l'esclavage", détaille ce communiqué.
Lors d'une audience en visioconférence jeudi, BYD et Jinjiang "se sont engagés à collaborer dans la protection" des ouvriers en question, acceptant qu'ils restent hébergés dans des hôtels "le temps que les négociations sur la rupture de leurs contrats de travail soient conclues", selon les autorités.
Les enquêteurs ont évoqué des "conditions dégradantes" dans lesquelles vivaient les ouvriers, dormant dans des dortoirs "sans matelas" et étant exposés sur le chantier "à une intense radiation solaire, présentant des signes clairs de problèmes de peau".
Le ministère public du travail de Bahia a fait état par ailleurs de soupçons de "travail forcé", les ouvriers venus de Chine s'étant vu "confisquer leurs passeports" et leur employeur "retenant 60% de leur salaire, dont ils recevaient les autres 40% en monnaie chinoise".
Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Chine, Mao Ning a affirmé vendredi que Pékin a "pris note" de la situation et "accorde une grande importance à la protection des droits légitimes des travailleurs et exige que les entreprises chinoises opèrent conformément aux lois et réglementations en vigueur".
BYD avait annoncé lundi soir avoir "rompu avec effet immédiat" le contrat avec la filiale brésilienne de Jinjiang pour le chantier de Camaçari.
Cette entreprise de bâtiment a pour sa part rejeté les accusations des autorités brésiliennes jeudi, estimant dans une publication sur le réseau social Weibo qu'elles "portaient sérieusement atteinte à la dignité du peuple chinois".