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01/08/2024 - #Renault , #Lancia , #Porsche , #Ram

Road (good) Trip

Par Jean-Philippe Thery

Road (good) Trip
Ducati S4R : les vibrations du bicylindre provoquent des trémolos !

Aujourd’hui, je vous emmène en balade. Mais ne me demandez pas où…

Il y a quelques mois, je suis rentré dans une concession Ducati.

Et pour reprendre un terme à la mode, j’y ai été "ghosté". Et pas qu’un peu : ni bonjour ni le moindre regard, quand bien même condescendant. Rien. Nada. Nichts. J’ai pourtant passé l’essentiel de mon temps auprès d’un modèle en particulier, vers lequel j’ai dû me faufiler en me contorsionnant au milieu d’autres machines qui en rendaient l’accès difficile. J’ai eu beau détailler l’instrumentation, me baisser pour examiner la mécanique dans ses moindres détails, lire les inscriptions sur le flanc du pneumatique, m’éloigner pour admirer l’engin dans son ensemble puis me rapprocher de la fiche technique et la lire, ça n’a pas ému grand monde dans le bâtiment vitré parfaitement charte-graphiqué. Une indifférence qui m’a laissé penser non sans un brin d’amertume que le cinquantenaire en baskets arrivé en Mercedes W203 ne correspond pas dans certaines ambassades de la marque à l’image qu’on se fait d’un Ducatiste.

A celui qui aurait fait l’effort de m’aborder, j’aurais pourtant confié sans me faire prier avoir possédé deux représentantes de la marque entre une 900 Supersport gris anthracite à roues rouges "à la Senna" et la S4R noire à bande tangerine qui l’a remplacée. Si j’ai adoré la première, c’est cette dernière qui me manque cruellement, que je ne me lassais pas de contempler quand je ne la chevauchais pas. Il faut dire qu’elle en jetait avec son bicylindre logé dans le traditionnel cadre tubulaire de la marque, son mono-bras en alu, sa fourche inversée, l’échappement double remontant sur le côté, et le petit radiateur d’huile en excroissance devant le bloc moteur, comme pour mieux rappeler à quel point (G) la mécanique devenait "hot" quand sollicitée.

Et s’il m’avait offert un café -ohne zucker bitte-, j’aurais sans doute poussé un peu plus loin la confidence pour raconter les réveils ensoleillés de fin de semaine, quand douche et petit déjeuner étaient expédiés pour rejoindre au plus vite le garage où dormait la bête. J’aurais évoqué le blouson en cuir, les gants et le casques siglés façon produit dérivé, enfilés pendant que le moteur chauffait gentiment sur son ralenti, avant d’enjamber -enfin- la selle et sentir ma "ducat’" se cabrer à l’engagement de la première, comme pour mieux exprimer son impatience de s’extirper du marasme péri-urbain et retrouver les départementales normandes. Des routes choisies au hasard en fonction de mes envies, au bords desquelles je m’arrêtais quand bon me semblait pour avaler un sandwich et/ou tirer un petit somme à l’ombre, avant de repartir me remplir les narines des odeurs d’herbe ou de foin ou d’essence à la station-service. Bref, le genre d’univers associé qui incite à signer des chèques plutôt que d’alimenter un PER.

Ou pas. Parce que malgré de notables progrès en allemand, je suis encore loin de m’exprimer en Goethe mode lyrique, sans compter que je me vois mal ressortir avec des trémolos dans la voix des trucs mémoriels à humecter la cornée devant un parfait inconnu. Je l’avoue,  999 DJB78 me provoque d’autant plus ce genre d’émotion nostalgique qu’elle reste l’une des rares machines -même si pas la seule- que je réservais aux transports d’allégresses plutôt que d’un point A à un point B, et qui m’emmenait sans autre but que celui décidé en route. Et quand il m’arrivait -plutôt rarement et le vendredi- de rallier le bureau à son guidon, c’était dans l’unique objectif de transformer la contrainte en un moment de plaisir.

Utilisée de la sorte, une moto procure un sentiment de liberté absolue qu’une automobile aura du mal à restituer, même si la Lancia Fulvia 1600 HF et la Chamonix 550 Spyder -réplique de la Porsche du même nom fabriquée au Brésil- que j’ai possédées pendant une décennie chacune n’avaient évidemment pas d’autre destination que le bonheur de rouler. Rien à voir cependant avec l’usage principal auquel est condamné l’immense majorité des autos particulières de la planète, qui reste le navettage, la triste trilogie "Auto, boulot, dodo" constituant plus souvent la règle que sa version transport en commun . Comme en France, où les trois quarts des actifs utilisent leur automobile pour se rendre sur leur lieu de travail, ce qui a le don d’agacer prodigieusement les promoteurs de mobilité "douce" ainsi que les gars qui se collent la main à la cyano sur l’asphalte pour sauver la planète terre.
 
Si j’ai moi aussi largement pratiqué le domicile-travail-et-retour motorisé avant de me rendre aux charmes de la ligne M10 du tramway berlinois, je n’en garde pas moins en tête de mémorables trajets sur quatre roues. Comme les promenades effectuées dans la capitale allemande certains dimanche d’hiver ensoleillés, lorsque j’explorais crânement et le crâne au vent ses environs, au volant d’une de ces Mini cabriolet en autopartage qui n’intéressaient alors pas grand monde. Ne le répétez pas trop, mais en remontant les vitres après avoir baissé la capote, il suffit pourtant de virer la molette de chauffage sur la position "adonf" pour que se forme dans l’habitacle une bulle de chaleur permettant le motoring en plein air sans se geler les extrémités.

Des virées que ne renierait sûrement pas Robert Louis Stevenson, auteur de l'étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, mais aussi de l’expression favorite des adeptes de la "Vanlife" selon laquelle "l’important n’est pas destination mais le voyage". Un joyeux poncif qui me ramène systématiquement à un autre trajet remontant à la fin du siècle dernier, quand je bossais du côté de Boulogne-Billancourt. Alors porteur d’un badge losangé, je bénéficiais comme tous les intégrants de le Direction Plan-Produit de l’ex-Régie (ainsi désignait-on Renault dans les 90’s) du privilège de pouvoir emprunter régulièrement une des voitures du parc, lequel n’était pas que peuplé, loin s’en faut, d’insipides berlines turbo-mazout. C’est comme ça que je me suis retrouvé avec les clefs d’une Renault 19 Cabriolet dans la poche à la veille d’un weekend prolongé. A moins que ma mémoire ne me joue des tours enjoliveurs, je crois d’ailleurs qu’il s’agissait d’une version 16V.

Quoiqu’il en soit, ce ne sont pas les perfos que mon camarade et collègue Lionel avions privilégiées, quand pour "descendre" à Lyon, nous avions établi un cahier des charges aussi succin que strict : Toit replié du début à la fin et pas d’autoroute, les francs économisés sur le ticket de péage étant destinés à financer un déjeuner pique-nique. C’est exactement ce que nous avons fait en roulant à découvert sans se préoccuper de la moyenne, avec un arrêt pour saucissonner au bord d’un cours d’eau sous les feuillages de peupliers bruissant dans une brise légère. C’est à l’heure où le soleil frappe les façades du bord du Rhône de ses rayons obliques que nous étions arrivés dans la capitale des Gaules, à moitié sourds et la face colorée façon routier, mais heureux.

Je ne garantis pas l’exactitude du récit (était-ce des platanes ?) mais peu importe. Parce que ce n’est pas un hasard si parmi les milliers de trajets qu’il m’a été donné d’effectuer, celui-ci est gravé sur mon disque dur au point de le radoter. Certains d’entre vous qui me font la gentillesse de me lire régulièrement se rappelleront en effet peut-être que je vous l’ai déjà conté au détour d’une lointaine chronique, dont j’avoue avoir la flemme de rechercher la référence. A ma décharge, il faut dire que la trêve estivale se profile chez Autoactu, et que j’avais envie de vous raconter un truc léger avant de laisser souffler le clavier.

J’espère juste que ce texte ne tombera pas entre n’importe quelles mains, puisqu’inciter mes concitoyens à rouler pour le simple plaisir de rouler pourrait me valoir des ennuis auprès des acharnés de la calculette à CO2. Mais si vous n’êtes pas trop obsédé par votre empreinte carbone et que vous ressentez vous aussi de temps en temps l’envie de prendre la "route d’escampette", je ne saurais trop vous recommander de le faire sans plus attendre, en profitant de la belle saison.

Pour le reste, on verra l’année prochaine si mes envies de Ducati me reprennent et que je trouve un concessionnaire qui sache me vendre le rêve qui va avec. Mais dans l’immédiat, permettez que je vous quitte précipitamment en vous souhaitant d’excellentes vacances. C’est dimanche, il fait beau à Berlin, et à défaut de capote j’ai un toit et des vitres à ouvrir en grand…

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Réactions

Il y a quelques lustres, quelqu'un demanda à Bruno ce qu'il pensait des Ducati : "je ne sais pas, je ne roule pas en échafaudage..."
;0))
PS : mon unique expérience en Ducati le fut par le hasard d'un échange de motos chez un concessionnaire avec une 748R jaune vite revendue comme beaucoup quand j'ai découvert le prix délirant des entretiens à l'époque.

Délirant c’est le terme exact et BM en prend le chemin

Bien qu'ancien concessionnaire BMW Motorrad il y a belle lurette que je ne confie plus ma vieille trapanelle au réseau BMW. Une révision avec changement de pneus coûte le prix de la meule.
Je l'ai donc confiée à Dream Motor Services -prononcez drim/motor/servicize- à Annecy qui me l'a chouchoutée pour pas cher ; le contrôle technique fut passé avec brio (85 € quand même, mais bon).
Parée pour les routes des volcans d'Auvergne la semaine prochaine.
Bonnes vacances à tous !

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