14/12/2022 - #Ford
Rachat d'une ex-usine Ford par un fonds allemand : les salariés déboutés
Par AFP
(AFP) - Le tribunal de Bordeaux a refusé de suspendre le projet de cession d'une ex-usine de boîtes de vitesse du constructeur américain Ford en Gironde au fonds d'investissement allemand Mutares, a-t-on appris mardi de sources syndicales.
Dans une ordonnance rendue lundi soir, le juge des référés a qualifié de "sans objet" la requête du Comité social et économique (CSE) de l'entreprise, propriété actuelle du groupe canadien Magna, qui emploie quelque 700 salariés à Blanquefort dans l'agglomération bordelaise.
Le tribunal a également rejeté les demandes de communication de documents sous astreinte formulées par le CSE à l'audience du 28 novembre, jugeant que les représentants du personnel de l'usine étaient suffisamment informés du projet de cession.
Les syndicats estiment, eux, avoir été mis devant le fait accompli depuis que la vente de l'usine à Mutares leur a été annoncée fin septembre sans communication préalable sur la recherche de repreneurs. Ce grief a été écarté par le juge. Le CSE doit désormais rendre son avis sur la cession, prévue pour être effective au 1er janvier, d'ici vendredi.
Les élus du personnel soupçonnent le fonds basé à Munich, qualifié de "vautour", de vouloir liquider, à terme, l'entreprise. Ils sont d'autant plus inquiets que les perspectives d'activité de l'usine ne sont pas bonnes. Fin octobre, Ford, son unique client, a avancé d'un an l'arrêt de la production de son modèle de voiture Fiesta, à l'été 2023. Ce qui réduira plus vite le carnet de commandes et fait craindre des suppressions d'emplois à Blanquefort.
"Nous ne voulons pas de Mutares qui n'est en aucun cas un industriel, Mutares est un opportuniste, uniquement là pour vider les caisses de notre entreprise, en toute légalité, et qui fermera probablement notre usine fin 2024. Pire, qui organisera sa faillite", dénonce la CGT.
Mutares assure de son côté vouloir diversifier la production du site pour le relancer. Le fonds allemand, auquel Saint-Gobain avait vendu Lapeyre en 2021, s'est développé récemment dans le secteur automobile avec les reprises d'une filiale de Vallourec en Côte-d'Or et du fournisseur de joints d'étanchéité Sealynx en Normandie.
Une autre usine de Ford à Blanquefort, où étaient fabriquées des boîtes automatiques pour les marchés américain et australien, avec 850 salariés dont l'ex-candidat à la présidentielle Philippe Poutou, avait fermé ses portes en 2019.