14/12/2022
Covoiturage : une prime de 100 euros pour les nouveaux conducteurs en 2023
Par AFP
(AFP) - Le gouvernement a annoncé mardi un coup de pouce de 100 euros aux automobilistes qui en 2023 rejoindront le covoiturage, sur les courts comme sur les longs trajets.
Cette prime sera versée seulement aux nouveaux inscrits sur les plateformes de covoiturage du quotidien (soit des trajets de moins de 80 kilomètres), avec 25 euros versés dès le premier trajet, et 75 euros supplémentaires si 9 trajets sont réalisés dans les trois mois suivants.
Une autre prime de 100 euros, cumulable, sera versée aux nouveaux inscrits réalisant trois trajets sur une longue distance.
Ces sommes seront versées directement par les plateformes de covoiturage, qui en fixeront les détails. La prime pourra également être versée sous forme de bons d'achat.
Les ministres de la Transition écologique et des Transports, Christophe Béchu et Clément Beaune, ont présenté ce plan en détail mardi matin à Reims, pour un total de 150 millions d'euros. Les 50 millions consacrés à ces bonus sont abondés via les certificats d'économies des fournisseurs d'énergie.
Le gouvernement prévoit aussi un soutien aux collectivités qui proposent des incitations financières au covoiturage (par exemple en donnant un euro par trajet), à hauteur de 50 millions d'euros.
La même somme sera consacrée au cofinancement d'aires de covoiturage ou de voies dédiées, à hauteur d'un euro versé pour un euro investi par les collectivités.
Le but est de passer de 900.000 trajets mensuels aujourd'hui à trois millions dans quelques années. Alors que 50 millions de sièges vides circulent chaque jour, tripler le nombre de covoitureurs permettrait d'éviter 4,5 millions de tonnes de CO2 par an, selon le ministère des Transports.
Après un premier plan initié par Elisabeth Borne en 2019, et des années Covid difficiles pour le covoiturage, le gouvernement veut donner un nouveau coup d'accélérateur à cette pratique, qui limite les embouteillages comme la pollution.
Le covoiturage domicile-travail, en particulier, n'a vraiment décollé que dans quelques agglomérations et grandes entreprises, qui mettent déjà en place des bonus.
Gain écologique et social
"Il y a trois ans on pouvait dire que ça ne marchait pas", témoigne Olivier Binet, président de la plateforme de covoiturage Karos financée par collectivités et entreprises. Mais la pratique a décollé, avec les grèves et des prix de l'essence au sommet, pour atteindre 900.000 trajets par mois avec application ou de façon informelle, soit une goutte d'eau par rapport au nombre de ce qu'il appelle les 'autosolistes" au quotidien.
Ce bonus permet dentretenir cette "boule de neige", alors que "le plus difficile est de faire son premier covoiturage", souligne M. Binet : 90% des conducteurs qui font le saut enchaînent 80 covoiturages sur les 12 premiers mois, selon sa plateforme.
L'idée est de convaincre des automobilistes au-delà des catégories les moins aisées, pour qui ces économies sont essentielles, selon M. Binet. "Il y a un vrai intérêt financier mais ça représente aussi un gain écologique et social important : on rencontre des gens, des amis, des collègues. C'est sympa de covoiturer et on se rend compte que ça ne change pas grand-chose à notre quotidien".
"Le covoiturage est une des mesures concrètes qui incarne la sobriété", a indiqué le cabinet de la Première ministre.
Pour la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, "outre les effets positifs de cette mesure sur le climat, c'est une réponse à l'augmentation des prix du carburant, complémentaire des mesures que nous avons déjà mises en oeuvre pour les Français comme la ristourne carburant ou encore l'aide pour les travailleurs modestes".
50 millions de sièges vides
"C'est également complémentaire de nos efforts accrus pour électrifier le parc automobile et développer les mobilités actives", a poursuivi la ministre.
Pour Nicolas Brusson, cofondateur de BlaBlaCar, "le bonus va être une première étape vers un usage plus fréquent. Un conducteur qui choisit de covoiturer régulièrement sur ses trajets du quotidien peut économiser plus de 1000 euros par an".