Les constructeurs japonais s'inquiètent des taxes américaines

Masanori Katayama, président de l'Association des constructeurs automobiles japonais (JAMA), a lancé une vibrante mise en garde contre l'impact du protectionnisme commercial américain lors d'une conférence de presse à Tokyo.
"Nous craignons que les droits de douane supplémentaires de 25% sur les automobiles, actuellement envisagés par l'administration Trump, s'ils étaient appliqués aux exportateurs du Japon, du Mexique et du Canada, n'aient un impact négatif global sur les économies des États-Unis et du Japon", a-t-il déclaré.
"Si cela arrive, des ajustements de production considérables surviendront", a insisté M. Katayama, également directeur général du constructeur de camions Isuzu Motors.

La JAMA regroupe les 14 principaux constructeurs automobiles et fabricants de motos japonais.
L'industrie automobile est un pilier essentiel de l'économie du Japon, où environ 10% des emplois sont liés à ce secteur. Et l'an dernier, l'automobile représentait environ un tiers des exportations japonaises vers les Etats-Unis, pour l'équivalent de 142 milliards de dollars.

Pour le géant japonais Toyota, numéro mondial un en termes de véhicules écoulés devant son rival allemand Volkswagen, les Etats-Unis demeurent un marché crucial. Les constructeurs nippons sont également fortement implantés au Mexique dans le cadre de chaînes de production interdépendantes.
Chaque année, les constructeurs nippons exportent environ 1,37 millions de véhicules vers les États-Unis, après un pic de 3,43 millions de véhicules en 1986, a déclaré M. Katayama, à l'issue d'une réunion à laquelle participaient également des dirigeants de Toyota, Honda et Nissan.
Ces exportations sont nécessaires pour proposer l'ensemble des gammes de produits des constructeurs automobiles aux consommateurs américains, a-t-il fait valoir.
En outre, l'incertitude économique internationale complique encore davantage les décisions d'investissement des entreprises, a expliqué M. Katayama.

Le Japon a déjà été frappé mi-mars par des droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium, en dépit des efforts de Tokyo pour décrocher une exemption, que le ministre japonais du Commerce, Yoji Muto, était allé réclamer en personne à Washington.
Tokyo insiste volontiers sur le poids des investissements japonais aux Etats-Unis, où l'archipel représente la première source d'investissements directs étrangers, soutenant presque un million d'emplois selon la Chambre de commerce américaine.