27/09/2022 - #Volkswagen Vp , #Porsche
La gouvernance, épine dans la roue de Porsche cotée en Bourse
Par AFP
(AFP) - L'introduction en Bourse jeudi du constructeur Porsche fait la part belle aux familles Piëch et Porsche et au groupe Volkswagen, sans que les investisseurs externes n'aient voie au chapitre. Un cas de gouvernance qui n'est pas sans risque.
Quelles sont les nouvelles règles ?
Le capital de Porsche, actuellement détenu à 100% par Volkswagen, a été divisé en deux : une moitié représente des actions préférentielles, au dividende renforcé mais sans droit de vote, l'autre des actions ordinaires octroyant une voie en assemblée d'actionnaires.
Volkswagen a décidé de céder un quart des actions préférentielles à des investisseurs institutionnels et au grand public, soit 12,5% du capital qui va devenir flottant.
Volkswagen et la holding familiale des familles Piëch et Porsche -Porsche SE (qui détient 53% de Volkswagen)- vont de leur côté détenir 100% des droits de vote à faire valoir lors des assemblées générales de la société cotée.
Quels sont les points sensibles ?
La question des doubles mandats de dirigeants va se poser : plusieurs membres du directoire de Porsche et de l'instance de contrôle, le conseil de surveillance, siègent et continueront de siéger également aux directoires ou conseils de surveillance de la maison-mère Volkswagen, d'autres sociétés du groupe qui compte douze marques, ou de Porsche SE.
Ainsi le nouveau patron de Volkswagen, Oliver Blume, va rester pour un temps indéterminé celui de Porsche, qu'il dirige depuis 2015.
Lutz Meschke, directeur financier de Porsche, est également membre du directoire de Porsche SE.
Il va en résulter des "conflits d'intérêts" qui peuvent "limiter l'efficacité" dans les décisions à prendre sur la destinée de Porsche, reconnaît l'entreprise.
En particulier la double casquette d'Oliver Blume pourrait l'empêcher de diriger Porsche en ayant les coudées franches, alors que des décisions importantes à prendre pourraient être en conflit avec les intérêts de l'empire Volkswagen.
Plus généralement, Volkswagen et Porsche SE voteront seuls durant les assemblées de Porsche.
Il n'est pas exclu qu'ils puissent avoir au cas par cas des intérêts "divergents" de ceux des porteurs d'actions préférentielles, concède le prospectus d'introduction de Porsche.
Une situation assumée qui permet aux deux familles de garder le contrôle à l'heure où des fonds d'investissement n'hésitent pas à monter au bras de fer avec les directions d'entreprises dont les décisions leur déplaisent.
Comment seront gérés ces risques ?
"Il y a des sujets de gouvernance, sans nul doute, mais tout est exposé de manière transparente", relativise un proche des entreprises contacté par l'AFP.
A en croire l'intérêt massif des investisseurs affiché depuis l'ouverture des souscriptions, ces derniers ont "pris en considération la gouvernance de Porsche mais sans que cela prime sur l'intérêt économique de l'opération", ajoute cette source.
Si ces conflits d'intérêts se manifestent par la suite, "le directoire de Porsche sera toujours en mesure de prendre des décisions indépendantes", a récemment assuré son patron Oliver Blume.
Comprendre : sans que ce dernier prenne part au vote et avec des conseils externes engagés au cas par cas.
Porsche AG a donné de premiers gages en annonçant la semaine dernière une réorganisation du conseil de surveillance avec la sortie du comité exécutif de deux acteurs clés du clan Porsche / Piëch.