27/01/2023 - #Honda
Retour sur "trois années épouvantables" pour l'industrie automobile britannique
Par AFP
(AFP) - Après un effondrement historique pendant la pandémie de Covid-19, auquel s'est ensuite ajoutée une pénurie mondiale de semi-conducteurs, la production automobile au Royaume-Uni est tombée l'an dernier à son plus bas en près de 70 ans. Mais le secteur espère enfin rebondir cette année.
"L'industrie automobile a connu trois années épouvantables", a résumé Mike Hawes, directeur général de l'organisation sectorielle SMMT, interrogé par des journalistes, dont l'AFP.
Et "l'année dernière a été la pire depuis 1956. C'est dire à quel point le ralentissement a été dramatique. Nous sommes à environ 40%" du niveau de production de 2019, dit-il.
Le nombre de voitures produites a reculé de 9,8% l'an dernier par rapport à 2021, tombant à 775.014 unités, a indiqué la SMMT dans un communiqué.
Cette organisation, qui représente les entreprises du secteur, avait déjà annoncé début janvier que les ventes de véhicules neufs outre-Manche avaient sombré l'an dernier à leur plus bas en 30 ans.
Au-delà de la pénurie de semi-conducteurs, la capacité de production britannique a aussi pâti des coûts très élevés de l'énergie et d'interruptions de la chaîne d'approvisionnement en Chine en raison des confinements liés au Covid.
Ces facteurs, qui ne sont pas spécifiques au Royaume-Uni, ont pesé sur l'industrie automobile à l'échelle mondiale. "Partout en Europe, la production automobile est déprimée depuis deux ou trois ans", selon le patron de la SMMT.
Mais le Royaume-Uni a souffert en outre de fermetures d'usines.
Le site de Honda à Swindon (sud de l'Angleterre) a ainsi fermé ses portes à l'été 2021, et l'usine de Vauxhall à Ellesmere Port (nord de l'Angleterre) a suspendu sa production depuis le printemps dernier, le temps d'une reconversion pour fabriquer des vans électriques.
Le secteur espère pouvoir enfin souffler l'an prochain, grâce à une atténuation des pénuries de semi-conducteurs. "Nous entamons 2023 avec un peu plus d'optimisme", a assuré Mike Hawes.
Record de véhicules électriques
"Cette année, nous aurons de la croissance", car en dépit des craintes de récession qui pèsent sur l'économie britannique, les carnets de commande se sont remplis en 2022 sans que la production ne parvienne à suivre, a-t-il souligné.
Le secteur vise une hausse de 15% de la production de voitures et camionnettes cette année au Royaume-Uni et espère renouer avec le million de véhicules produits en un an d'ici à 2025.
La SMMT se félicite aussi que les usines britanniques aient produit l'an dernier un nombre record de véhicules électriques et hybrides : ils ont représenté près d'un tiers de toute la production. La valeur des exportations de ces voitures plus propres a été multipliée par sept depuis 2017, à plus de 10 milliards de livres.
Mais l'électrification du secteur automobile au Royaume-Uni a connu un coup dur la semaine dernière, alors que Britishvolt, start-up portant un projet de méga-usine de batteries, a déposé le bilan après des mois de lutte pour sa survie. Une start-up australienne, Recharge Industries, aurait présenté une offre de reprise mardi, selon les médias locaux.
Les constructeurs d'automobiles britanniques, qui exportent environ 80% de leur production, s'inquiètent aussi d'un durcissement l'an prochain des règles qui permettent de vendre des véhicules électriques dans l'Union européenne - et réciproquement - sans droits de douane, en vertu de l'accord commercial post-Brexit.
En 2024, "une plus grande part des composants devra provenir de l'UE ou du Royaume-Uni, pour que (le véhicule) en soit exempté", ce qui handicapera autant les constructeurs de l'UE que britanniques, très dépendants de pays tiers pour les composants des batteries, assure Mike Hawes.
Faute d'accord entre Londres et Bruxelles, cela pourrait se traduire par des droits de douane de 10% sur ces véhicules pourtant moins polluants, prévient la SMMT, alors que les exportations vers l'UE, de loin son principal marché, ont fondu de 10% l'an dernier.