20/12/2023
Nippon Steel chute après son offre spectaculaire sur US Steel
Par AFP
Le numéro un japonais de la sidérurgie Nippon Steel a nettement reculé mardi à la Bourse de Tokyo, après avoir annoncé la veille son projet d'acquérir l'américain US Steel pour la rondelette somme de 14,1 milliards de dollars.
L'action Nippon Steel a lâché 2,8% en clôture alors que l'indice Nikkei a fini en forte hausse (+1,41%). Le titre US Steel a lui terminé lundi sur un bond de 26% à Wall Street.
Les investisseurs "vont examiner de près le coût exorbitant de l'opération", qui représente une "énorme prime" par rapport à d'autres offres précédemment reçues par US Steel, a commenté l'analyste Mark Chadwick sur la plateforme Smartkarma.
Avec cette acquisition, le groupe nippon "fait un gros pari sur l'avenir de l'industrie sidérurgique", sur la transition vers les énergies propres et sur l'avenir de l'industrie automobile américaine, a résumé cet analyste.
"Nous voulons nous doter d'un réseau mondial pour une nouvelle ère dans l'industrie" sidérurgique, a plaidé mardi le président de Nippon Steel Eiji Hashimoto, selon des propos rapportés par l'agence Bloomberg.
Pour justifier le prix de l'acquisition, M. Hashimoto a rappelé que les Etats-Unis restaient une économie leader au niveau mondial : "Nous pensons que (ce rachat, NDLR) fait suffisamment sens économiquement".
Si cette transaction - qui doit encore recevoir l'aval des actionnaires de US Steel et des autorités réglementaires - se confirmait, elle propulserait le nouvel ensemble dans le top 3 des producteurs mondiaux d'acier.
"Les deux entreprises détiendront une part importante du marché mondial de l'automobile" grâce à leurs importants liens commerciaux avec les puissantes industries automobiles japonaise et américaine, et "semblent bien positionnées" sur le segment prometteur de l'acier électrique (e-steel), un type d'acier avec de fortes propriétés magnétiques qui entre dans la fabrication des moteurs électriques, a encore relevé M. Chadwick.
Il est toutefois "difficile d'être enthousiaste" sur cette acquisition compte tenu des coûts immenses qui se profilent pour décarboner l'industrie sidérurgique, toujours selon cet analyste.
Par ailleurs, le syndicat des métallurgistes aux Etats-Unis (USW) voit ce rachat d'un très mauvais oeil car il préférait la solution d'un rachat par un autre aciériste américain, Cleveland-Cliffs.
Plusieurs sénateurs américains sont aussi opposés à l'idée qu'un groupe américain aussi historique et symbolique que US Steel, fondé en 1901, passe sous pavillon étranger.