08/02/2022
Métallurgie : signature "historique" d'une convention collective unique
Par AFP
(AFP) - La conclusion d'un "chantier historique" : trois des principaux syndicats de la métallurgie et son organisation patronale ont signé lundi à Paris la convention collective unique sur laquelle ils planchaient depuis plus de cinq ans, mettant un terme à une entreprise de simplification titanesque.
L'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), l'organisation patronale du secteur, et les fédérations CFDT, FO et CFE-CGC de la branche ont signé ce document qui régira l'ensemble des droits applicables pour les 1,5 million de salariés du secteur d'ici janvier 2024, jusqu'ici réglés par une multitude de textes.
Actuellement, la branche métallurgie compte 78 conventions collectives, dont 76 conventions territoriales, une convention nationale pour les cadres et une convention nationale pour la seule sidérurgie.
Les organisations syndicales négociaient un texte unique national depuis 2016 avec l'UIMM.
À eux trois, ces syndicats, qui avaient obtenu l'accord de leurs instances pour signer, sont représentatifs à hauteur de plus de 70%, soit largement au-dessus du seuil de 30% requis.
Seule la CGT-Métallurgie, deuxième organisation du secteur, a refusé de signer ce texte, qui équivaut à un "moins-disant social", selon son secrétaire général, Frédéric Sanchez.
Cette nouvelle convention collective nationale comprend différents thèmes : les rémunérations, le temps de travail, la formation ou encore la protection sociale.
Parmi les principales avancées, une grille de classification unique pour définir les salaires au niveau national, qui permet, de l'avis de ses signataires, un meilleur déroulement de carrière, en fonction du savoir, des compétences, des formations des salariés.
Autre avancée sociale du texte, pour le coup unanimement reconnu, la mise en place d'un régime de branche de prévoyance pour les non-cadres, qui comprend des obligations de couverture en matière de gros risques pour les employeurs, en cas de décès, incapacité et invalidité.
Les rémunérations minimales garanties sont améliorées pour plus de 75% des salariés de la branche, avance par ailleurs la CFDT.
"Transformer l'essai" dans les territoires
Contrepartie de ces avancées, davantage de flexibilité et la possibilité pour les employeurs de recourir davantage aux heures supplémentaires, une donnée qui porte en elle "l'accélération de la précarité", selon la CGT-Métallurgie.
Le président de l'UIMM Éric Trappier a salué la conclusion d'un "chantier d'ampleur unique et historique démarré il y a plus de cinq ans", lors d'une allocution devant la presse et les organisations signataires, au siège de l'UIMM.
Il a estimé que ce nouveau texte permettrait la "construction d'un nouveau modèle économique et social pour l'industrie, qui sera aussi performant économiquement que socialement".
La ministre du Travail Élisabeth Borne, venue "féliciter" les signataires, a salué pour sa part un "compromis solide", pour "réunir en une convention unique des règles communes, lisibles et protectrices" pour les 42.000 entreprises concernées.
Au-delà de ses avancées concrètes, ce texte "fixe des orientations claires sur la reconnaissance et le développement du dialogue social en entreprise et la qualité de vie au travail", selon Stéphane Destugues, secrétaire général de la FGMM-CFDT.
"Il faut transformer l'essai", a néanmoins souligné le président de la CFE-CGC Métallurgie, Gabriel Artero, souhaitant des négociations territoriales "loyales et qui aboutissent" et une attitude "exemplaire" de la part des 40 plus grosses entreprises du secteur, lors des négociations à venir dans les entreprises.
Ce texte doit entrer en vigueur en janvier 2024, sous réserve du bon déroulement de négociations territoriales, qui doivent régler d'ici fin juin 2022 ce qui n'a pu être harmonisé au niveau national, en matière de rémunération et de certains congés supplémentaires.
Alors que la France tente de se réindustrialiser et que le secteur peine parfois à pourvoir ses offres d'emplois, les signataires du texte espèrent qu'il contribuera à attirer plus de jeunes.