11/03/2022
Les Vingt-Sept examinent les moyens de réduire leur dépendance énergétique envers la Russie
Par Reuters
(Reuters) - Les dirigeants de l'Union européenne examineront mardi les moyens de réduire leur dépendance énergétique envers la Russie, montre un projet de déclaration, mais il est peu probable qu'ils offrent à l'Ukraine l'adhésion rapide à l'UE qu'elle demande.
Les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 participeront jeudi et vendredi à un Conseil européen à Versailles.
"La guerre d'agressions de la Russie constitue un changement radical dans l'histoire européenne", est-il dit dans le projet de déclaration préparée en amont du sommet.
"Alors que nous sommes confrontés à une instabilité grandissante, à une compétition stratégique et à des menaces sécuritaires, nous avons décidé de prendre plus de responsabilités concernant notre sécurité et de nouvelles mesures pour construire notre souveraineté européenne, réduire notre dépendance et préparer un nouveau plan de croissance et d'investissement pour 2030", était-il ajouté.
Environ 40% des importations de gaz naturel, 27% des importations de pétrole et 46% des importations de charbon du bloc proviennent de Russie.
Les dirigeants de l'UE n'ont pas donné de date pour une sortie la dépendance énergétique à la Russie, certains pays comme l'Allemagne, l'Italie, la Hongrie ou l'Autriche figurant parmi les pays les plus dépendants des approvisionnements en provenance de Moscou.
La Commission européenne estime toutefois que l'UE dans son ensemble pourrait réduire de deux tiers ses importations de gaz en provenance de Russie cette année si elle diversifiait ses fournisseurs, investissait dans les énergies renouvelables et améliorait l'efficacité énergétique des bâtiments.
Après s'être appuyée pendant des décennies sur les Etats-Unis pour assurer la sécurité de l'Europe, l'UE souhaite désormais augmenter fortement ses dépenses de défense et devenir plus indépendante en matière de fabrication de microprocesseurs, de produits pharmaceutiques ou de denrées alimentaires, indique le projet.
Des responsables européens ont déclaré que les dirigeants de l'UE allaient soutenir fermement l'Ukraine afin de montrer clairement que son avenir est en son sein. En effet, Kiev, qui a conclu un accord d'association avec l'UE, a demandé à devenir membre à part entière du bloc peu après l'invasion russe.
Ils ont également déclaré qu'en dépit de la pression exercée par les pays baltes et la Pologne, il était peu probable que l'Ukraine bénéficie d'un accès accéléré à l'Union européenne, notamment parce que cela créerait des problèmes immédiats avec d'autres candidats, comme la Géorgie ou la Moldavie, et avec ceux qui sont déjà dans le circuit, comme la Macédoine, le Monténégro, l'Albanie ou la Serbie.
"Il est peu probable que les dirigeants offrent à l'Ukraine le statut de candidat, mais il se pourrait qu'il y ait plus de coopération dans le cadre de l'accord d'association", a déclaré un responsable européen.
"Offrir plus serait impossible maintenant, car c'est un pays qui est maintenant en guerre, partiellement sous occupation russe, et peut-être même, à un moment donné, complètement sous occupation", a ajouté le responsable.
D'autres ont toutefois fait remarquer que le fait d'offrir à l'Ukraine le statut de pays candidat à l'UE lui offrirait une "perspective européenne" claire, donnant au pays l'espoir dont il a maintenant besoin pour lutter contre l'agression russe, tout en ne prenant aucun engagement ferme pour accepter l'Ukraine à l'avenir.
"Je ne comprends pas pourquoi il y a un problème à leur donner un statut de candidat. La Turquie l'a depuis 1999 et n'est pas près d'adhérer. Vous pouvez donner le statut de candidat à l'Ukraine maintenant pour montrer que nous sommes avec eux, puis les négociations d'adhésion à part entière, comme avec la Turquie, peuvent prendre une éternité s'il n'y a pas de volonté politique d'élargir l'UE", a déclaré un deuxième responsable européen.