21/01/2021 - #Peugeot
Les agents Citroën prêts à en découdre pour revaloriser leur rémunération VN
Par Xavier Champagne
Chef de rubrique
Denis Baeza, président du GNAC, a rendu public le conflit qui oppose les 1.594 agents Citroën avec le constructeur. En jeu, la revalorisation de leur rémunération VN, jugée insuffisante.
Denis Baeza joue à plein son rôle de président du groupement des agents Citroën (GNAC) en prenant la tête d’une fronde qui rassemble 96% des membres du réseau secondaire prêts à entrer en conflit ouvert avec la marque. "Nous voulons rester dans une démarche constructive mais, s’il le faut, nous irons jusqu’au blocage des ventes", affirme-t-il. Une menace qui pèse sur 25% des ventes de Citroën réalisées par son réseau de 1.594 agents.
En cause, les conditions de rémunération sur la vente de VN : "Nous refusons que la baisse des coûts de distribution décrétée par PSA repose sur la baisse de notre rémunération. Or, d’année en année, Citroën n’a cessé de tirer sur la corde, explique-t-il. De 4% de la marge restante, soit environ 400 euros sur une C3, nous sommes passés, il y a 4 ans, à un forfait par véhicule de 350 euros, puis de 170 euros en 2019, complété par des primes de performance, primes que seul 25% du réseau a pu obtenir en 2020".
Parmi les conditions pour obtenir ces primes au premier trimestre 2021 : l'acquisition d'une C4 de démonstration. "Quand on sait que l’on gagne entre 0,95% et 1,6% du prix de vente final, il y a de quoi baisser les bras et choisir de ne se consacrer qu’au VO. Mais le VO ne génère que 30% d’après-vente contre 100% pour le VN, ce n’est donc pas non plus un bon calcul", dit-il.
Finalement, les revendications du GNAC ne sont pas si élevées. "Cette année, la marque nous a octroyé une modeste revalorisation, de 25 euros, prélevée sur le budget des primes de performance. Nous avons besoin au moins du double, 50 euros, en piochant également dans l’enveloppe des primes qui de toute façon ne sont versés qu’à un quart du réseau", rappelle-t-il.
Faute d’accord avec la marque, le GNAC a pris l’initiative de définir ses propres annexes VN, reprenant à l’identique celles proposées par le constructeur mais modifiées du montant évoqué. "Les agents doivent faire front uni et proposer ce contrat à leur concessionnaire, la pérennité de leur agence est en jeu", affirme-t-il.
Parmi les agents Citroën, la situation est aussi très tendue chez les 250 à 300 d’entre eux qui disposent de leur propre vendeur. "Pour gagner juste de quoi le rémunérer et payer les charges, soit 56.000 euros, ils doivent vendre 75 VN, réaliser 110% de leur objectif, soit 8 VN de plus, et obtenir leurs primes de performance", explique-t-il.
Une autre mesure va encore peser sur la marge VN des agents : "A compter du second trimestre, les ventes VN réalisées en direct sur le site internet du constructeur compteront toujours dans notre objectif mais ne nous rapporteront plus rien. Les concessionnaires Citroën sont, eux, toujours rémunérés mais facturés de 400 euros pour l’apport du client par la marque", révèle-t-il.
Heureusement, la situation de l’après-vente est meilleure, notamment grâce à la concurrence que se font entre-elles les plateformes PR Distrigo. "Celles de PSA Retail appliquent les grilles tarifaires du constructeur mais les plateformes privées proposent souvent des services, des remises et des RFA renforcées pour conquérir de nouveaux agents et MRA", constate-t-il.
En revanche, l’augmentation "exorbitante" du prix des pièces avec, par exemple, un filtre à huile à 20 euros TTC, inquiète l’agent Citroën de Rives (38). Cette progression des tarifs est confirmée par les chiffres 2020 que vient de publier SRA, l’organisme des assureurs : le panier de pièces de carrosserie a pris 8,8% chez Citroën (9,3% chez Peugeot) l’année dernière (contre une moyenne de +5,8% pour l’ensemble des constructeurs). Le prix des pare-brise a également bondi de 8,3% chez Citroën en 2020 et de 7,3% chez Peugeot (contre une moyenne de +5,2%).