03/07/2024
Le norvégien Hydrovolt rejoint la "Vallée de la batterie" en France
Par AFP
(AFP) - Partiellement détenu par le suédois Northvolt, le norvégien Hydrovolt rejoint à son tour la "Vallée de la batterie" dans le nord de la France en y ouvrant une unité de recyclage, gage d'indépendance accrue pour les approvisionnements en métaux critiques.
Le groupe a annoncé mardi l'implantation à Hordain d'une unité de recyclage de batteries lithium-ion qui devrait commencer ses activités à compter de la mi-2025, une fois les permis d'exploitation obtenus.
Le montant de l'investissement prévu n'a pas été précisé tandis que le nombre d'emplois créés devrait être limité : "entre 10 et 20", selon l'entreprise.
"C'est une étape importante pour Hydrovolt, et l'entrée sur le marché français nous aidera à maintenir notre position de leader européen du recyclage des batteries lithium-ion", a déclaré son directeur général, Ole-Christen Enger, dans un communiqué.
"Il est essentiel pour nous d'établir une présence locale à travers l'Europe pour contribuer à construire une chaîne de valeur circulaire pour les batteries", a-t-il ajouté.
Codétenu par le fabricant suédois de batteries Northvolt et le géant norvégien de l'aluminium Norsk Hydro, Hydrovolt exploite déjà à Fredrikstad, dans le sud-est de la Norvège, ce qu'il présente comme la plus grande usine de recyclage du genre en Europe.
Usagées ou défectueuses et mises au rebut, les batteries de voitures électriques y sont réduites en "masse noire" qui sert à extraire des matières premières, telles que le lithium, le nickel ou encore le cobalt susceptibles d'être réutilisées dans la production de batteries neuves.
Jusqu'à 95% des métaux sont récupérés, selon Hydrovolt.
Métaux critiques
La fabrication des batteries pour voitures électriques est devenue un enjeu clé de souveraineté et les produire sur son sol est désormais érigé en priorité en Europe et en Amérique du Nord, alors que la Chine domine encore le secteur.
Pour ce faire, le Vieux continent doit assurer son approvisionnement en métaux critiques, un domaine où la Chine est là aussi un acteur dominant.
La pandémie de Covid puis la guerre en Ukraine ont mis en lumière les problèmes liés à la dépendance européenne à d'autres Etats pour les approvisionnements en matières premières.
"La demande européenne de batteries augmente de façon exponentielle, principalement en raison de l'électrification des transports, avec une hausse accrue prévue d'ici 2030", fait valoir Hydrovolt.
"Le recyclage offre une nouvelle source de métaux dits +battery-grade+, ce qui est préférable aux matériaux extraits des mines", ajoute le groupe.
Northvolt, de son côté, a annoncé le même jour un coup de frein sur son plan de développement international, en Allemagne et au Canada, pour se concentrer sur sa "giga-usine" dans le nord de la Suède, qui atteindra sa pleine capacité de première phase en 2026 avec trois ans de retard.
"Nous avons été un peu trop agressifs dans notre plan d'expansion et c'est ce que nous sommes en train de revoir", a dit son patron, Peter Carlsson, dans un entretien au quotidien économique Dagens Industri.
Méga-usines
Face à une électrification accélérée pour décarboner l'économie et les transports, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) craint des "tensions" dans l'approvisionnement mondial en minerais et métaux critiques.
Pour accroître son autonomie, l'UE s'est fixé des objectifs : 25% de métaux critiques issus de matières recyclées en Europe, 40% de métaux critiques importés raffinés en Europe, 10% extraits de mines européennes.
D'environ 3.000 m2, le site de Hordain aura une capacité de production évolutive qui dépendra des autorisations réglementaires et des développements du marché, a précisé une porte-parole de Hydrovolt à l'AFP.
Il sera situé au coeur de la "Vallée de la batterie" articulée autour de quatre méga-usines, toutes implantées dans les Hauts-de-France entre Dunkerque et le bassin minier, où émerge un écosystème spécialisé.
L'Europe veut interdire les véhicules thermiques d'ici 2035.
Au total, une cinquantaine de "gigafactories" de batteries ont été annoncés à l'échelle européenne ces dernières années, pour ne pas laisser le continent à la merci des fournisseurs asiatiques.