20/02/2023 - #Daimler Truck , #Mercedes-Benz
La stratégie du super luxe est payante pour Mercedes, mais prudence pour 2023
Par AFP
(AFP) - Avec un bénéfice net en hausse d'un tiers et une rentabilité record, le choix de Mercedes de se concentrer sur les voitures les plus luxueuses a porté ses fruits l'an dernier mais 2023 sera plus difficile, prévient le groupe.
Malgré les restrictions sanitaires en Chine -un marché clé-, le manque de semi-conducteurs lié à la forte demande mondiale, et les répercussions de la guerre en Ukraine, tous les voyants sont au vert dans les résultats annuels de Mercedes.
Le bénéfice net atteint 14,8 milliards d'euros, en hausse de 38%, pour une augmentation du chiffre d'affaires de 12% à 150 milliards d'euros, malgré une faible progression des ventes de voitures particulières (+5%).
Reflétant la rentabilité au plus haut du groupe de Stuttgart, la marge d'exploitation ajustée de la branche phare "Mercedes-Benz Cars" affiche 14,6%, prenant 1,5 point par rapport à 2021, en ligne avec les objectifs.
"L'essentiel de cette croissance est due à la politique des prix de vente", a expliqué Markus Schäffer, membre du directoire de Mercedes-Benz, lors d'une conférence de presse à Stuttgart, sans communiquer la hausse moyenne des prix des véhicules vendus.
Morosité en Europe
Le patron de Mercedes, Ola Källennius, concentre en effet sa stratégie sur le développement des véhicules les plus luxueux, comme les modèles Maybach, Classe G ou les limousine EQS.
En mai dernier, le groupe avait dit viser, pour le tiers supérieur "Top-End Luxury" de sa gamme, une progression des ventes de 60% d'ici 2026.
Comme d'autres entreprises du secteur automobile, Mercedes a aussi profité de la forte demande et d'une offre réduite en raison des problèmes logistiques, qui lui ont permis d'augmenter ses prix.
Cet effet prix devrait continuer en 2023, "peut-être pas autant qu'en 2022", a indiqué M. Schäffer, "mais suffisamment pour compenser" les "vents contraires" que la situation économique fait peser sur le secteur automobile.
Le groupe dit s'inquiéter des "pressions inflationnistes persistantes sur les consommateurs et les entreprises, et des hausses de taux d'intérêt"
qui risquent de freiner la demande.
En Europe, les prises de commande sont déjà "moroses", souligne Mercedes. Ola Källenius table sur un "bon niveau de la demande" aux Etats-Unis pour 2023, mais concernant le marché chinois, "il est encore trop tôt pour juger" d'un retour à la normale, a-t-il admis, après les confinements stricts qui ont perturbé l'économie chinoise.
Dans ce contexte, le groupe est prudent sur ses objectifs, visant en 2023 des revenus stables, un bénéfice d'exploitation en légère baisse, ainsi qu'une marge opérationnelle entre 12 et 14%.
Au total, le groupe a vendu plus de 2 millions de voitures en 2022. Les ventes de Mercedes-Maybach, le segment le plus luxueux, ont atteint des records, en hausse de 41%.
Discipline sur les coûts
Mercedes a également écoulé 149.227 voitures électriques, une augmentation de 67% pour le groupe engagé, à l'instar de tous les constructeurs, dans ce virage technologique majeur.
"Nous avons fait de Mercedes-Benz une entreprise plus rentable grâce à notre focalisation sur les produits recherchés et à une gestion disciplinée des marges et des coûts", a déclaré Ola Kaellenius, dans le communiqué.
Le groupe a terminé l'année en force, avec un bénéfice en hausse de 63% au 4ème trimestre.
Après ses résultats, le titre de Mercedes-Benz a pris 1,94% à l'ouverture de la bourse de Francfort avant de grimper de 3,27% à la mi-journée.
Parmi les gros chantiers de 2023 : la construction d'une usine de production de cellules de batteries en Hongrie, un accord d'approvisionnement en lithium du Canada ainsi que le lancement d'un réseau de stations de chargement pour les véhicules électriques en Amérique du Nord.
Toutefois, le total des investissements a diminué d'un quart l'an dernier par rapport à l'année précédente, atteignant 3,5 milliards d'euros.
L'année 2022 fut celle d'un nouveau départ pour le constructeur de Stuttgart qui a opéré sa scission en deux entités, Mercedes-Benz d'un côté et Daimler Truck de l'autre, leader des poids lourds introduit en bourse.