04/03/2024 - #Tesla
La ruée des opérateurs de bornes de recharge pour voitures électriques en France
Par AFP
Séduits par un cadre sociétal et législatif très favorable, de nombreux opérateurs ont pris d'assaut le marché français des bornes de recharge pour voitures électriques, devenu l'un des plus recherchés d'Europe.
La France, avec son grand réseau routier et sa position de carrefour européen, veut passer de 120.000 bornes accessibles au public aujourd'hui, soit déjà plus qu'en Allemagne, à 400.000 d'ici 2030, quand 8,5 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables pourraient être sur les routes, selon une estimation du gestionnaire du réseau électrique RTE.
"Le marché est aujourd'hui très attractif pour ces entreprises parce que la France fait partie des pays au sein desquels la mobilité électrique se développe le plus", relève Clément Molizon, directeur de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).
Le marché le plus concurrentiel d'Europe
L'interdiction européenne à venir en 2035 de la vente de voitures à essence est un facteur. Mais le soutien financier et fiscal de l'Etat au verdissement des flottes, le leasing subventionné de voitures électriques à 100 euros et l'obligation d'installer des bornes de recharge dans les parkings de plus de 20 places sont parmi les mesures qui rassurent les investisseurs.
"C'est le marché le plus concurrentiel d'Europe", explique Matthieu Dischamps à l'AFP, directeur général France de Powerdot, l'entreprise portugaise spécialisée dans l'installation de bornes sur des espaces appartenant à des commerces et des services.
Cette dernière a réalisé jeudi une nouvelle levée de fonds de 100 millions d'euros et vise l'installation de 15.000 bornes en Europe d'ici 2025, dont 8.000 en France.
"Il y avait 13 acteurs sur le marché français fin 2020, dont trois se partageaient 95% du marché. Il y en a plus de 100 aujourd'hui, dont une quinzaine se partagent les trois quarts du marché", poursuit Matthieu Dischamps.
Jeudi encore, le gestionnaire d'infrastructures néozélandais Morrison et EDF ont aussi signé un accord prévoyant l'installation de près de 8.000 bornes de recharge rapides d'ici 2030 en France, soit un quasi-doublement du parc existant.
Tesla en tête
Trois types d'opérateurs coexistent. Les énergéticiens comme TotalEnergies, EDF ou encore Engie ; les constructeurs automobiles comme Tesla, ou Ionity, fruit d'une alliance entre constructeurs allemands; les entreprises spécialisées, souvent des jeunes pousses, comme Powerdot, Electra, ZePlug, Driveco ou FastNed.
Ils ne s'attaquent pas tous aux mêmes segments. Tandis que TotalEnergies, Ionity et Tesla privilégient les grands axes, Powerdot et Electra s'installent sur des parkings de centres commerciaux, de supermarchés ou d'hôtels. ZePlug se positionne lui sur les copropriétés.
Tesla tire son épingle du jeu dans cette bataille. L'entreprise d'Elon Musk compte près de 2.400 "Superchargeurs" sur 180 sites en France, dont 70% sont disponibles aux clients possédant des véhicules électriques d'une autre marque, soit le plus gros réseau de recharge "rapide"(une vingtaine de minutes, NDLR) de l'Hexagone.
Mais de jeunes pousses françaises arrivent à se démarquer. La dernière en date, Electra, a levé en janvier 304 millions d'euros. La deuxième plus grosse levée du secteur en Europe, après les 700 millions collectés par Ionity en 2021.
L'an dernier, Zeplug a levé 240 millions d'euros et Driveco 250 millions.
Des sommes colossales justifiées par un modèle économique nécessitant des investissements très importants en foncier et en infrastructures.
Un demi-million d'euros par site
"L'investissement moyen est d'environ un demi-million d'euros pour un site accueillant quatre à six bornes", explique à l'AFP Aurélien de Meaux, fondateur d'Electra, qui vise l'installation de 15.000 bornes de recharge rapide en Europe d'ici 2030, dont 6.000 en France.
Reste que toutes ces entreprises devront attendre des années avant d'atteindre une potentielle rentabilité. "Il y aura certainement une rationalisation des acteurs sur le marché dans quelques années", juge Aurélien de Meaux, qui considère que le rôle de ces jeunes entreprises est d'apporter avant tout de l'"innovation".
"On a une équipe de 45 ingénieurs en interne qui travaillent sur la manière dont les clients pourront plus facilement réserver les bornes sur leur téléphone ou que la recharge démarre instantanément quand on branche le véhicule", souligne le dirigeant. Plusieurs avancées qui peuvent faire "la différence" sur ce marché en plein effervescence.