20/10/2022 - #Stellantis
La "bagnole" veut rester un symbole de liberté accessible
Par AFP
(AFP) - La voiture doit absolument rester un grand symbole de liberté, clament les constructeurs et ses autres défenseurs, alors qu'elle s'enchérit avec l'électrification voulue par l'Europe, les hausses du prix de l'essence et l'inflation générale.
Au Mondial de l'automobile de Paris, le patron du groupe Stellantis, Carlos Tavares, a dénoncé lundi un "mouvement organisé contre l'automobile" qui va "porter atteinte à la liberté des citoyens".
Ce fan d'automobile dénonce une "décision dogmatique" dans le passage de l'Europe au 100% électrique en 2035.
"Comment protéger la liberté de mouvement des classes moyennes qui ne vont pas pouvoir accéder à l'achat d'un véhicule électrique ?" a lancé le directeur général du quatrième constructeur mondial. "Dire à la classe moyenne : restez chez vous, ce n'est pas gérable politiquement".
En visite au salon lundi le président Emmanuel Macron a souligné que "la bagnole fait partie de l'identité française".
Disponible tout le temps, polyvalente, la voiture permet de voyager avec les personnes de son choix, tout en affichant le statut de son propriétaire, souligne l'historien Lionel Dufaux,, qui souligne "l'intimité" du rapport que l'on peut créer avec cette machine.
Avec le temps, les performances et le plaisir de conduire, défendus à longueur de publicités, sont devenus des critères prisés, explique-t-il. Mais les difficultés de stationnement, les embouteillages, et une prise de conscience écologique ont remis la voiture en question.
Les ventes se sont effondrées en Europe, freinées d'abord par la pandémie de Covid-19 puis par une pénurie de puces électroniques. Parallèlement, les prix des voitures neuves ont augmenté bien plus vite que l'inflation. Et côté voitures électriques rares sont celles vendues à moins de 30.000 euros hors bonus.
Par stratégie, des constructeurs choisissent aussi délibérément de monter en gamme pour augmenter leurs marges. Et les prix de l'occasion se sont aussi envolés.
Mais la filière en veut en premier lieu à l'électrification forcée. "L'automobile a été un succès parce qu'elle était accessible au plus grand monde. Le pire serait que le passage au véhicule électrique fasse de la voiture un produit de luxe", dit Luc Chatel, qui représente les constructeurs français.
Plus libre
C'est pourtant bien la crainte : selon un sondage publié par l'Observatoire de la banque Cetelem, près de deux tiers des personnes interrogées craignent de ne plus avoir les moyens de posséder un véhicule à l'avenir.
Ces craintes sont sources de tensions sociales, comme l'a montré le mouvement des gilets jaunes fin 2018, les pénuries actuelles de carburant et les appréhensions autour des futures "zones à faibles émissions" en ville.
"Le système de transport est organisé autour de la voiture", regrette Pierre Leflaive, du Réseau Action Climat . "Le mythe de la liberté est nourri par les constructeurs. La voiture peut aussi être une dépendance, une contrainte pour beaucoup de gens".
Pour ceux qui ne peuvent pas s'en passer, on peut pourtant imaginer "un parc automobile réduit, avec des véhicules plus légers, moins chers, qui consomment moins d'énergie", souligne Pierre Leflaive.
Les constructeurs ne vont pas couler pour autant, selon José Baghdad, du cabinet PwC.
En vendant leurs voitures plus cher, et en multipliant les services de location à l'heure ou au mois, ils se chargent de trouver des "cas d'usage où la voiture reste importante".