17/07/2023
Grand Paris : la Zone à faibles émissions encore reportée à début 2025
Par AFP
L'interdiction à la circulation de 380.000 véhicules polluants dans la métropole du Grand Paris (MGP), la plus grande zone à faibles émissions (ZFE) de France, a été de nouveau reportée jeudi, à début 2025, les élus locaux reprochant au gouvernement sa "procrastination" sur ce sujet inflammable.
La métropole, qui avait déjà reporté de juillet 2022 à juillet 2023 cette troisième phase d'interdiction, constate qu'il est "matériellement impossible" de l'instaurer cet été, en "l'absence de réponses tangibles de l'Etat" sur la garantie du prêt à taux zéro et le "contrôle sanction automatisé".
"Tant que le gouvernement n'aura pas avancé, nous ne pourrons pas mettre en place notre ZFE", a martelé le président LR Patrick Ollier lors du conseil métropolitain.
"Une ZFE sans sanction, ça ne fonctionnera pas", a-t-il ajouté, soulignant que le contrôle sanction automatisé ne sera pas expérimenté par l'Etat "avant le 1er janvier 2025".
"Entre les deux, il y a quand même les Jeux olympiques", dont les contraintes représentent "un volcan dans nos communes", estime-t-il, alors que les élus de gauche préféraient un report plus court, au 1er janvier 2024.
L'élu PS Daniel Guiraud a ainsi déploré que la métropole "accompagne l'inaction climatique de l'Etat en recalant (son) calendrier chaque fois que l'Etat fait preuve de procrastination".
Avec ce désaccord de calendrier au sein de l'exécutif transpartisan associant droite et gauche, le report à début 2025 a été adopté par 81% des élus, dans une assemblée dominée par la droite.
La ZFE du Grand Paris, la plus grande de France avec 7,2 millions d'habitants, a déjà interdit la circulation des véhicules non classés et portant la vignette Crit'air 5 en juillet 2019, puis des Crit'air 4 en juin 2021.
L'interdiction à la circulation des vignettes Crit'Air 3 concerne les véhicules essence immatriculés avant le 1er janvier 2006 et les moteurs diesel immatriculés avant le 1er janvier 2011. Elle a déjà été reportée une première fois de juillet 2022 à juillet 2023.
Cette étape clé de la ZFE, qui concerne 77 communes à l'intérieur du périmètre délimité par l'A86, n'est de facto pas entrée en vigueur au 1er juillet, Patrick Ollier s'estimant "couvert juridiquement" puisque "la décision était soumise à deux conditions qui ne sont pas remplies".
Sujet explosif
Instaurées par la Loi d'orientation des mobilités en 2019 puis renforcées par la Loi Climat de 2021, les ZFE visent à lutter contre la pollution aux particules fines et aux oxydes d'azote, responsables de maladies respiratoires, cardiovasculaires et neurologiques, et d'au moins 40.000 décès par an, selon Santé publique France.
Sur les 42 agglomérations qui devaient créer une ZFE en France d'ici à 2025, seules 11 l'ont mise en place.
Mais le gouvernement ne veut pas ajouter au contexte social explosif.
En pleine crise du pouvoir d'achat, les ZFE sont en effet devenues un symbole de l'exclusion des automobilistes les plus modestes. Les véhicules moins polluants, hybrides et électriques, restent chers à l'achat neuf et rares sur le marché de l'occasion.
Lundi, le gouvernement a laissé à chaque agglomération la liberté de durcir les règles si la pollution sur leur territoire ne dépasse pas un certain seuil.
En revanche, cinq métropoles (Paris, Lyon, Aix-Marseille, Rouen et Strasbourg) devront se fermer progressivement aux vieilles voitures car les seuils réglementaires de qualité de l'air y sont régulièrement dépassés.
"Le gouvernement ne veut pas des ZFE" parce qu'il "n'assume pas le coût" financier et "s'inquiète de l'acceptabilité sociale et de ses conséquences", a fustigé Emmanuel Grégoire, président du groupe socialiste à la MGP et premier adjoint de la maire de Paris Anne Hidalgo.
Cette dernière a promis la fin du diesel en 2024 et des véhicules thermiques en 2030 dans la capitale et était opposée à un report de la ZFE grand-parisienne.