23/01/2025
Concurrents chinois, coût de l'énergie : Michelin justifie ses fermetures d'usines
Par AFP
(AFP) - Entre la concurrence des pneus chinois et les coûts de l'énergie et des salaires, Michelin ne peut plus exporter depuis l'Europe, a expliqué son PDG Florent Menegaux mercredi au Sénat pour justifier la fermeture de deux usines en France.
Si le géant mondial du pneu exporte toujours plus qu'il n'importe depuis l'Europe, "ce n'est plus tenable", "on a une hyper-concurrence, des surcapacités massives" dans les usines, a lancé M. Menegaux devant la Commission des affaires économiques du Sénat.
Depuis 2019, entre la hausse des coûts de l'énergie et l'inflation qui "s'est retraduite dans les salaires", il est devenu globalement "deux fois plus cher" de produire des pneus en Europe qu'en Asie.
"Pour maintenir notre outil industriel en Europe, il faut qu'on ait un outil ramassé, hyper productif (...). Il faut qu'on investisse massivement dans la robotisation", a expliqué M. Menegaux.
Le groupe a ainsi annoncé fin 2024 la fermeture de deux usines, à Vannes et Cholet, où travaillent 1.254 personnes. Certains d'entre eux manifestaient mercredi à Paris à l'appel de la CGT.
Cholet (Maine-et-Loire) était le site du groupe "le plus cher du monde pour fabriquer des pneus de camionnette", selon M. Menegaux.
Vannes (Morbihan), qui fabrique des renforts métalliques des pneus pour poids lourd - un marché en crise - a été sacrifié plutôt que l'usine de Golbey (Vosges) car "le bassin d'emploi du Morbihan était beaucoup plus actif et dynamique".
Si le groupe a son siège et de nombreuses activités de recherche dans l'Hexagone, "nos activités de production en France perdent de l'argent", a souligné M. Menegaux. "En France, il n'y a pas beaucoup d'autres solutions que d'aller dans le haut de gamme."
L'usine de pneumatiques agricoles de Troyes est par ailleurs concurrencée par "un concurrent indien qui produit en Inde et exporte massivement en France", tandis que l'Inde a interdit les importations de pneus. "Et on laisse faire ! C'est ce type de choses-là qu'il faut (résoudre)", a souligné M. Menegaux.
Si la France a des "atouts formidables" avec "une infrastructure remarquable, une électricité décarbonée d'ampleur, un peu trop chère mais disponible, des personnes bien formées, un tissu industriel préexistant", le patron de Michelin a répété que l'industrie avait "besoin de stabilité réglementaire, fiscale, environnementale".