15/03/2024 - #Renault , #Man
Camions électriques : il faudra connecter massivement les grands axes, selon une étude
Par AFP
Il va falloir équiper massivement les grands axes routiers en bornes de recharge pour préparer l'arrivée des poids lourds électriques, selon une étude présentée jeudi par Vinci Autoroutes, TotalEnergies, Enedis et des grandes marques de camions.
Comme pour les voitures, l'électrification des poids lourds nécessiterait une métamorphose des aires de stationnement, en se calant sur le rythme des pauses des chauffeurs.
MAN, Mercedes ou Renault Trucks, qui ont participé à l'étude avec d'autres constructeurs, ont lancé fin 2023 leurs premiers camions longue distance dotés de gigantesques batteries.
Après les avoir rechargés au dépôt, pour les alimenter sur leur trajet, il faudrait déployer le long des grands axes 10.000 points de recharge lents pour les pauses de longue durée (100 kW), et 2.200 pour la recharge rapide (800 à 1.000 kW), selon l'étude publiée jeudi.
30% des poids lourds seraient électrifiés à horizon 2035, et 25,3% des trajets longue distance en France seraient électrifiés, d'après le scénario volontariste retenu.
En 2019, les poids lourds, bus et cars émettaient 22% des gaz à effet de serre du secteur des transports, derrière les voitures particulières, selon le ministère de l'Environnement.
L'Europe a fixé en janvier des objectifs suivant ceux des voitures : il s'agit de réduire les émissions des véhicules lourds neufs vendus à partir de 2030 de 45% par rapport à 2019, et de 90% en 2040.
Réseau électrique sollicité
Alors que les places de stationnement manquent déjà, sur les aires les plus fréquentées, au minimum 50% des places devraient être équipées de points de recharge à horizon 2035 - soit jusqu'à 58 bornes sur chacune de ces aires. Une poignée d'aires sont équipées en France actuellement. TotalEnergies doit bientôt annoncer ses premiers projets.
Il faudrait aussi repenser l'organisation des parkings, souvent en épi, pour que les camions sortent des places de recharge. La création de ces infrastructures pourrait engendrer la suppression d'une place sur trois.
Le rapport préconise d'agrandir ces aires de stationnement, sous peine de manquer de 7.000 à 8.000 places en 2035.
Ces camions tireront aussi sur le réseau électrique. D'ici à 2035, la consommation d'électricité des poids lourds électriques, en itinérance et non au dépôt, devrait atteindre jusqu'à 3,5 térawattheures (TWh), soit 0,8% de la consommation 2022 en France (460 TWh). Recharge au dépôt comprise, la consommation des camions électriques devrait atteindre 13 TWh, estime Enedis.
Les besoins de recharge des poids lourds sont plus forts du mardi au jeudi, et en fin de matinée en raison des recharges rapides lors de la pause déjeuner. Ces besoins sont complémentaires de ceux des voitures électriques, qui rechargent davantage le week-end ou pendant les vacances, selon le rapport.
Pour affronter cette double électrification, il faudra investir 629 millions d'euros d'ici à 2035 dans le réseau électrique. "Ce programme ne présente pas de difficulté technique, mais doit être planifié dès maintenant", prévient le rapport.
L'installation des bornes pour les voitures devrait quant à elle représenter un investissement de 3 à 4 milliards d'euros d'investissements d'ici 2035, et il en faudrait autant pour les camions, indique Vinci Autoroutes.
Enedis, Vinci Autoroutes et TotalEnergies demandent à l'Etat une "feuille de route partagée et opposable" prenant en compte les besoins de chaque aire, des dispositifs réglementaires qui permettent d'accélérer le raccordement des aires, et un dispositif de subvention.