09/11/2022
Berlin veut bloquer l'achat d'une usine de semi-conducteurs par des capitaux chinois
Par AFP
(AFP) - Le ministère allemand de l'Economie souhaite bloquer le projet d'acquisition d'une usine de semi-conducteurs par une société suédoise détenue par la Chine, a indiqué mardi une source gouvernementale, dans un contexte de relations tendues avec Pékin.
La reprise de cette usine du fabricant Elmos à Dortmund (ouest) par le suédois Silex, propriété du groupe chinois Sai MicroElectronics, devrait être rejetée mercredi lors du conseil des ministres, sur proposition du ministère de l'Economie (BMWK), selon la même source.
Il s'agit de décider qui garde la main sur la production de "wafers", ces tranches très fines utilisées pour fabriquer des composants de microélectronique.
L'acquisition "constituerait une menace pour l'ordre public et (...) la sécurité", a expliqué la source pour justifier le veto.
La dépendance économique de l'Allemagne à la Chine, son premier partenaire commercial, est remise en question à Berlin, dans le contexte de montée des tensions géopolitiques entre Pékin et les Occidentaux.
Si le chancelier Olaf Schoz n'entend pas tourner le dos au géant asiatique, comme l'a illustré son récent déplacement en Chine, il souhaite "des relations économiques équitables, avec une réciprocité" notamment dans les "investissements", a-t-il dit à Pékin.
La nouvelle stratégie de Berlin consiste à "réduire les dépendances unilatérales, devenir plus indépendant, empêcher la fuite des technologies clés et protéger l'infrastructure et les capacités de production propres", selon la source gouvernementale.
Le service de renseignement allemand, placé sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, avait déconseillé l'acquisition de la société Elmos que Berlin entendait, dans un premier temps, approuver.
Elmos, qui produit des semi-conducteurs essentiellement destinés à l'industrie automobile, avait annoncé fin 2021 céder son usine de Dortmund pour 85 millions d'euros à Silex.
Les semi-conducteurs, dont la production est dominée par l'Asie, sont considérés comme une industrie stratégique par les Européens qui souhaitent accroître leur souveraineté.
Fin octobre, Berlin avait suscité la controverse en autorisant un investissement chinois dans un terminal portuaire de Hambourg, même si la part cédée avait été limitée afin d'empêcher toute influence dans les décisions stratégiques de la société.
Il y a actuellement 44 projets d'investissements étrangers en Allemagne à l'examen, dont 17 proviennent de Chine, indique-t-on dans l'entourage du ministère de l'Economie.