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01/10/2024

Au Népal, le boom de l'énergie hydroélectrique dope les ventes de voitures "vertes"

Par AFP

(AFP) - Surendra Parajuli a franchi le pas et ne le regrette pas. Comme de plus en plus d'automobilistes népalais, ce chauffeur de taxi s'est converti à la propulsion électrique, poussé par le bond de la production d'hydroélectricité de son pays.

"J'ai fait de sacrées économies", savoure-t-il au volant de son rutilant véhicule "made in China".

"Ce taxi électrique peut rouler jusqu'à 300 kilomètres avec sa batterie chargée et pour dix fois moins cher qu'un plein d'essence", détaille-t-il. "Et en plus, c'est bon pour l'environnement !"

Grâce à l'énergie produite par l'eau des rivières qui dévalent les pentes enneigées de l'Himalaya, les ventes de voitures électriques ont bondi au Népal, qui a réduit en conséquence sa facture pétrolière et ses émissions de gaz à effet de serre.

Selon les douanes locales, les importations de véhicules "verts" ont triplé en un an.

Plus de 11.000 exemplaires ont trouvé acquéreur lors de la dernière année fiscale achevée en juillet, contre 4.050 l'année précédente. Près de 70% d'entre eux ont été fabriqués en Chine.

Preuve de cet engouement, les véhicules électriques ont tenu le haut du pavé lors de l'édition 2024 du salon de l'auto de Katmandou.

"Avant, on dépendait des autres (pays) pour le pétrole. Maintenant, on peut conduire une voiture électrique en toute indépendance", note un acheteur potentiel, Yajya Raj Bhatt, dans les allées de la foire.

Tuk-tuks "verts"
Les autorités estiment aujourd'hui à 40.000 le nombre de véhicules électriques en circulation au Népal. Une goutte d'eau au milieu d'une flotte totale de 6,2 millions.

Le premier bus népalais "propre" est apparu dans les rues de la capitale en 1975. Vingt ans plus tard, le gouvernement a ordonné le remplacement des tuk-tuks diesel par leur version "verte".

Pas assez toutefois pour enrayer l'inquiétante progression de ses émissions de carbone. En avril dernier encore, Katmandou a figuré pendant plusieurs jours dans le peloton de tête des villes les plus polluées de la planète...

Pour tenir en 2045 leur objectif de neutralité carbone, les autorités ont fait le pari de l'hydroélectricité.

Le Népal est parti de loin. Jusqu'en 2017, ses 30 millions d'habitants étaient régulièrement victimes de "délestage", parfois jusqu'à seize heures par jour pendant la saison sèche de l'hiver.

Grâce à de gros investissements, chinois et indiens notamment, le pays peut aujourd'hui se flatter d'être exportateur net d'électricité, notamment vers l'Inde et le Bangladesh voisins.

Sa production a été multipliée par quatre ces huit dernières années et 95% de sa population est branchée au réseau. D'une capacité de 3.200 mégawatts, les autorités ambitionnent de le muscler jusqu'à 30.000 mégawatts d'ici 2035.

Le directeur de l'Autorité népalaise de l'électricité, Kulman Ghising, l'assure, le "boom" de la voiture électrique est un plus pour l'économie du pays.

"Avant, nos importations de pétrole augmentaient chaque année de 10 à 15%. Désormais elles sont stabilisées", observe-t-il, évaluant à quelque 200 millions d'euros les économies déjà réalisées par le pays.

Inquiétudes
"Le potentiel des véhicules électriques est énorme", insiste M. Ghising, "car contrairement à l'Inde et au Bangladesh qui dépendent du charbon, l'électricité du Népal est totalement verte".

Mais les écologistes s'alarment de la course effrénée à l'hydroélectricité lancée par les autorités, qui viennent de donner leur feu vert à la construction de barrages dans les zones protégées (forêts et réserves naturelles).

Ces infrastructures sont en outre menacées par la recrudescence et violence des inondations et glissements de terrain causés par le réchauffement climatique, s'inquiètent-ils.

Enfin, relèvent les défenseurs de l'environnement, la stratégie du tout-véhicule électrique des autorités - l'objectif est de parvenir à un parc particulier "vert" à 90% en 2030 - ne prévoit encore rien en matière de recyclage, notamment des batteries.

Selon Greenpeace, 12,85 millions de tonnes de batteries, qui contiennent des produits dangereux recyclables seulement à des prix prohibitifs, seront mises à la décharge dans le monde de 2021 à 2030.

"Le gouvernement ne s'occupe de régler que les problèmes immédiats", regrette Nabin Bikash Maharjan, de l'association de recyclage Blue Waste to Value. "Il est grand temps qu'il en fasse une priorité, sinon cela va créer d'autres pollutions".

"Le recyclage n'est encore qu'en phase de test. Il faut se préoccuper des dangers que cette évolution pourrait créer", reconnaît aussi Govinda Lamichhane, du département de l'Environnement.

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Réactions

Ça ne vas jamais avec Greenpeace,ça doit être triste de vivre comme cela,bientôt comme Watson?

Z'etiez pas routard sur la Hippie trail vers Katmandou dans vot' jeunesse ?
;0)

Je m’interdis de parler du passé sinon chef Druide ‘va siffler et j’aurais un carton….nostalgia!!

Ca y est, je sais quel est le métier de Boison fûté, il est taxi au Népal !
Les deux premiers paragraphes ressemblent à une pub pour le VE.

Sinon, je croyais qu'il n'y avait que des 2CV à Katmandou.
Oh le vieux boomer fossile rétrograde !

Quel pays ! Et quelle gentillesse….incroyable,nostalgia

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