13/07/2022
Assurances auto : une offre en fonction des données de conduite patine en France
Par AFP
(AFP) - Une offre d'assurance automobile où la prime varie en fonction des données de conduite remontées par un boîtier installé dans la voiture : de telles initiatives peinent à s'imposer en France, frileuse sur le plan légal et culturel.
"La sensation d'être fliqué pour gagner cinq euros par mois, ça ne marche pas", assène dès le départ Christophe Dandois, patron de la néo-assurance Leocare. Pour le client, "le jeu n'en vaut pas la chandelle", les économies générées étant trop faibles pour justifier l'installation d'un mouchard envoyant vitesse, distance parcourue et style de conduite à son assureur.
La formule du "pay as you drive" (payer en fonction de votre conduite) n'est pas nouvelle en France. La compagnie Direct Assurance propose par exemple depuis 2015 une offre baptisée "Youdrive", qui va jusqu'à prendre en compte la qualité de prise de virages du conducteur pour ajuster sa prime au mois le mois. Elle reste cependant pudique sur son nombre de clients.
D'autres acteurs comme Groupama s'y sont essayés, avant de faire marche arrière.
Parmi les freins figure aussi en bonne place la réglementation "très stricte sur l'usage des données", souligne Axa France, qui ne se voit pas en l'état mettre sur pied une offre "fluide et satisfaisante" pour le client.
Le premier assureur français, par ailleurs maison mère de Direct Assurance, s'est cependant associé en décembre au constructeur automobile Stellantis, issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, pour proposer ce type de produit.
Le nouveau propriétaire d'un véhicule se voit attribuer à l'issue des six premières semaines un score de conduite basé sur quatre critères : accélération, freinage, vitesse et utilisation du véhicule (distance et durée), sans installation de boitier puisque le véhicule est déjà connecté.
Cette note déterminera le niveau de remise consenti sur le tarif initial, revu au bout d'un an.
"Safety score" de Tesla
Ce type d'offre peut être intéressant pour "un nouvel acteur" qui chercherait à se différencier des offres traditionnelles, estime un expert du secteur.
Ou un constructeur. Tesla teste depuis moins d'un an sa propre police d'assurance dans neuf états des Etats-Unis. Grâce aux données collectées directement par la voiture, un "score de sécurité" est calculé et détermine la prime du mois suivant.
"Vous effectuerez des paiements mensuels basés sur votre comportement au volant au lieu des facteurs traditionnels tels que le crédit, l'âge, le sexe, l'historique des sinistres et le dossier de conduite utilisés par les autres fournisseurs d'assurance", vante la société d'Elon Musk.
S'il peine à se développer en France, le concept "peut avoir un sens pour les jeunes conducteurs", reconnait toutefois Christophe Dandois. Ces derniers ne disposant pas d'antécédents de conduite, ils payent par défaut le prix fort.
Les offres ne développent par ailleurs qu'un volet bonus, jamais de malus.
Une appli qui vous veut du bien
"L'accidentologie des clients Youdrive est sensiblement plus basse, de l'ordre de -15%", avance auprès de l'AFP le directeur marketing de Direct Assurance Emmanuel Wehry, le dispositif incitant selon lui à conduire "mieux, plus calmement et moins".
D'autres pays voient émerger des offres comparables sur la santé, mais le principe de solidarité de l'assurance maladie obligatoire rend impossible leur mise en place en France.
L'assureur Generali s'y est pourtant essayé avec Vitality, un "programme de prévention" accessible aux salariés des entreprises qui y souscrivent. Gratuit et facultatif, il leur permet de gagner des points grâce aux activités effectuées, convertibles en chèques cadeaux.
Les pays alémaniques et francophones "sont encore des pays assez réfractaires à lancer ce type de solution", explique à l'AFP Manuel Heuer, directeur des opérations de Dacadoo, du fait "de la loi d'un côté, du système de santé existant et de la culture", allergique au "Big brother is watching you" (Big Brother vous surveille).
La plateforme de la start-up suisse gagne cependant de nombreux marchés, dernièrement avec de grands réassureurs comme SwissRe et HannoverRe.
L'intérêt ? Elle "vous chatouille, vous motive à vous maintenir" en forme et peut vous "aider à adopter des comportements un peu plus sains", vante M. Heuer