28/09/2021 - #Aston Martin , #Jaguar
Après le Brexit et la pandémie, coup de frein aux courses de voitures de collection
Par AFP
(AFP) - De l'absence des collectionneurs britanniques sur le continent aux difficultés des Européens à acheminer leurs voitures en Angleterre : les courses de voitures de collection, dans lesquelles excellent les Britanniques, ont subi cette année un sérieux coup de frein, débordées par le Brexit et la pandémie.
Le circuit de Goodwood, en Angleterre, a accueilli en septembre de nombreuses voitures anciennes à l'occasion de sa course annuelle consacrée aux véhicules rétros, mais une chose a surtout frappé les habitués: l'absence notable de nombreuses équipes européennes.
De l'autre côté de la Manche aussi, les choses ont changé. Comme d'autres collectionneurs dont la voiture est basée au Royaume-Uni, l'Argentin Calilo Sielecki et son Aston Martin DB3S de 1954 ne se sont pas rendus en avril au Grand prix historique de Monaco, qui a enregistré environ moitié moins de pilotes ou véhicules britanniques qu'en 2020.
"Nous n'y sommes pas allés parce que c'était compliqué à cause de la pandémie et aussi du déplacement des voitures", a-t-il confié à l'AFP au volant de son modèle, similaire à celui conduit par l'agent britannique James Bond.
Le passionné espère se rendre à Monte-Carlo l'année prochaine, mais craint que les conditions de transport "difficiles" ne constituent un obstacle trop grand. En cause : les nouvelles législations depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Impact négatif du Brexit
Les avis divergent concernant l'impact à long terme du Brexit sur les courses historiques et classiques, un marché économiquement précieux des deux côtés de la Manche.
"Il est trop tôt pour se faire un avis car tout est mélangé avec le Covid", a affirmé à l'AFP Carol Spagg, rédactrice en chef de Historic Motor Racing News, arguant que "les voitures n'ont pas autant traversé les frontières que d'habitude" à cause de la pandémie.
La spécialiste souligne qu'un nombre "raisonnable" de 106 collectionneurs basés au Royaume-Uni participeront la semaine prochaine au Spa-Classic de Francorchamps (Belgique), rendez-vous européen majeur des courses historiques.
Mais le Tour Auto, emblématique course de voitures anciennes qui part de Paris et traverse la France, n'a attiré ce mois-ci que trois pilotes basés au Royaume-Uni, contre 18 en 2019. "Il y a clairement un certain impact négatif du Brexit", affirme Patrick Peter, responsable des événements à Tour Auto, qui invoque un double coup dur avec le coronavirus.
Depuis le Brexit, "vous devez régler toutes sortes de papiers, c'est dommageable, surtout sur le continent", se lamente Hans Hugenholtz, Néerlandais vivant en Belgique qui possède plusieurs voitures de collection, dont sept qu'il fait courir régulièrement.
"On aime courir avec les Britanniques et contre eux. Mais sur le continent maintenant, la compétition est différente et c'est dommage", affirme-t-il, regrettant que désormais "certains des grands événements manquent de conduite compétitive".
Bureaucratie
Le collectionneur de 71 ans faisait partie des rares Européens présents à Goodwood, avec sa Lister-Jaguar "Costin" de 1959 et deux autres voitures. Il avait pour ce faire déplacer ses véhicules en Angleterre deux jours avant que le Brexit ne prenne effet, au 1er janvier, afin de minimiser les formalités administratives.
Car désormais, tout véhicule emmené par remorque - comme c'est le cas pour de nombreuses voitures anciennes non-immatriculées- nécessite de remplir de longs formulaires et de détailler chacun des centaines d'outils qui l'accompagnent.
Les propriétaires doivent également verser une caution pour garantir les droits de douane et les taxes, qui représente selon eux 40% de la valeur du véhicule, soit généralement des centaines de milliers de livres.
M. Hugenholtz espère alléger les démarches en faisant immatriculer ses voitures et en les conduisant lui-même par le tunnel sous la Manche, mais cela implique de coûteux travaux sur ces véhicules rétros. C'est pourquoi il exhorte Londres et Bruxelles à créer une exemption dans le nouveau système pour les voitures de collection, ces "oeuvres d'art".
Pour James Walker, dont la société expédie des voitures pour des courses, le secteur n'a pas encore été confronté à "toute l'étendue du Brexit", même s'il doute que "l'augmentation de la bureaucratie et des dépenses décourage les gens".
"Vous parlez de personnes très passionnées, (qui) aiment conduire dans les rues de Monte-Carlo", rappelle-t-il. "Est-ce que cela va vraiment vous rebuter à long terme ?".
Pour le moment, certains collectionneurs britanniques, comme Andrew Hayden, adoptent plutôt une approche attentiste. "C'est beaucoup de tracas et de coûts. Pour l'instant, c'est dans la case +trop difficile+", confie-t-il, espérant que "cela deviendra plus facile avec le temps".