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03/08/2023 - #Man , #Nissan

Adieu Lambert !

Par Jean-Philippe Thery

Adieu Lambert !
La 160SR. Elle est encore mieux avec les autocollants ! (Crédit : Nissan)

Aujourd’hui, on dit au revoir à Lambert, à sa voiture et à plein de filles charmantes.

"Oh, elle est trop jolie ! J’adore votre voiture !"

Moi, c’est surtout la jeune volontaire de la Croix-Rouge qui m’a abordé au feu rouge que je trouve trop jolie. Mais elle n’a d’yeux que pour mon auto, au point d’oublier de me tendre sa tirelire, m’évitant de devoir lui avouer que je n’ai pas un radis sur moi. Il faut dire qu’avec ses grands numéros sur les portières et ses bandes latérales, mon auto attire la sympathie des petits et des grands. "Maman, regarde la voiture de course" s’était ainsi exclamé quelques jours auparavant un gamin qui découvrait ravi, le faciès batracien de ma Nissan Micra rouge nacré.

Avant que vous ne commentiez mes pratiques en matière d’ornementation automobile, sachez que les autocollants en question étaient proposés en accessoire par le constructeur, même si je ne suis pas certain qu’ils aient fait progresser de façon significative le chiffre après-vente de Nissan France. Toujours est-il que le chef de gamme berlines se déplaçant en 4x4 avait sollicité à son alter ego des 4x4 roulant en Micra le prêt du véhicule de fonction afin de tester le rendu de ses adhésifs. S’il était initialement prévu de les retirer aussitôt, je choisissais néanmoins d’assumer la déco, n’ayant pas le courage de renvoyer Hélène - alors stagiaire, mais aujourd’hui une des VIP du constructeur- sur le parking du siège dont elle était revenue transie de froid après deux heures de collage hivernal. Et bien m’en a pris, puisque la nouvelle livrée de mon auto m’a valu l’attention d’une pupille d’Adriana Karembeu, qui était alors déjà marraine de la Croix-Rouge.

Si le feu n’avait pas viré trop rapidement au vert, je lui aurais volontiers expliqué (à la pupille, pas Adriana) qu’il s’agissait d’une version 160SR, non pas pour la puissance (j’aurais bien aimé) mais en raison de son quatre cylindres cubant 1.600 cm³, dont les 110 caniches déchainés procuraient un surcroît de performance bienvenu à ses 1.024 kg. Nul doute que ça l’aurait intéressée ! C’est d’ailleurs le même groupe motopropulseur que je retrouvai dans la version « C+C » qui remplaça la voiture rouge, un coupé-cabriolet qui devait à l’espace nécessaire pour accommoder le toit en dur une belle culotte de cheval, mais qui n’en n’avait pas moins une certaine allure en finition "Lolita Lempicka". Une vraie voiture de fille avec le logo de la couturière parisienne et une sellerie tout cuir beige à passepoil contrastant élégamment avec le noir métal de la carrosserie. Mais l’avantage des voitures de fille, c’est que ce sont justement les filles qui les regardent, qui furent plusieurs à me répéter elles aussi "elle est trop belle votre voiture !".

Un autre dont la Micra a attiré l’attention d’une jolie femme, c’est Lambert. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec son look de comptable pas forcément expert, l’homme au costard beige était loin de s’attendre à l’apparition de la pin-up au regard bleuté dirigeant ses talons aiguille droit vers lui sur le parking de supermarché où il chargeait les sacs des courses dans les 205 litres du coffre. "Vous êtes Monsieur Lambert ? J’ai beaucoup entendu parler de vous. Vous habitez seul ? Vous habitez loin ?  Alors on y va !". Et c’est donc au volant de l’auto de Lambert que le top-modèle entre dans le vif du sujet.  "il est content de sa Micra ? du répondant ? du confort ?". Bon, je vous la fais courte : ça finit par le coup de la panne, mais pas forcément celui que Lambert aurait souhaité. Reste que l’homme roule en Micra,  "une voiture exceptionnelle" conclut le film publicitaire et génial alors produit par Nissan France, et dont je ne résiste pas au plaisir de vous en communiquer le lien.

Si ma 160 SR était une K12, Lambert roulait lui en K11. La deuxième génération de la petite citadine offrait déjà une bouille rondouillarde et rigolote, bien que moins originale que celle qui devait la suivre. Mais en dehors de son look sympa et de sa propension à plaire aux mannequins, celle-ci disposait de sérieux atouts, offrant notamment pour un prix contenu une robustesse à nulle autre pareille, dont seuls les concessionnaires de la marque se plaignaient, puisqu’en dehors de l’entretien courant, elle ne fréquentait guère les ateliers. Et le succès fut au rendez-vous, même si le nom du modèle avait tout pour en faire un "case" de marketing désastreux. Parce qu’avouez que "Micra", c’est tout de même un drôle de vocable pour une auto, même si celle-ci prouva qu’en l’occurrence, quand le produit est bon, ça March. Pardonnez-moi le mauvais jeu de mot, qui fait tout de même une transition acceptable pour nous rappeler le nom du modèle sur son marché d’origine et d’autres situés hors Europe.

C’est d’ailleurs à la March que j’ai eu affaire à deux reprises au Brésil. D’abord celle qui n’a pas été, puisque la K12 exposée lors d’un test clinique dont j’avais la charge n’eut pas l’heur de plaire aux clients locaux. Et comme j’ai présenté les résultats à Louis Schweitzer et Carlos Ghosn venus en personne visiter le pays, l’affaire fut vite réglée. Mais l’étude elle-même m’a valu un moment plutôt amusant lorsqu’ayant enfin terminé d’installer la salle où il était prévu de l’exposer vers deux heures du matin, j’entreprenais de sortir le prototype du container dans lequel il nous avait été livré. A voir la tête déconfite de mes collègues l’observant alors que je manœuvrai, je cru que l’auto était cassée, alors qu’elle avait en fait été livrée en kit. Nous trouvâmes la calandre, les phares et les rétroviseurs ainsi que les autres pièces manquantes soigneusement rangées dans des cartons, avec plusieurs tubes de différentes colles dont nous imaginâmes qu’ils possédaient chacun leur utilité. Mais comme les instructions étaient en japonais, je montai au jugé ce qui constitue encore à ce jour la seule maquette à l’échelle 1 qu’il m’a été donné de construire.

La K13 fut en revanche industrialisée ultérieurement sur place, où je l’utilisai elle aussi comme voiture de fonction durant plusieurs mois chez Nissan do Brasil, en attendant la Sentra que j’avais commandée. Et si je n’allais pas refuser le standing du "Sedan" ainsi qu’on désigne les berlines tricorps de l’autre côté de l’Atlantique, devinez quelle était la plus rigolote à conduire. J’ai souvenir de trajets Rio-Porto Réal où se trouve l’usine qui les fabriquait pour certains marchés sud-américains, effectués à des allures dont je ne dirai rien même en présence de mon advogado, lequel aurait néanmoins pu plaider en ma faveur la nécessité de tester le modèle dont j’avais la charge en tant que chef de produit. Une fonction qui m’a valu de lancer la phase 2 dans les locaux d’une école de Samba, en présence de Daniela Mercury, chanteuse acclamée de "MPB" (Música Popular Brasileira). La March/Micra attire décidément les jolies femmes, y compris au Brésil.

Vous l’avez compris, j’en suis fan. Au point d’en posséder une bonne dizaine en pièces détachées, dans des boites en carton. Evidemment, je fais allusion à des maquettes en plastique à l’échelle 1/24e, produites par Fujimi -spécialiste nippon du genre- et disponibles en plusieurs versions, entre celles d’entrée de gamme, les dérivés sportifs Nismo (Nissan Motorsport), ou le modèle pompier de la K12 du plus bel effet en rouge vif avec idéogrammes et une rampe de gyrophares trop grande pour elle. Et puis, il y a celle que je rêve d’abriter dans mon garage, la M13 préparée sur base K11 par le célèbre tuner japonais Tommy Kaira, superbe avec sa calandre ovale qui lui donne l’air étonné, sa bande gris métal courant du bouclier avant à celui de l’arrière en passant par le capot et le toit et ses petites jantes tôle genre racing. Sans oublier que le ramage accompagne le plumage avec les 160 chevaux délivrés par son 1.300 cm³ auquel on a greffé un turbo.

Alors autant vous dire que je n’ai pas trouvé ça drôle quant Nissan a annoncé il y a peu que la Micra s’arrêtait, et que la K14 n’aurait pas de descendante. On pourrait d’ailleurs accuser la dernière itération en date d’avoir causé la perte du modèle, Nissan ayant avec elle succombé au chant des sirènes de la montée en gamme. Plutôt bien dessinée, et pouvant se targuer d’être fabriquée à Flins aux cotés de la Clio dont elle partage la plateforme, la 4e génération semblait donc promise à une carrière brillante, mais ne concrétisa pas les espoirs placés en elle. Il semblerait en effet que Lambert n’ait pas retrouvé en elle l’auto sympa et bien positionnée en prix avec laquelle il faisait les courses, avec juste ce qu’il faut d’originalité pour attirer la sympathie des belles blondes.

Mais il serait sans doute injuste de rendre Nissan seule responsable de l’infortune de la Micra, puisque les modèles citadins ont dernièrement tendance à disparaitre des catalogues des constructeurs, victimes de normes de plus en plus drastiques qui en ont fait exploser les coûts de production. Une sévérité bénéfique en apparence seulement, puisqu’allant en fait à l’encontre du but recherché en mettant ces autos-là hors de portées des bourses les plus modestes, dont les détenteurs doivent désormais se tourner vers l’occasion. Et si je reste un fervent partisan du progrès technique, il me semble que des standards moins contraignants pour les citadines seraient au final bénéfiques pour la sécurité et les émissions polluantes en permettant à un plus grand nombre d’accéder à une voiture neuve. Mais j’en vois d’ici monter sur leurs grands chevaux en évoquant une ségrégation à caractère économique, et je ne me fais guère d’illusion sur l’accueil que recevrait une telle proposition si quelqu’un osait la porter.

Alors adieu Lambert.

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Réactions

Je suis arrivé chez Nissan France en 1995, en pleine affaire Lambert. La pub géniale et efficace battait son plein et des dizaines de Lambert écrivaient aux relations clients pour se plaindre qu'on utilisait leur nom sans leur accord dans une promo dégradante (pour eux) et demandaient soit de cesser cela, soit de leur envoyer une compensation financière, voire carrément une Micra, car du coup ils faisaient de la pub pour le marque ! Ben tient !
Lambert qui roulait dans une K11 "Mk1" auraient dit les Anglais de Sunderland en contrevenant et anglicisant la dénomination interne, celle avec les petits phares d'avant le facelift de fin 97.
Cette bagnole était géniale et une vraie réussite, voiture de l'année en Europe et au Japon, bonne bouille et surtout premiers 16 soupapes sous le capot d'une petite citadine. Et quels moteurs, avec une santé incroyable et une fiabilité très remarquable. Dans les grandes descentes de l'autoroute A4 le compteur des versions 1.3l passait allègrement les 200 compteur... Ce qui avait disparu avec les "MK2 et 3" qui avaient été équipées d'une coupure d'injection à 190 km/h ! (Quelle déception !)
Voiture de l'année qui avait généré une erreur de marketing comme je l'ai déjà exprimé ici, la décision ayant été prise d'augmenter immédiatement ses prix de 8% pour fêter cela, ce qui avait donné une chute des ventes sensible et un mécontentement des concessionnaires qui dans leur bonne logique de terrain rappelaient que quand tout va bien, il ne faut toucher à rien...
Et ensuite ce fut le drame avec la K12 qui était moche, ou trop en avance sur son temps avec cette mode de design arrivant chez les constructeurs qui consistait à faire toucher les phares avec la pare-brise...
;0)

Je préfère la Mini, la vraie. Sans doute moins fiable, quoique, et tellement marrante, surtout avec son 1300 cm3 ; mais on s'en fout.
Ce qui me navre c'est la disparition progressive et, semble-t-il (comme disent les journalistes) inéluctable des citadines de petite taille.
Quand je pense que la 2CV, la 4CV, l'Austin/Morris Mini, la Fiat 500, la Cox, etc. ont fait la réputation et la fortune de tous ces constructeurs en se vendant à des millions d'exemplaires, c'est effarant d'en être arrivé à tuer ce marché à cause de normes plus crétines les unes que les autres.
Pauvre M. Lambert. Mais Renaud nous a prévenu : faut pas gonfler Gérard Lambert quand y répare sa mobylette...

... Merci à Luc pour ses anecdotes nissanniennes et à Jean Philippe pour ce focus sur la K11, K12 et 160 SR prétextes à de savoureux souvenirs ...

Quant à l'ineffable Monsieur LAMBERT ... Une campagne de pub "cultissime" avec la Micra qui bousculait un tantinet la masculinité, au moins, du précité aux côtés d'une "sex bomb".

Nous sommes loin de la pitoyable campagne d'Audi France, qui date pourtant des mêmes années Celle qui distillait sur un ton de banquier : "il a une Audi, il aura la Femme" ou quelque chose de ce genre ...

A L'ère des E tron ... je serai curieux de connaître l'avis du talentueux Marc Ouayoun (actuel DG d'Audi France) sur cette campagne un rien navrante .
Une autre époque ? ... Que dire d'autre !
;0)

Je viens de retrouver sur le net la parodie de journal people qui avait été le top de la campagne "Lambert" pour la Micra.
J'avais adoré le "Son succès avec les femmes l'a conduit à prendre une Micra 5 portes"
A savourer ! La période logo "Hamburger" de Nissan fut une très grande période.
http://www.auto-pub.net/page_Nissan_Micra_Voici.htm
;0)

Merci pour la délicieuse pub de Lambert en K11 ! En fait c'est bien la bouille de la K12 - la première sur base commune Renault-Nissan- que je préfère, et je soupçonne le designer qui l'a créé d'être un fan de la Fiat 500, tellement j'y retrouve des évocations de la petite italienne des sixties.

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