24/02/2025
A Washington, l'UE en visite pour apaiser les tensions commerciales naissantes
Par AFP
(AFP) - Le commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique Maros Sefcovic a conclu jeudi une visite de trois jours à Washington dont le but premier était d'apaiser les tensions commerciales naissantes entre les deux côtés de l'Atlantique, attisées par les menaces de droits de douane agitées par Donald Trump.
Une visite qui se voulait l'occasion d'"apprendre à se connaître" avec le nouveau secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, "qui vient juste d'entrer en fonction". "J'ai pris les miennes en décembre", a noté Maros Sefcovic, commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique.
Mais il s'agissait avant tout de rappeler l'importance des échanges commerciaux entre les États-Unis et l'Union européenne (UE), alors que les entreprises européennes "emploient plus de trois millions de personnes aux États-Unis".
M. Sefcovic a répondu en particulier au président américain, qui accuse l'UE d'être "injuste" envers les États-Unis, pointant pour preuve le déficit commercial américain vis-à-vis des 27 États membres.
"Il est exact que nous avons un surplus d'environ 150 milliards de dollars sur les biens. Mais les États-Unis disposent d'un surplus assez significatif, de plus de 100 milliards, sur les services, cela vient donc quasiment se compenser", a détaillé M. Sefcovic.
"Nous parlons ici d'environ 50 milliards d'euros de déficit (américain) dans nos relations commerciales, sur un total de 1.600 milliards de dollars, je ne pense pas que ce soit quelque chose que nous ne pouvons pas surmonter", a-t-il insisté.
Il a en revanche démenti le fait que l'UE avait prévu d'abaisser les droits de douane imposés sur les automobiles américaines, comme l'a assuré en début de semaine le Président Donald Trump, ouvrant néanmoins la porte à la possibilité que cela se produise dans le futur.
"Nous avons en effet des droits de douane élevés sur les véhicules personnels. Mais les États-Unis protègent de leur côte le marché du pick-ups et des camions, avec jusqu'à 20% à 25% de taxes. Si vous voulez de la réciprocité, elle doit être bénéfique pour chacun", a insisté M. Sefcovic.
Mais "nous sommes tout à fait prêts à voir comment abaisser les taxes à l'importation sur l'ensemble des produits parce que je pense que cela sera bénéfique pour les entreprises et les consommateurs de part et d'autre de l'océan", a-t-il assuré.
Le commissaire européen en a profité pour rappeler que les échanges commerciaux entre les deux rives de l'Atlantique représentaient "plus de 30% du commerce mondial", soit "l'artère commerciale la plus importante de la planète".
Ne pas se cibler l'un l'autre
"Si nous ne parvenons pas à nous entendre, cela aura un impact énorme et des effets négatifs sur l'ensemble de l'économie mondiale. Nous nous concentrons sur le fait de trouver une issue positive" aux tensions commerciales naissantes entre Washington et Bruxelles, a-t-il ajouté.
Alors que Donald Trump a également annoncé des droits de douane sur l'acier et l'aluminium, effectifs au 1er mars, Maros Sefcovic a appelé le président américain à "ne pas se cibler l'un l'autre" sur ces produits, rappelant que la production européenne "très spécialisée" était "nécessaire aux entreprises américaines".
Le responsable européen a au contraire appelé à se concentrer sur "la surcapacité de production, de plus de 600 millions de tonnes" d'acier et d'aluminium, pointant du doigt la Chine sans la citer.
"Je pense que si nous travaillons ensemble sur ces questions de surcapacités (...) cela serait bénéfique pour chacun d'entre nous", a-t-il affirmé.
Le président américain a enchaîné une série d'annonces concernant les droits de douane, qu'il avait assuré, durant sa campagne, vouloir imposer sur l'ensemble des produits entrant aux États-Unis, notamment pour financer les baisses d'impôts qu'il entend prolonger et accentuer.
Il a visé en premier lieu le Canada et le Mexique, deux des principaux partenaires commerciaux des États-Unis théoriquement protégés par un accord de libre-échange négocié durant son premier mandat, leur imposant 25% de droits de douane le 1er février, avant de les suspendre pour un mois.
Dans le même temps, Donald Trump a imposé 10% de droits de douane, en plus de ceux déjà existants, sur les produits en provenance de Chine.
L'étape suivante consiste désormais dans la mise en place progressive de droits de douane "réciproques", c'est-à-dire imposant aux produits en provenance d'un pays le même niveau de taxation à l'entrée que celui appliqué par ce pays sur les produits américains y arrivant.
Mercredi soir, Donald Trump a ciblé un secteur supplémentaire, annonçant qu'il imposerait "le mois prochain ou même avant", 25% de droits de douane sur les produits issus de la sylviculture.