12/01/2022
Vélo : des sénateurs relancent la bataille du casque obligatoire
Par AFP
(AFP) - Une proposition de loi qui doit être discutée jeudi au Sénat propose de rendre obligatoire le casque à vélo, une mesure inspirée par la forte croissance du nombre de cyclistes depuis la pandémie, mais déjà condamnée comme contre-productive par la plupart des représentants du secteur.
Alors que la pratique du vélo explose, un groupe de sénateurs centristes menés par François Bonneau propose de rendre le casque obligatoire pour "tout conducteur d'un véhicule à une ou plusieurs roues, qu'il soit à moteur ou à assistance électrique, ainsi qu'à tout conducteur de cycle", sous peine d'une amende de 135 euros.
Le casque est d'ores et déjà obligatoire à vélo pour les enfants de moins de 12 ans, et pour les utilisateurs de trottinettes hors agglomération.
"Près de deux tiers des cyclistes mortellement accidentés avaient 55 ans et plus en 2019" et "le traumatisme crânien est la cause principale de décès chez les cyclistes", souligne le sénateur dans sa proposition.
"Il semble que ce soit une fausse bonne idée", a réagi Françoise Rossignol présidente du Club des villes et territoires cyclables, mardi lors d'une conférence de presse. "Pour qu'il y ait plus de vélos, il ne faut pas mettre de frein à la pratique".
"La sécurité est liée à la vitesse des autres véhicules, à la visibilité (des vélos), et à un nombre d'aménagements indispensables pour la sécurité sur le parcours", a souligné Mme Rossignol.
Les associations sont unanimes : la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) est elle aussi "résolument opposée" à toute loi qui interdirait de circuler à vélo sans casque, indique-t-elle sur son site. Seul un tiers des cyclistes le porte pour le moment, selon l'Observatoire de la Sécurité routière.
"Arrêtons d'emmerder les Français"
La commission des lois du Sénat n'a pas adopté la proposition de loi, soulignant que l'obligation du port du casque ne relève pas de la compétence du législateur mais est d'ordre règlementaire, et dépend donc du gouvernement.
Selon le rapporteur du texte, le sénateur Jérôme Durain (groupe socialiste), "il faut trouver un équilibre entre volontarisme et prudence, compte tenu de l'intérêt du port du casque d'une part, et du risque de décourager la pratique d'autre part".
La commission a cependant invité le gouvernement à envisager de rendre obligatoire le port du casque au moins pour les trottinettes électriques, hoverboards et gyropodes. "Le danger de circuler à bord de ces engins est avéré, et les utilisateurs semblent y être favorables", souligne le rapporteur.
Par ailleurs, la possibilité d'immobiliser ou de mettre en fourrière un vélo ou une trottinette en cas de non port du casque a été jugée "disproportionnée", "complexe et coûteuse" par la commission.
"Les études étrangères qui se sont intéressées aux modifications de comportements suite à l'obligation du port du casque concluent toutes à une diminution du nombre de cyclistes, souligne la FUB, citant les exemples du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. En revanche, le nombre de blessés ne diminue pas autant que l'on s'y attendait", poursuit l'association.
En France, l'idée n'est pas nouvelle : proposée plusieurs fois aux parlementaires, elle avait été rejetée par l'Assemblée nationale, en 2019, au terme de vifs débats et avec une majorité LREM divisée.
"Les Français en ont marre qu'on leur impose des obligations", avait lancé Elisabeth Borne, alors ministre des Transports. "On recommande le port du casque et chacun prend ses responsabilités".
"Arrêtons d'emmerder les Français", l'avait appuyé Bruno Millienne, corapporteur MoDem, estimant qu'avec un casque on pouvait se sentir faussement "plus en sécurité".