16/12/2021 - #Mg
Royaume-Uni : l’inflation record suscite des craintes sur le pouvoir d'achat
Par AFP
(AFP) - L'inflation a de nouveau accéléré au Royaume-Uni en novembre, se hissant à 5,1% sur un an, au plus haut en dix ans, suscitant des craintes pour le pouvoir d'achat et mettant la pression sur la Banque d'Angleterre.
La hausse des prix à la consommation en novembre, notamment tirée par l'envolée du prix des carburants, est la plus forte depuis septembre 2011, a annoncé mercredi l'Office national des Statistiques (ONS) dans un communiqué.
L'inflation avait atteint 4,2% sur un an en octobre, déjà en forte hausse par rapport au chiffre de 3,1% affiché un mois plus tôt.
"Les prix des carburants ont considérablement augmenté", ceux de l'essence notamment sont à "leur plus haut jamais vu", explique Grant Fitzner, économiste en chef de l'ONS, sur Twitter. Mais la hausse des prix touche "un large éventail" de catégories : vêtements, nourriture, voitures d'occasion ou taxes sur le tabac.
"Le coût des marchandises produites par les usines et le prix des matières premières ont continué d'augmenter fortement, au rythme le plus élevé depuis au moins douze ans", a ajouté M. Fitzner.
"Les ménages s'apprêtent à vivre le Noël le plus difficile depuis près d'une décennie. De nombreuses familles auront du mal à faire face au coût de la vie, sans parler des célébrations" de fin d'année, s'alarme mercredi la fédération de syndicats britanniques TUC, qui réclame "un plan urgent du gouvernement de revalorisation des salaires réels".
Face à la hausse des prix, des négociations salariales musclées et même des menaces de grèves avant Noël fleurissent dans de nombreux secteurs, de l'industrie automobile aux éboueurs en passant par la grande distribution.
Le syndicat britannique Unite appelle mercredi à une hausse des salaires "au moins égale à l'inflation" faute de quoi les salariés "seront confrontés à une baisse catastrophique de leur niveau de vie".
Mardi soir, la menace d'une grève de milliers de chauffeurs poids-lourds et d'employés de dépôts chez le géant britannique de la grande distribution Tesco a été suspendue après des offres de hausses salariales améliorées de la direction.
Dilemme de la Banque d'Angleterre
"Nous savons à quel point la hausse de l'inflation peut-être difficile pour les famille et les ménages", a réagi mercredi le ministre Britannique de l'Economie Rishi Sunak dans un communiqué, rappelant que "4,2 milliards de livres" de mesures de soutien sont prévus par le gouvernement pour les plus modestes.
La hausse des prix va se poursuivre dans les mois qui viennent, préviennent les économistes.
Les perturbations des chaînes d'approvisionnement "pendant la période cruciale de Noël, associées à une hausse des délais de livraison pourraient pousser l'inflation à 5,6% en décembre" et à plus de 6% en avril, selon Yael Selfin, économiste chez KPMG.
La Banque d'Angleterre (BoE) fait face à un dilemme, inquiète de cette inflation largement au-delà de son objectif de 2%: le marché attend de savoir si elle se décidera jeudi à augmenter ses taux d'intérêt pour tenter de calmer la hausse des prix.
Mais le variant Omicron a fait son apparition et les économistes, qui tablaient auparavant sur un resserrement de la politique monétaire, estiment désormais que la BoE devrait finalement encore attendre pour éviter de gripper une économie britannique affectée par le nouveau variant.
Les hausses des prix de l'essence, des taxes sur le tabac ou des vêtements sont liées à "des facteurs ponctuels", mais "il y a des indices que les hausses de prix sont persistantes" dans d'autres domaines comme la nourriture et les voitures d'occasion, estime Paul Dales, de Capital Economics.
Si la situation donne à la Banque d'Angleterre "suffisamment d'arguments pour relever les taux d'intérêt (jeudi), nous pensons toujours qu'elle devrait attendre d'en savoir plus sur la situation d'Omicron", a-t-il ajouté.
Car l'activité économique britannique montrait déjà des signes de faiblesse avant l'apparition du variant : la croissance a stagné en octobre à 0,1% après avoir déjà ralenti au troisième trimestre, et l'activité reste à 0,5% sous son niveau d'avant la pandémie.