17/05/2024
Robotaxis : la France peut encore rattraper son retard, selon France Stratégie
Par AFP
(AFP) - La France pourrait encore rattraper le retard accumulé par rapport à la Chine et aux Etats-Unis dans le domaine des voitures et taxis autonomes, mais il faudra collaborer avec les cadors du secteur, selon une note publiée jeudi par France Stratégie.
Depuis 2012, une centaine de milliards d'euros ont été investis en recherche et développement sur la conduite autonome, presque exclusivement en Chine et aux États-Unis, selon la note de cette institution rattachée au Premier ministre.
La Chine a fait une priorité nationale du développement de la conduite de niveau 4 (sans conducteur dans la plupart des conditions de circulation), tandis que la Californie est devenue un centre d'expérimentation pour de nombreuses start-up.
Waymo, filiale d'Alphabet (la maison mère de Google), fait déjà circuler 250 robotaxis à San Francisco et a été autorisée à étendre son exploitation nuit et jour sans agent de sécurité à bord, à une vitesse maximale de 105 km/h.
Ces trajets restent surveillés à distance et la plupart de ces sociétés (comme Apollo ou AutoX en Chine) entendent désormais quitter la phase de recherche pour engranger les premiers profits. L'idée est de proposer à moyen terme une offre massive de taxis autonomes, avec des trajets à prix cassés. Dans ce contexte, "sauf accident majeur", l'expansion s'annonce rapide et l'Europe risque d'avoir à affronter une "offensive commerciale" sino-américaine sur les robotaxis.
Pour résister, les Etats et entreprises d’Europe vont devoir soutenir davantage le lancement d'entreprises dans le secteur et renforcer la recherche sur la conduite autonome. Cette riposte passera par des collaborations entre eux, mais aussi avec des acteurs chinois ou américains.
"Il suffirait de pas grand-chose pour que, avec des collaborations, un écosystème ne se crée en France d'ici 2030", en s'appuyant sur les compétences du pays en ingénierie et en intelligence artificielle, souligne l'ingénieur Hervé de Tréglodé, coauteur du rapport de France Stratégie avec l'économiste Jincheng Ni.
Les entreprises chinoises comme américaines sont très bien financées car elles prévoient "une véritable disruption dans l'industrie automobile". Des taxis en abondance pourraient pousser les automobilistes à abandonner leur véhicule individuel, plus cher, moins sûr et moins confortable à l'usage.
L'Europe, de son côté "met l'accent sur le transport collectif", et sa réglementation plus exigeante freine les expérimentations, souligne M. de Tréglodé. Les bus et les navettes autonomes sont d'ailleurs presque devenues "une spécialité française", avec des sociétés comme Gama ou EasyMile.