20/11/2023
Marelli : débrayage à Argentan pour "peser sur les négociations" avant la fermeture du site
Par AFP
La "totalité" des 167 salariés de l'usine Marelli d'Argentan (Orne) ont débrayé jeudi afin de faire pression sur les négociations en cours avec la direction en vue de la fermeture du site, a-t-on appris auprès des syndicats.
L'équipementier automobile Marelli a annoncé en octobre la fermeture prochaine de deux usines, à Argentan (Orne) et Saint-Julien-du-Sault (Yonne), soit la suppression de près de 300 emplois.
"Les négociations ont avancé (par rapport aux journées précédentes de négociations, ndlr) parce qu'on a bloqué l'usine, même si la négociation est loin d'être terminée", a déclaré le porte-parole de l'intersyndicale (CGT, CFDT et CFE-CGC).
"Ce sont des négociations difficiles, mais on le fait pour les salariés. On aimerait s'en passer, mais on est obligés d'imposer un rapport de force", a ajouté le syndicaliste.
Jeudi matin, une centaine de salariés se trouvaient dans la cour de l'usine, regroupés derrière une banderole pour accueillir le représentant du PDG du groupe Marelli et les membres de la direction : "Marelli : combien vaut pour KKR (la holding propriétaire de Marelli, NDLR) la suppression 167 emplois ???".
Depuis le 12 octobre, syndicats et direction négocient chaque jeudi le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en vue de la fermeture du site le 31 janvier 2024.
"Où est-ce que je vais travailler ? Avec leur retraite à 64 ans je vais devoir travailler pendant 10 ans, mais il n'y a plus de travail ici", s'est inquiétée Nathalie Garcia Colin, 53 ans, ouvrière usinage, les larmes aux yeux. "On a accepté de passer de 35 h à 38,75 h payées 35 et en ne nous payant plus pendant les pauses. C'était pour être compétitifs ", a-t-elle rappelé.
L'intersyndicale a demandé un alignement sur les accords de fermeture négociés par KKR en Italie, soit 36 mois de salaires.
Sur le site de Saint-Julien-du-Sault, la grève lancée le 9 novembre a pris fin mercredi, suite à un accord conclu la veille entre la direction et les syndicats CFTC et CFDT.
Les syndicats à Saint-Julien n'ont pas souhaité révéler les termes de cet accord, confirmé par la direction.
Ils ont dénoncé une délocalisation de la production prévue "de longue date", les pièces produites à Saint-Julien le seront dorénavant sur des sites marocain et espagnol, selon les syndicats, qui ont critiqué des "licenciements spéculatifs" de la part du groupe détenu par le fonds d'investissement américain KKR.